Les forces policières défendent leur image à coups de matraques
Le COBP trouve ironique la violence dont doit faire preuve le SPVM pour faire taire les victimes et témoins de violences policière et condamne donc le sabotage de la 17e manifestations contre la brutalité policière.
Dès le début de la semaine, le SPVM a continué sa campagne de salissage contre le COBP et contre toute personnes pouvant nuire à son image et dénonçant ses nombreux comportements inacceptables. Cette campagne de salissage vise à démoniser la manifestation et la résistance face à la brutalité policière, la caricaturant comme un rassemblement d’individus agressifs visant à saccager le centre-ville. En effet les policiers ont multiplié les conférences de presse, communiqués et tracts invitant la population à boycotter le rassemblement et à craindre les manifestants et manifestantes. Le COBP tient à rappeler que les manifestations précédentes ont été fortement perturbées par les interventions du SPVM qui intimidaient et qui ne faisaient qu’augmenter la tension.
Avant même le rassemblement au point de départ, les policiers arrêtaient déjà des individus sur les trottoirs. La liberté d’expression a été muselée par la confiscation des bannières et pancartes. Les policiers ont fait des charges à chevaux et arrêtaient des individus au hasard avant même le départ de la manifestation. Par la suite, les tentatives d’encerclement se sont succédés au rythme des flash-bangs et des matraques.
Pour nous, il est clair que cette manifestation est ciblée pour son message et non pour les actes de vandalisme qui pourraient y être commis. Rappelons-nous que des centaines d’arrestations sont effectuées chaque année et que très peu des arrêtéEs sont par la suite reconnus coupables par les tribunaux et qu’une infime minorité d’arrêtéEs se voient attribuer des charges criminelles et encore moins pour des méfaits.
Le COBP tient toutefois à rappeler que cette répression intense et un profilage similaires se produit tous les jours, dans nos communautés, sous nos yeux et notre silence. Que ce soit dans la rue avec les sans-abris, dans les réserves autochtones, dans les quartiers chauds ou dans le village gay, la violence et l’impunité policière est quotidienne et c’est pourquoi nous serons de retour dans les rues l’année prochaine !
PQ, PLQ : Même impunité, vos élections n’ont rien changé !
Collectif opposé à la brutalité policière
Manifestation contre la brutalité policière : tué dans l’œuf
Quelque 150 personnes ont été interpellées pour avoir enfreint des règlements municipaux et au moins quatre autres ont été arrêtées pour des actes criminels à l’occasion de la 17e manifestation contre la brutalité policière hier soir à Montréal, selon un bilan provisoire de la police.
Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a déclaré la manifestation illégale peu après son début, près de son quartier général, vers 17h. Les policiers ont d’abord permis la marche en avertissant qu’aucune infraction ne serait tolérée, mais rapidement, ils ont ordonné aux manifestants, qui étaient alors quelques centaines, de se disperser.
C’est ce que la majorité d’entre eux ont fait, et la manifestation s’est scindée en plusieurs petits groupes avant de prendre fin moins de trois heures après son coup d’envoi.
Deux groupes de personnes qui ont continué à marcher ont toutefois été encerclés par la police, un premier au coin des rues Sainte-Catherine et Sanguinet et l’autre, à l’angle de Sainte-Catherine et Hôtel-de-Ville, au centre-ville, a indiqué le sergent Laurent Gingras, porte-parole du SPVM. Ces manifestants ont été interpellés pour avoir enfreint un règlement municipal puisqu’ils n’avaient pas fourni d’itinéraire, a-t-il expliqué.
Une journaliste de La Presse Canadienne sur place n’a remarqué aucun cas de vandalisme important.
Deux policiers ont par ailleurs été conduits à l’hôpital au cours de la soirée, a indiqué M. Gingras. Un agent a eu des dents cassées au début de la manifestation, et une policière a plus tard été transportée par Urgences-Santé en raison d’un malaise.
