La vie dans les petites cabanes de Notre-Dame-des-Landes
Depuis la mi-novembre, les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont construit une cinquantaine de cabanes en bois, réparties en petits hameaux, pour occuper le terrain de 1650 hectares censé accueillir le futur aéroport.
La construction des cabanes débuté à la mi-novembre après que les forces de l’ordre ont pratiquement rasé tous les squats installés par les opposants durant deux ans d’occupation.
Avant les importantes mais vaines tentatives d’expulsion de l’automne, les opposants n’étaient que 150 à se relayer sur place. Ils sont désormais 300 à occuper le terrain, attendant, déterminés, toute nouvelle tentative de les déloger.
Mardi, le tribunal de Saint-Nazaire a autorisé l’expulsion d’une dizaine de cabanes bâties dans deux clairières, au centre de la zone d’occupation formant un hameau baptisé « La Chataigne ».
Les opposants espèrent cependant que la décision du tribunal ne sera pas exécutée avant la restitution du rapport de la commission de dialogue, attendu en avril. Mais entre le froid et le filtrage permanent des accès par les gendarmes beaucoup s’étonnent d’être encore si nombreux dans la zone d’aménagement différé (ZAD) devenue leur « zone à défendre ».
« Beaucoup de gens ont accepté de vivre dans des conditions complètement folles pour soutenir ce combat », estime Sophie, militante anticapitaliste installée ici depuis près de deux ans.
« Je suis arrivé en janvier, c’est la première fois que j’ai un endroit où je peux envisager de me poser, d’avoir une base », assure Nox, 23 ans, qui fait le tour de l’Europe des communautés militantes. Sa petite cabane « deux places », est chauffée par un poêle à bois fait avec un bidon.
Parmi les nouveaux arrivants sur la « ZAD », il y a « des étudiants qui ont décidé d’interrompre leurs études pour nous rejoindre, d’anciens ‘indignés’ des villes… Beaucoup de gens viennent faire ici leur CV de militant », estime une opposante.
Visée par la décision du tribunal, la « Chataigne » est surtout dédiée à l’accueil collectif : maison-dortoir, maison-débats, maison-cuisine, maison-atelier… Depuis décembre, des délégations des collectifs anti-aéroport venus de toute la France s’y succèdent pour y débattre ou créer de nouvelles installations.
Mais l’ambiance guerrière n’est jamais très loin : des palissades de bois tressés entourent les lieux, des fosses traversent certaines routes, les barricades « stratégiques » sont en permanence « tenues », même la nuit… Certaines prennent des allures de tour de guet moyenâgeuse. Les heurts avec les gendarmes restent réguliers.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr, 26 mars 2013)
Ce contenu a été publié dans
Aménagement du territoire - Urbanisme,
Luttes pour la terre, avec comme mot(s)-clé(s)
Notre-Dame-des-Landes,
squat,
ZAD. Vous pouvez le mettre en favoris avec
ce permalien.