Ferguson s’embrase à nouveau après la remise en liberté du policier incriminé
La ville de Ferguson, dans le Missouri, attendait cette décision depuis trois mois et la mort de Michael Brown, un jeune Noir tué par la police. Elle est tombée, lundi 24 novembre.
Darren Wilson, l’officier accusé, ne sera pas poursuivi. Il n’aura pas à répondre de ses actes devant la justice, a annoncé le grand jury chargé de trancher sur la question. Les douze jurés, dont l’identité ne sera pas révélée, « ont déterminé qu’il n’y a pas de raison suffisante d’intenter des poursuites contre l’officier Wilson », a expliqué le procureur Robert McCulloch.
La famille du jeune homme s’est immédiatement dite « profondément déçue que le meurtrier de [leur] enfant n’ait pas à être confronté aux conséquences de ses actes » selon un communiqué révélé par leur avocat.
COMMERCES PILLÉS ET INCENDIÉS
Cette décision a été accueilli par la colère de centaines de manifestants, rassemblés à proximité du siège de la police de Ferguson.
Tandis que Barack Obama appelait au calme à la télévision, la police tiraient des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Une partie des personnes présentes se sont attaquées à des commerces, qui ont été pillés et incendiés, comme le montrent des photos prises par des personnes sur place.
La police, qui affirme avoir été la cible de tirs, a vu au moins deux de ses voitures incendiées.
Ce scénario était celui redouté par la ville, qui avait déjà connu des nuits d’émeutes. Le maire de la ville a interdit les vols au-dessus de la ville pendant six heures. Prévoyant ces débordements, le gouverneur du Missouri avait décrété l’état d’urgence, mobilisé la garde nationale et renforcé les effectifs de police, a prévenu que les forces de l’ordre auraient recours à tous les moyens disponibles « si les gens sont violents ou menacent la propriété privée ».
Après l’annonce de la remise en liberté du policiers, de nombreuses manifestations ont été organisées dans plusieurs grandes villes du pays, de New York à Los Angeles.
UNE ENQUÊTE FÉDÉRALE SE POURSUIVRA
Depuis le 9 août, date de la mort par balles de Michael Brown, deux versions s’opposent sur le scénario de la dispute. Le policier Darren Wilson affirme avoir agi en légitime défense après avoir été frappé par le jeune homme qui aurait tenté de prendre son arme.
L’homme qui accompagnait Michael Brown affirme, lui, que ce dernier a été tué de sang-froid par le policier, alors qu’il avait les mains en l’air.
Pour tenter d’éclaircir les circonstances de l’altercation et le déroulement des événements, le grand jury a entendu une soixantaine de témoins, 70 heures durant, examiné des centaines de photos et d’éléments à charge et écouté trois médecins légistes. Il en a conclu qu’aucun élément ne permettait d’inculper le policier, évoquant des témoignages qui ne correspondaient pas aux preuves physiques, et notamment à l’autopsie pratiquée sur la dépouille de Michael Brown.
Parallèlement, une enquête fédérale sur l’affaire se poursuit, « elle est indépendante par rapport à l’enquête locale depuis le début et le restera », a cependant déclaré le ministre de la justice américaine, Eric Holder.
Publié par le savoir-faire français (leur Monde, 25 novembre 2014)