Mulhouse. Prison ferme pour trois auteurs de violences urbaines
Trois Mulhousiens ont été condamnés à deux et trois ans de prison ferme, hier, par le tribunal correctionnel de Mulhouse, pour le caillassage et l’incendie d’un fourgon de police.
Août 2012. Mulhouse a connu plusieurs épisodes de violences urbaines. Parmi les affrontements entre habitants et forces de l’ordre, la soirée du 22 a tourné à l’embuscade. Appelée pour un feu de poubelles dans le quartier de Bourtzwiller, une patrouille de l’Unité d’ordre public du commissariat est prise pour cible : des jets de pierre suivis de cocktails Molotov qui mettent le feu au fourgon. Les cinq policiers à bord s’en sortent indemnes grâce au port de casques et de tenues ignifugées et coursent les six assaillants, interpellés une rue plus loin avec leurs collègues de la Brigade anticriminalité.
Hier, ce sont les trois majeurs, sur les six individus interpellés, qui ont été jugés. Âgés de 18 et 19 ans, ils ont toujours contesté les faits. « Vous avez été interpellés tous ensemble, recroquevillés, transpirant, sentant l’essence et chaudement habillés pour un mois d’août. Qu’est-ce que vous faisiez là ? », a demandé Pierre Wagner, le président de l’audience. « J’étais dans le parc, tout seul, je n’ai rien vu, rien entendu. Je venais de remplir mon scooter avec un bidon d’essence », a avancé Kévin T…, sans aucune conviction. « Vous aussi vous craignez les courants d’air ? », s’est adressé le juge à Youcef O…. « À minuit, il fait froid quand même. Je fumais ma clope tranquillement. C’était pas moi. C’est impossible, ils n’ont pas pu me reconnaître », a-t-il répondu, faisant allusion à son identification par les policiers. Même discours de Afif-Fethi M… : « Je fumais une clope tranquillement, seul. Je regardais les autres se faire interpeller, mais je n’ai pas participé. »
Deux témoins ont tenté de soutenir les prévenus – « ils n’ont rien fait, ce sont les policiers qui leur ont tiré dessus au flash-ball et les ont savatés » – mais leurs témoignages ont pris du plomb dans l’aile à cause d’un mensonge sur la version écrite (rédigée de la même main), chacun se désignant comme l’auteur.
Pour l’avocate des parties civiles, les violences ne font aucun doute : « Le but était de percer les vitres pour lancer des cocktails Molotov et tuer des policiers. »
« Je suis atterrée, voire horrifiée par la distorsion entre la gravité des faits et la lâcheté des prévenus, a lancé la représentante du ministère public, Julie Fergane, dans un réquisitoire particulièrement émouvant [sic – NdJL]. Ce qui a motivé ce passage à l’acte, c’est la défiance envers toute forme d’autorité, envers les institutions et ceux qui les incarnent. Une défiance réduite aujourd’hui à des jérémiades. Quelle que soit la violence qu’elle devra gérer, la République ne laissera pas régner la loi du plus fort. » Elle a sollicité trois ans de prison ferme pour Kévin T…, en raison de ses antécédents judiciaires, et deux ans ferme pour Youcef O… et Afif-Fethi M…, dont les casiers judiciaires sont vierges.
Les arguments des avocats de la défense étaient sensiblement identiques : « Tout n’est pas si clair dans ce dossier, a souligné Me Stosskopf. Aucun des trois n’a été pris sur le fait. Se baser uniquement sur la façon dont ils étaient habillés ne suffit pas à les condamner. » Tous ont demandé la relaxe. Ils ne l’ont obtenue que pour les faits de dégradation du bien d’autrui. Pour les préventions de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique et d’embuscade en réunion avec arme, les juges ont suivi les réquisitions du ministère public.
Presse carcérale (Céline Bechler, LAlsace.fr, 1er décembre 2012)
La loi du plus fort c’est la loi de la république, et c’est par la force que la république s’est établie, c’est par la force qu’elle se maintient. C’est le maintien de l’ordre, une fois que l’ordre c’est la république.