Vidéosurveillance à Grigny 2 (Essonne)

Les rues de Grigny 2 plongées dans le noir

Une partie de la copropriété est privée d’éclairage public depuis deux à trois semaines. Les habitants soupçonnent un acte de vandalisme lié à l’installation de caméras de surveillance.

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Grigny 2, mardi, 22h30. Depuis deux à trois semaines, une partie de la copropriété géante est plongée dans le noir. L’éclairage public aurait été perturbé par des actes de vandalisme à la suite de l’installation de la vidéosurveillance.

« Il n’y a pas grand-chose à dire. On est plongé dans le noir total, c’est consternant », constate un habitant avec lassitude. Derrière lui, les tours de la copropriété géante de Grigny 2 ne se distinguent que par la lumière encore allumée dans certains appartements. Il est 22h30 et, aux pieds d’une partie de ces 104 immeubles, les secteurs Surcouf, Lavoisier, Pasteur et Vayssière, plus aucun lampadaire ne fonctionne.

Idem dans une partie des parkings souterrains. Depuis deux à trois semaines, le système électrique de cette cité sensible est endommagé.

Si des expertises sont en cours pour déterminer d’où vient la panne, il semblerait que des actes de vandalisme liés à l’installation de la vidéosurveillance dans le quartier en soient à l’origine. Un vaste chantier de 185 caméras financé par l’État dans le cadre de la rénovation urbaine doit en effet être officiellement livré aujourd’hui. Tandis que les habitants, eux, composent avec l’obscurité dès le coucher du soleil. « Il y a urgence. Cela pose de vrais problèmes de sécurité », s’inquiète Claude Vazquez, maire PC de Grigny. Hier, l’édile a alerté l’administrateur provisoire de cette cité sous tutelle à cause de ses dettes (lire ci-dessous) et une partie de l’éclairage a pu être remis square Surcouf. « Ne pas avoir de lumière, ça ne fait jamais plaisir. Mais à Grigny 2, avec des trafics et beaucoup de délinquance, c’est toujours une peine en plus pour les habitants », note avec amertume Méryem, mère célibataire qui a changé ses habitudes. « Le soir, je faisais un peu jouer le petit dehors. Maintenant, c’est fini. »

« On ne peut pas accepter de passer dans des endroits qui, sans lumière, ressemblent à des coupe-gorge. Les gens n’empruntent plus le petit chemin qui relie les Sablons à Surcouf mais font le grand tour », ajoute Mani, riverain de Lavoisier, tandis qu’une jeune femme note « l’importance de continuer avec les caméras pour ne pas céder à la menace ».

L’incompréhension domine

Plus que la colère, c’est l’incompréhension qui domine chez les habitants, incrédules devant ces actes de vandalisme paralysant leur quartier. « Ce que je ressens, c’est de la tristesse. Je ne comprends pas pourquoi des jeunes ont fait ça. Déjà, parce que c’est leurs parents qui finiront par payer l’addition et ensuite parce que ça crée un climat de tension et ça plombe l’image d’un quartier pour lequel on se bat au quotidien », explique, lucide, Mohamed Touré, un jeune Grignois de 24 ans. Avec Yaya et Skander, 27 et 30 ans, il vient de fonder le conseil jeunesse de la copropriété de G 2. Un lieu de débat et de dialogue. En septembre, ils organisent une rencontre entre habitants. Le thème : la vidéosurveillance et les actes de vandalisme…

Qui doit payer les réparations ?

Si chacun s’accorde à dire qu’il faut « agir vite », tous se repassent la patate chaude du financement des réparations de l’éclairage public. Des expertises sont en cours et certains mentionnent des destructions de lampadaires et des câbles arrachés. Encore faut-il s’assurer que cela est à l’origine de la panne.

Selon le syndic Sagim, qui gère les affaires courantes, placé sous administration provisoire, c’est à la préfecture, partie prenante du dossier, et au syndicat principal, lui-même sous tutelle, de prendre en charge les travaux. Or, l’administrateur provisoire du syndicat principal ne l’entend pas de cette oreille. « Les détériorations ont eu lieu pendant l’installation de la vidéosurveillance, estime Olivier Mugniery, chargé de mission à l’administration provisoire. Nous ne prendrons donc pas les réparations à notre compte. C’est à l’entreprise prestataire, en l’occurrence Inéo, de payer les réparations. » Inéo, évidemment, n’est pas d’accord. « Lorsqu’il y a eu du vandalisme, Inéo a assumé les coûts comme le veut le contrat », note la filiale de GDF Suez, sauf que, pour elle, il n’y a pas eu de nouveaux actes de vandalisme. De son côté, la préfecture veut « attendre les résultats de l’expertise qui permettront de clarifier la situation quant à la nature des dégâts ». Des tergiversations qui laissent sceptiques les habitants. Skander, du collectif des jeunes de G2, voit là « le signe que les réparations vont mettre du temps. On en a jusqu’à la rentrée ! Il faudrait que les élus se mouillent, qu’un signe fort de changement soit donné… enfin ! »

Leur presse (Florence Méréo, Le Parisien.fr), 28 juillet 2011.

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