Rendez-vous 12h, jeudi 21 juillet, métro Trocadéro pour se diriger vers l’ambassade du Maroc.
Traquenard à Rabat
PRISE D’OTAGE D’ÉTAT
PÉRIPÉTIES D’UN VISITEUR AU ROYAUME DU MAROC
Nous, ses amis, allons vous raconter l’histoire d’un visiteur au royaume du Maroc.
À Rabat, le dimanche 10 juillet, notre ami assiste à la manifestation « pour la démocratie, la justice sociale, contre la corruption et le despotisme », lancée par le « mouvement du 20 février ». Une contre-manifestation de soutien au régime, avec drapeaux nationaux et portraits du roi, a lieu simultanément, encadrée par des miliciens du « mouvement de la jeunesse royale ». Notre ami est pris à parti par « l’un des chefs ».
Le lendemain soir, à la sortie d’un cinéma, il est encerclé, menotté et « embarqué » par une trentaine de miliciens, accompagnés de « journalistes » marocains, qui le conduisent dans un poste de police. Des interrogatoires sont menés en présence du même chefaillon, faisant aussi fonction d’interprète, et qui plus tard fournira plusieurs dizaines de témoins pour étayer l’accusation, qui, d’abord, est celle d’« outrage au drapeau national ». Par la suite, on ajoute l’accusation d’agression sur six personnes, et on affirme même le soupçonner d’être venu au Maroc dans le but de déstabiliser le régime, après s’être promené dans toute l’Afrique du nord en tant qu’« agent de puissances occidentales » (! ?). En poursuivant dans la surenchère, on lui dit — et on fait écrire dans la presse — que son nom juif prouverait qu’il est « un espion israélien ».
Dans un absurde croissant, viennent à la surface des relents invraisemblables, faramineux, qui réunissent des ingrédients « canoniques » de toute logique « conspirationniste » gérée par les États. Dans le contexte d’une monarchie marocaine fragilisée, ces allégations grotesques viennent à point nommé pour accréditer la thèse d’une déstabilisation venue de l’étranger et manipulée d’en haut, par des « cryptocraties » : « classique » de la propagande, avec toute la panoplie de « conspirations » et « complots », qu’on connaît de plus en plus ici aussi dans des variations de la même ritournelle, font ici fonction de diversion, de défouloir, de véritable « instrumentum regni ».
Au Maroc, l’Affaire a déjà pris un tour très médiatique. L’enquête a lieu dans une atmosphère trouble et confuse où notre ami subit pressions et menaces sans comprendre toujours ce qui lui arrive (l’audience se déroule souvent sans interprète). Après deux renvois, notre ami passe mardi 19 juillet devant le Procureur.
Nous sommes de ceux et celles, qui sont décidés à contrer de toutes nos forces le fait d’emmurer des hommes et des femmes dans des geôles. Nous essayons de le faire partout et pour quiconque.
Aujourd’hui, c’est l’État marocain et tous les suppôts du régime, qui veulent faire de notre ami un bouc émissaire, et pour cela écraser sa vie !
Nous ne le laisserons pas couler dans des sables mouvants, dans un silence assourdissant découlant de la « Raison d’État ». Nous appelons à une résistance active, nous demandons toute la solidarité active nécessaire, vitale !
Les amis d’un « passant considérable » – Paris, le 20 juillet 2011