Syrie. La prise d’al-Qouseïr contestée par les révolutionnaires et l’ASL
Les Forces révolutionnaires d’al-Qouseïr actives sur le terrain ont nié formellement l’information colportée par les chaines de télévision concernant la chute d’al-Qouseïr. Elles ont publié un communiqué commun dans lequel elles affirment contrôler encore la plus grande partie de la ville. Elles ont également déploré les réactions négatives provoquées par la déclaration hâtive de la Coalition.
Selon l’activiste Hani al-Abdallah, les combats d’al-Qouseïr sont toujours intenses et la vie de milliers de ses habitants y est en danger. Il a expliqué que la destruction de la zone dans laquelle les révolutionnaires s’étaient retranchés après l’avoir fortifiée les avait contraints à effectuer un mouvement de repli. Les bombes qui l’avaient détruite étaient d’un modèle qu’ils n’avaient encore jamais vu. Mais les révolutionnaires n’avaient abandonné aucun bâtiment avant qu’il ait été totalement détruit. Ils étaient parvenus à transporter tous les blessés à l’extérieur d’al-Qouseïr, où ils se trouvaient désormais en sécurité mais sans vivre ni médicaments. Il fallait que la communauté internationale intervienne au plus tôt pour prévenir le massacre qui menaçait la ville.
Un dirigeant de terrain a pour sa part déclaré que le repli effectué par les révolutionnaires était tactique. Il visait à attirer les milices du Hizbollah à l’intérieur de la ville et à rechercher l’affrontement avec eux, de manière à profiter de l’interruption des bombardements pour évacuer blessés et civils.
Ces informations ont été globalement confirmées par le Commandement conjoint de l’Armée Syrienne Libre. Il a affirmé, dans un communiqué urgent diffusé le 6 juin, que « peu avant l’annonce de sa « libération », le centre de la ville d’al-Qouseïr a subi un bombardement intense. Les missiles, les obus et les bombes, qui s’abattaient à la cadence de 50 projectiles par minute, ont contraint ses habitants et les forces de l’ASL à évacuer certains secteurs. Les éléments du Hizbollah et les chabbiha du régime ont profité de ce déluge de feu pour s’infiltrer dans la ville, depuis les axes sud et nord. Certains d’entre eux se sont dirigés vers le centre-ville. Les journalistes qui les accompagnaient sont à l’origine de l’opération de désinformation qui a suivi, destinée à égarer les opinions publiques, à altérer la confiance des révolutionnaires et à rehausser le moral des partisans du régime, affecté par les pertes dans ses rangs et dans ceux du Hizbollah. Nous dénonçons cette manœuvre. Nous affirmons qu’al-Qouseïr n’est pas tombée. Des combats acharnés s’y poursuivent. L’ASL et les habitants de la ville lutteront jusqu’au bout pour la défendre, en repousser les agresseurs et libérer la totalité du territoire syrien ».
En attendant que les jours à venir permettent de démêler le vrai du faux, on notera que, selon le site All4Syria, des chabbiha et des membres de la communauté alaouite se sont empressés de célébrer la « libération » de la ville à leur manière. Paraissant avoir accompli un exploit plus prestigieux que la récupération du Golan syrien occupé, ils ont distribué des bonbons dans les rues de la capitale, devant les caméras de la télévision officielle. Par crainte des coups ou de l’emprisonnement, les passants ont accepté ce qu’on leur tendait. Mais le mécontentement pouvait se lire sur le visage de nombre d’entre eux pour la grossièreté de ce comportement.
Ignace Leverrier, blog « Un œil sur la Syrie », syrie.blog.lemonde.fr, 6 juin 2013