« Tout s’est déroulé sans incidents, l’opération est terminée » disait le préfet à 10h30 le premier jour. Ha bon ? Pourtant en même temps qu’il prononçait ces mots les flics attaquaient Le Far Ouezt et le Sabot et l’accès à la Zad fut interdit à toutes et tous, y compris les journaleux et les habitants « légaux » ! Les flics avaient prévus de prendre 11 lieux ce jour-là, soit un tiers de nos habitations réparties sur 2000 ha. Ils ne réussirent que pour 8 d’entre eux. Pour prendre le premier lieu ils se contentèrent de tirer une pluie de grenades à distance jusqu’à y mettre le feu. Bien sûr ils n’avaient pas vérifié si des gens dormaient dans leurs cabanes ou pas ! C’est donc cela une « opération sans incidents »…
Pour la plupart des lieux suivants ils furent étonnés de ne pas nous y trouver, sauf pour deux maisons barricadées sur plusieurs niveaux qui leur firent perdre un temps précieux. En effet nous n’étions pas chez nous ce jour-là. Nous n’avions pas l’intention d’être là où on nous attend. Nous sommes mobiles, nous connaissons le terrain, c’est notre force. Nous entendons bien faire de la Zad un nouveau bourbier, un échec cuisant pour l’État et le capitalisme.
Ils sont 1200, nous sommes 200. Pourtant nous tenons nos positions. Nous nous sommes même offert le luxe de reprendre trois lieux ce jour. Nous allons bien, nous n’avons rien à perdre car nous ne possédons rien. Nous avons tout à gagner car notre rage et notre force de résistance est infinie. Nous sommes une minorité et nous ferons plier la majorité ! Pour cela nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de renforts sur place (vous pouvez accéder à pied ou par les petites routes avec une carte détaillée), mais aussi d’étendre la lutte par le biais d’actions décentralisées. Si vous ne pouvez nous rejoindre, sachez qu’il existe forcément près de chez vous un chantier ou une autoroute/péage de Vinci et des bureaux du PS, ou meme un Loxam qui loue les engins de destruction (les Nantais pourront viser le garage Louis XVI, 114 rue de l’Étier). Ils ne doivent etre en sécurité nullle part ! La Zad est partout !! Merci aux potes d’Atenco, Bruxelles, Angers, Poitiers, Montreuil, La Roche Sur Yon, Lyon, Vienne et Rennes qui ont déjà commencé et à toutes celles et ceux qui nous envoient des messages de soutien. Pour celles et ceux qui nous rejoindront, prévoyez des bottes, vêtements de pluie et lampes frontales. Selon nos informations (qui se sont avérées justes jusque là), l’opération durerait 15 jours, à moins qu’ils abandonnent avant 😉
Chaque jour vous pouvez suivre en direct les événements sur le site de la zad (Flash Info), ou si vous êtes sur place sur 107.7 (la fréquence de Vinci piratée).
Infos pour nous rejoindre (rdv, cartes, legal team…)
Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 18 octobre 2012
Notre-Dame-des-Landes. Guérilla bocagère
Barrages, barricades, gaz lacrymogènes…, la tension restait très vive, hier, aux abords de Notre-Dame-des-Landes(44), où doit être construit un aéroport. Et à Nantes, où environ 150 personnes ont manifesté, hier soir, pour protester contre les expulsions sur le site.
Sur une zone recoupant pratiquement les 1.600 hectares du futur aéroport du Grand Ouest que doit construire Vinci, à Notre-Dame-des-Landes, des barrages de gendarmes filtrent étroitement l’accès depuis qu’ont commencé, mardi (Le Télégramme de mercredi), les évacuations de squats d’opposants. Dans un chemin boueux encadré de haies, les opposants qui habitent « le sabot », une cabane construite à côté d’un champ maraîcher, défriché et cultivé collectivement depuis 18 mois, montrent les photos d’un monceau de cartouches de grenades lacrymogènes. Ils affirment les avoir ramassées après « l’assaut » des CRS mercredi soir, ce qui a été confirmé par les autorités.
Trois interpellations
Depuis mardi, ces dernières affirment que les onze lieux qui devaient être dégagés sont « sous contrôle » mais les journalistes ont assisté à d’incessants affrontements autour de barricades posées sur les routes, dégagées par les forces de l’ordre, puis remises en place par les opposants dès leur départ. Hier matin, lors de deux nouvelles évacuations, au moins un cocktail Molotov a été tiré en direction des forces de l’ordre. La préfecture a annoncé l’interpellation de trois personnes qui ont finalement été relâchées au terme d’un simple « contrôle d’identité ». Dans un autre lieu « squatté », la « Forêt de Rohanne », jusque-là inaccessible parce que les opposants qui y avaient construit un campement ne souhaitaient pas être vus, l’assaut a été donné hier matin.
Une grande manifestation annoncée
D’une grande cabane de plusieurs pièces et de deux étages, au plus profond d’un bois, il ne reste que des gravats qu’écrasent et déplacent les engins de démolition. Une des occupantes, grimpée dans un arbre à 10 m du sol, y est restée perchée, encerclée par les gendarmes avant de finalement accepter de descendre, tétanisée de froid et assistée d’un gendarme escaladeur. « Si on ne gagne pas une bataille comme celle-là, le monde va se détruire », explique-t-elle une fois au sol dans un français hésitant. « Ils ont détruit la forêt, j’ai beaucoup de rage, on va se battre, on va gagner », ajoute-t-elle. « Ici, c’est le plus grand squat à ciel ouvert d’Europe », raconte une autre jeune femme, venue il y a un an rejoindre cette communauté éparpillée dans une trentaine de cabanes ou de vieilles fermes. Dans une cabane juchée à 15 m du sol dans un arbre, une occupante anglophone regarde la scène. « Mais c’est loin d’être fini, la date de notre grande manifestation de réoccupation sera prochainement annoncée », explique Christelle, réfugiée dans la maison d’un habitant « légal », lui-même en voie d’expulsion.
Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeTelegramme.com, 19 octobre 2012)