Un accident nucléaire en France coûterait 430 milliards d’euros
SAINT-PAUL-LEZ-DURANCE, Bouches-du-Rhône – Un accident similaire à la catastrophe de Fukushima au Japon pourrait coûter à la France quelque 430 milliards d’euros, soit l’équivalent de 20% de son PIB, selon une étude de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Environ 100.000 personnes pourraient être déplacées en cas d’accident majeur sur l’un des 58 réacteurs français et de contamination radioactive de l’environnement, entraînant une destruction des cultures et des coupures massives de courant.
« Un accident majeur aurait des conséquences terribles, mais il va bien falloir s’en occuper, le pays ne va pas être annihilé pour autant, et donc il faut en parler, mais c’est difficile », a déclaré Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN, qui présentait à Cadarache (Bouches-du-Rhône) une étude sur l’impact financier d’une crise nucléaire.
Un accident aurait aussi un impact sur les exportations françaises et sur le tourisme, le plus important au monde en nombre de visiteurs, a souligné l’institut.
« Les coûts d’image seraient considérables, aussi élevés que les coûts radiologiques », a souligné Patrick Momal, économiste à l’IRSN, responsable de cette étude présentée sur le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache.
« Le tourisme est une activité importante en France et les coûts directs n’affecteraient pas seulement la région touchée, mais le pays tout entier », a-t-il ajouté.
Même en dehors de la zone contaminée, les stars de la gastronomie française à l’exportation, comme le vin, susciteraient la crainte des consommateurs étrangers, note l’IRSN.
« VENTS FAVORABLES »
C’est la première fois qu’un institut public chiffre l’impact économique d’une catastrophe nucléaire en France, pays le plus dépendant de cette énergie au monde, où le coût peu élevé de l’électricité produite par les centrales constitue un argument majeur pour légitimer l’industrie nucléaire.
Sa publication intervient deux ans après la catastrophe de Fukushima, qui a coûté environ 200 milliards d’euros au Japon, soit deux fois moins que le coût estimé en France, selon l’IRSN.
« Les vents ont été favorables aux Japonais, comme autrefois lors des invasions mongoles. Au Japon, le tourisme international ne représente pas grand-chose. C’est plutôt une clientèle de visiteurs d’affaires », explique Patrick Momal.
L’IRSN a étudié différents scénarios. Un accident équivalent à celui de Fukushima ou à celui qui s’est produit à Tchernobyl en 1986 — classé 7, le niveau maximum de gravité sur l’échelle INES — pourrait atteindre 430 milliards d’euros.
Un accident classé niveau 6, comme celui de Three Miles Island aux États-Unis en 1979, coûterait environ 120 milliards d’euros et entraînerait le déplacement de quelque 10.000 personnes.
L’accident nucléaire le plus sérieux en France a eu lieu en 1980 à la centrale de Saint-Laurent-les-Eaux. Il fut classé 4 sur l’échelle Ines.
La France compte actuellement 58 réacteurs en activité et neuf prototypes, dits de première génération, sont à l’arrêt.
Un 59e réacteur doit être mis en service en 2016 à Flamanville, où le chantier du premier réacteur français de troisième génération accuse quatre ans de retard et des surcoûts importants.
François Hollande s’est engagé à fermer d’ici la fin de l’année 2016 les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, la plus vieille du parc français, en raison notamment de sa situation en zone sismique et inondable.
Le président socialiste souhaite réduire de 75 à 50% d’ici 2025 la part du nucléaire dans la production d’électricité, en développant massivement les énergies renouvelables et en réduisant la consommation.
Publié par des larbins de la mafia du nucléaire (Michel Rose, Reuters, 7 février 2013)
Le coût d’un accident nucléaire en France ? Plus de 400 milliards d’euros
L’Institut de sûreté nucléaire a évalué l’impact d’un accident nucléaire « grave » ou « majeur » en France. Son coût irait jusqu’à 430 milliards d’euros. Un montant sans commune mesure avec l’explosion de l’usine AZF ou le naufrage de l’Erika, évalués autour de 2 milliards d’euros.
L’Autorité de sûreté nucléaire le répète souvent pour appuyer sa doctrine : « l’accident nucléaire est possible en France ». Presque deux ans après la tragédie de Fukushima, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui joue un rôle d’expert public sur les risques nucléaires, a présenté ce mercredi au centre de recherche de Cadarache (Bouches-du-Rhône) ses travaux sur « le coût d’un accident nucléaire ». Ceux-ci s’appuient sur une étude présentée en novembre lors du forum Eurosafe à Bruxelles (voir ci-dessous).
Cette étude évalue l’impact économique pour la France d’un accident grave (niveau 6 sur l’échelle Ines) à 120 milliards d’euros et celui d’un accident majeur (niveau 7, comme Tchernobyl ou Fukushima) à 430 milliards d’euros. Des coûts sans commune mesure avec l’explosion de l’usine AZF ou le naufrage de l’Erika, évalués autour de 2 milliards d’euros. Un tel accident serait de fait inédit en France : le plus grave, intervenu à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en 1980, a été classé au niveau 4.
