C’est la question que l’on peut se poser en lisant les déclarations consternantes du grand rabbin de France Gilles Bernheim et de Richard Prasquier président du CRIF [Conseil Représentatif des Institutions juives de France], lors du rassemblement de soutien à l’agression israélienne contre Gaza devant l’ambassade d’Israël.
On y lit notamment :
• « Gilles Bernheim, qui participait à la manifestation, a déclaré sa « profonde et totale solidarité avec l’État d’Israël » au nom de la communauté juive de France « en ces temps d’épreuves et de douleurs ». »
• « Pour le Crif, « on ne peut pas faire une équivalence entre le gouvernement israélien qui réagit par légitime défense pour assurer la sécurité de ses citoyens et le Hamas qui avait lancé sans provocation contre eux des centaines de roquettes les jours précédents ». »
• « le président du Crif Richard Prasquier a lu une lettre destinée au Premier ministre Benjamin Netanyahu remise à l’ambassadeur d’Israël pour « dire son soutien et son amour pour Israël au nom de tous les juifs de France ». »
Non, messieurs les « représentants » de « la » communauté juive et de « tous » les juifs de France, vous n’avez aucune légitimité pour nous représenter. Car il faut savoir que le Grand Rabbin n’est élu que par un Consistoire qui n’est lui-même l’émanation que d’une partie du monde religieux juif et que le CRIF n’est « représentant » que d’une faible partie (estimée à environ 15 % selon des études sérieuses) des Français se revendiquant, d’une façon ou d’une autre de l’identité juive. Parmi ceux-ci, une grande majorité n’a aucune envie de partir s’installer en Israël comme le demandait Netanyahou lors de sa visite de France, et beaucoup sont critiques vis-à-vis de la politique israélienne qui, non seulement n’apporte que guerre et désolation en Israël-Palestine mais, par la pratique répétée jusqu’à la nausée de cet amalgame mortifère entre Juifs, sionistes et israéliens met en danger les Juifs de France en les désignant comme complices des crimes commis par le gouvernement israélien.
Ainsi le CRIF, en martelant les mensonges de la propagande israélienne qui transforme l’occupant, l’agresseur, le colonisateur en victime, ne peut prétendre défendre les Juifs français contre ce « nouvel antisémitisme » puisqu’il en est l’un des vecteurs de propagation.
Quant au Grand Rabbin Bernheim, nous le laissons volontiers à sa conception étriquée d’un judaïsme servile à l’égard d’un État qui pratique l’apartheid, l’épuration ethnique et le meurtre de masse. Notre judaïsme, humaniste et universaliste nous inculque plutôt le sens de la justice et de la solidarité avec les opprimés [« Dieu prend toujours le parti du persécuté. Si un juste persécute un juste, Dieu se range du côté du persécuté. Si un méchant persécute un juste, Dieu se range du côté du persécuté. Si un méchant persécute un méchant, Dieu se range du côté du persécuté. Et même si un juste persécute un méchant, Dieu se range encore du côté du persécuté » (Middrach Rabba, Lévitique, 27)] . C’est pourquoi nous participons activement aux mobilisations de solidarité avec le peuple palestinien gazaoui, pour l’arrêt de l’agression israélienne, contre le blocus de Gaza et contre l’impunité de l’État d’Israël.
Bureau National de l’UJFP le 21 novembre 2012
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