Nouvelles d’Égypte
Loin du Caire, les provinces égyptiennes bouillonnent.
Que ce soit à Mahalla, ville industrielle au cœur du Delta qui s’est déclarée ville indépendante depuis plus d’un mois, à Tanta, à Mansoura, à Zagazig, pourtant fief du président, sans parler des trois villes du canal de Suez, Suez, Port-Saïd et Ismailéya, les manifestations contre le pouvoir des Frères, furent d’une violence sans précédent.
Depuis l’élection de Moris El Ayat, membre de la confrérie illicite, président de l’Égypte en juin 2012 ; 105 Égyptiens ont été tués, dont la majorité sont des jeunes activistes, et 16 soldats au Sinaï. Aucun auteur de ces meurtres, quelquefois ciblés n’a été identifié ni mis en examen.
Bien au contraire ce sont les jeunes révolutionnaires qui sont systématiquement arrêtés, incarcérés, humiliés et torturés dans des nouveaux camps baptisés les petits Guantanamo.
Chaque gouvernorat a maintenant ses martyrs et ses blessés, chaque famille a son détenu, et tous les jours s’organisent des funérailles qui crient leur haine contre ce nouveau pouvoir qui a dépassé l’ex-régime de Moubarak dans sa violence et son despotisme. L’image de la mère de Mohammad El Guindi, jeune révolutionnaire de 18 ans mort sous la torture, se frappant la tête avec sa chaussure pour avoir voté pour Morsi est devenue emblématique.
Aujourd’hui Port-Saïd a décrété la désobéissance civile, pour protester contre la tuerie de 22 manifestants qui contestaient le verdict du tribunal contre les auteurs présumés du meurtre de 72 personnes lors d’un match de foot en janvier 2011.
Cette désobéissance civile sera poursuivie par 12 autres gouvernorats du delta et du sud de l’Égypte.
La poursuite de la contestation en Égypte, deux ans après la révolution du 25 janvier 2011, a atteint son zénith au mois de janvier 2013 avec plus de 500 mouvements de grève, de manifestation, de refus etc. enregistrés par les associations des droits de l’homme.
Le soulèvement des provinces marque une nouvelle étape dans le processus révolutionnaire qui vise à renverser le régime des Frères, il dépasse et de loin les tractations politiques du Front du salut national. Celui-ci qui a entamé un dialogue ambigu et tâtonnant avec le pouvoir en place est de plus en plus contesté dans la rue.
La révolution continue, c’est le peuple qui la fait et il gagnera.
Galila El Kadi – mailing, 18 février 2013