Un coût global équivalent à « trois à six années de croissance »
Un accident de niveau 6 correspondrait à une fusion du coeur du réacteur, suivie de rejets radioactifs « contrôlés ». Sur les 120 milliards d’euros, le premier poste serait, paradoxalement, un « coût d’image » (47 milliards d’euros), lié à une chute du tourisme et des exportations agro-alimentaires. Le second (44 milliards d’euros) correspondrait à une forme de transition énergétique accélérée : un accident réduirait la durée d’exploitation des centrales de dix ans, estiment l’étude.
Le coût global, qui représenterait 6 % du PIB soit « trois à six années de croissance » serait ainsi plus national que local. Alors que les associations anti-nucléaires rappellent que la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube) n’est qu’à 100 kilomètres de Paris à vol d’oiseau, « les écarts de coût en fonction de la localisation existent mais ne sont pas majeurs », note l’étude.
Dans ce type d’accident, le nombre de « réfugiés radiologiques » serait limité à 3.500 personnes, ce qui constitue la grande différence avec un accident de niveau 7. Des rejets radioactifs « massifs » impliquerait par contre le départ de 100.000 personnes de la zone contaminée, avec un nombre « élevé » de cancers. Ainsi, alors qu’un accident de niveau 6 serait « un désastre national (…) néanmoins gérable », un accident de niveau 7 deviendrait « une catastrophe européenne ingérable », notamment parce que les conséquences économiques pour les populations touchées serait massif (110 milliards d’euros).
Avec un impact global dépassant 400 milliards d’euros, la seule référence comparable citée par les auteurs serait celle d’« une guerre régionale ». En novembre, l’opérateur de la centrale de Fukushima, Tepco, a indiqué que les seuls chantiers de décontamination et le dédommagement des populations touchées pourrait coûter 100 milliards d’euros.
La publication de ces recherches, destinées aux « gestionnaires de crise et aux autorités de sûreté », intéresse aussi les anti-nucléaires, qui estiment que le nucléaire entraîne une forme de concurrence déloyale en n’intégrant pas le coût d’une assurance contre son risque.
Publié par des larbins de la mafia du nucléaire (Véronique Le Billon, LesEchos.fr, 6 février 2013)
Nucléaire : une revue des risques d’accidents par centrale en 2014
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire est en train de chiffrer l’impact d’un accident pour chaque centrale nucléaire. En France, tous les regards se tournent vers le site de Nogent-sur-Seine (Aube), située à une centaine de kilomètres à vol d’oiseau de Paris.
En présentant mercredi soir l’impact économique d’un accident majeur dans une centrale nucléaire, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a indiqué qu’il travaillait désormais à chiffrer les risques « géographiques » de chacun des dix-neuf sites français. L’impact économique d’un accident dépend en effet largement du lieu d’implantation de la centrale (densité de population, économie locale…) et des conditions météorologiques, a justifié Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN. « Fukushima est un accident majeur, avec une importance des rejets radioactifs très élevée, mais les conditions du site, bordé par la mer, et de vent lors de l’accident ont rendu son expression relativement modérée », a-t-il rappelé.
100.000 « réfugiés radiologiques »
En France, tous les regards se tournent vers la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube), située à une centaine de kilomètres à vol d’oiseau de Paris, et dont un accident pourrait donc entraîner potentiellement un nombre important de « réfugiés radiologiques ». La population de 100.000 « réfugiés radiologiques » concernés en cas d’accident majeur (niveau 7) est une moyenne, a souligné Patrick Momal, chef du laboratoire d’économie des risques nucléaires et co-auteur de l’étude présentée mercredi.
Un accident majeur à la centrale de Gravelines (Nord) concernerait ainsi, selon les premiers résultats de l’IRSN, environ 120.000 personnes, celle de Dampierre (Loiret) environ 35.000 et celle du Bugey (Ain), près de Lyon, environ 160.000. Dans le cas du Bugey, toutefois, Lyon ne serait pas forcément la plus touchée : une étude des vents a montré que le « panache » radioactif serait probablement relativement mince et partirait vers le nord et le sud de la centrale. Bâle et Zurich, en Suisse, pourraient en revanche être davantage concernées. Cette étude site par site, qui sera achevée en 2014, n’a pas encore été réalisée sur la centrale de Nogent-sur-Seine.
La probabilité d’un accident grave (niveau 6 sur l’échelle Ines) est inférieur à 1 sur 10.000 par an, et celui d’un accident majeur (niveau 7, type Tchernobyl ou Fukushima) est inférieur à 1 sur 100.000, a rappelé l’IRSN mercredi soir à Cadarache (Bouches-du-Rhône). « Leur faible probabilité ne compense pas leur potentiel catastrophique », a indiqué Patrick Momal. À l’étranger, d’autres centrales sont installées proches de sites nucléaires, a ajouté Patrick Momal : Doel près d’Anvers en Belgique, Indian Point près de New York. Et Hong-Kong sera à proximité de vingt-deux réacteurs, a-t-il noté.
Publié par des larbins de la mafia du nucléaire (Véronique Le Billon, à Cadarache, LesEchos.fr, 7 février 2013)