La police avait averti que la circulation serait perturbée par la manifestation à l’heure de pointe, mais elle a précisé plus tard dans la soirée qu’il n’y avait pas eu de problèmes de circulation majeurs au centre-ville.
Les policiers du SPVM étaient appuyés par ceux de la Sûreté du Québec.
Des policiers des villes de Gatineau, d’Ottawa, de Laval et de Toronto ont aussi assisté à la manifestation en tant qu’observateurs mais ne seraient pas intervenus.
L’hélicoptère de la SQ a pu être vu et entendu au centre-ville de Montréal. Plusieurs policiers déambulaient à cheval et d’autres portaient leurs boucliers.
Selon CUTV, la station de télévision communautaire de l’Université Concordia, un membre de son équipe aurait été arrêté par la SQ.
La manifestation contre la brutalité policière a fréquemment été ponctuée d’affrontements entre des manifestants et des agents de la paix montréalais et au fil des ans, plusieurs actes de saccage y ont été commis.
L’année dernière, près de 2000 personnes ont manifesté. Le SPVM avait procédé à une foule d’arrestations, au point où 226 personnes s’étaient retrouvées derrière les barreaux. De plus, sept policiers et deux manifestants avaient été blessés.
Il y a deux ans, plus de 300 personnes avaient été arrêtées.
Le Collectif opposé à la brutalité policière avait organisé la manifestation de vendredi.
À Trois-Rivières
Pendant ce temps, à Trois-Rivières, un peu moins d’une centaine de personnes ont participé au volet régional de la manifestation contre la brutalité policière. Malgré un itinéraire plutôt incongru, l’événement s’est déroulé dans le calme depuis le parc Champlain jusqu’au quartier général de la Sécurité publique de Trois-Rivières.
Les organisateurs souhaitaient dénoncer plus particulièrement l’arrestation d’Alexis Vadeboncœur, survenue le 2 février dernier dans la cour du Cégep de Trois-Rivières à la suite d’un vol à main armée commis dans une pharmacie du boulevard des Récollets. Quatre agents de la SPTR sont d’ailleurs suspendus, avec solde, depuis les événements, le temps que la Sûreté du Québec complète son enquête sur le déroulement de cette arrestation musclée.
Hier, d’abord réunis au centre-ville, les manifestants ont refusé de suivre l’itinéraire qui avait été proposé par les policiers. Ils ont ensuite pris d’assaut différentes artères du centre-ville, dont certaines à contre-sens, au beau milieu de la circulation, sous le regard attentif de quelques policiers. Certains automobilistes ont klaxonné pour appuyer les manifestants tandis que la patience d’autres conducteurs a semblé être mise à rude épreuve. Mis à part quelques échanges peu élogieux entre les deux clans, à quelques reprises, aucun débordement ne s’est produit.
Tout au long de la marche, qui a notamment été ponctuée d’un arrêt de quelques minutes en plein cœur de l’intersection aux cinq coins, les manifestants ont scandé des slogans dénonçant différents comportements policiers.
Quelques-uns d’entre eux n’ont d’ailleurs pas hésité à narguer les policiers qui encadraient la manifestation avec des remarques bien peu édifiantes. Un petit nombre, moins d’une dizaine, portait des cagoules ou des masques. Aucune arrestation n’est toutefois survenue malgré l’insistance de certains.
Une fois rendus devant le quartier général, les manifestants scandaient « Pour Alexis et tous les autres ».
Au terme de la manifestation, qui a duré un peu plus de 90 minutes, un des organisateurs se disait satisfait du déroulement et de la réponse citoyenne. « C’est très satisfaisant en tenant compte de la température et l’heure du rassemblement. Ça s’est déroulé de façon quasi impeccable. Il n’y a eu aucun débordement de la part des manifestants ni aucune intervention injustifiée des policiers. C’était exemplaire », a souligné Jean-Sébastien Ménard.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Le Nouvelliste via LaPresse.ca, 16 mars 2013)