La Plaine, le samedi. Le marché prend toute la place et encore plus. On se bouscule, un peu, pour se saluer ; on se laisse aller au gré des trouvailles, on glane quelques histoires. Ailleurs on boit un verre sur une terrasse, on échange les nouvelles, des tuyaux et les bons plans. Il y a des soirs de match, des jours de fêtes, certaines nuits où la même vie foisonne dans la rue. L’espace public prend sens à Marseille, tout ceci n’est pas encore une formule creuse.
On est bien loin des rues aseptisées de certains quartiers. Là où les boulevards ne sont que points de passage obligés entre boulot et appart, appart et supermarché. Mais apparemment c’est cette vie-là qu’ils voudraient nous voir mener. La mairie, la préfecture voudraient un Marseille plus lisse où le tumulte serait réduit jusqu’à devenir simple argument publicitaire.
Pour parvenir à leur but, ils ont une nouvelle solution : l’installation de quarante caméras sur le quartier et la présence d’incessantes patrouilles.
Avec le petit prétexte de réduire la délinquance, c’est une nouvelle ambiance qui est installée.
La discussion au café, sur les marches du Cours Ju, qui on croise, qui on voit, l’affiche qu’on colle, nous voilà potentiellement épiés, contrôlés. Derrière le malaise d’être observés, il y a celui, plus profond, d’être jugés par un œil étranger.
L’attroupement après un concert, un match autour d’un bœuf improvisé, il n’y voit que du bruit, de la gêne ou du trafic. Là où deux personnes se disputent, il voit la bagarre à couteaux tirés. Pour eux d’incessants potentiels débordements à gérer.
Conscients de ce regard posé sur nous. Nous faudrait-il changer, de façon volontaire, nos habitudes ? Devrions-nous adapter nos comportements à l’idée qu’ils se font de la norme ?
Sur ce point, soyons prêts à les décevoir !
Retrouvons l’anonymat et fêtons-le avec masques et paillettes !
Trouvons dans la joie, les gestes qui nous manquent.
Renversons les règles dans un joyeux charivari.
Amenons musique et feux de joie, casseroles et chamboul’tout, costumes et drapeaux !
RDV samedi 17 décembre pour une première manifestation,
à 11 heures en bas du cours Julien (côté Lycée Thiers).
Marseille Infos Autonomes, 9 décembre 2011.