Contre la récupération du martyr Bouazizi par la Mairie de Paris

 

RENDEZ-VOUS SUR LES LIEUX DE L’INAUGURATION À 11H, AU CROISEMENT DES RUES REILLE ET SIBELLE (14e)

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Les Tunisiens, Delanoë les préfère morts, riches ou expulsés

Jeudi 30 juin à 11h, môssieur le maire et une cohorte de costumes-cravates viendront inaugurer une placette à Paris. Situé au carrefour de l’avenue Reille et de la rue Sibelle (14e), ce triangle de béton portera désormais le nom de Mohamed Bouazizi. Bouazizi est ce jeune vendeur à la sauvette harcelé par les flics qui s’est immolé le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid… déclenchant le soulèvement tunisien qui conduira à la chute de Ben Ali le 14 janvier.

Les Tunisiens, Delanoë les préfère riches

Un des arts de la domination réside dans le pouvoir de nommer les choses, afin de mieux les neutraliser. Ainsi, décider du nom des rues et des places où nous vivons, nous, est typiquement un apanage des puissants. Quel que soit leur bord, cette proposition de « place Bouazizi » a fait l’unanimité entre le PS et l’UMP au Conseil de Paris en mars 2011. Cette union sacrée sur le dos d’un mort qui n’en demandait pas tant, sonne d’ailleurs un peu faux, comme si tous avaient justement quelque chose à se faire pardonner. Sans vergogne, n’ont-ils pas tous fait pendant des décennies de bonnes affaires avec le désormais infréquentable Ben Ali ? Ce despote éclairé offrait des places de jet privé à Michèle Alliot-Marie et, en tant que membre de l’Internationale Socialiste, il festoyait avec Delanoë, Moubarak et Gbagbo… Et le banquet est loin d’avoir pris fin, vu qu’en Tunisie, la plupart des bons amis de Môssieur le maire sont restés en place. On a pu en croiser de biens cossus au « village du Jasmin » le 22 mai sur le parvis de l’Hôtel de Ville, puis au « Salon de l’immobilier tunisien » le 11 juin, deux vitrines opulentes sponsorisées par la mairie.

Les Tunisiens, Delanoë les préfère expulsés

Le maire de Paris, ce grrrand ami des Tunisiens, met lui-aussi en œuvre le savoir-faire français en matière de maintien de l’ordre : le 4 mai, il fait expulser 128 harragas tunisiens d’un immeuble vide de la ville, au 51 avenue Bolivar (19e), les livrant ainsi à la police et aux centres de rétention. Début juin, il fait couper l’eau au square de la porte de la Villette, où des centaines d’entre eux se sont réfugiés, puis les fait virer manu militari. Aux Buttes-Chaumont, il fait fermer les grilles du parc pour aider les flics à les traquer. Fin mai, il avait déjà repris de force le gymnase de la rue de la Fontaine-au-Roi, occupé depuis le 7, avec une trentaine de gros bras : 100 places dedans, et tous les autres dehors, à la rue. En réalité, la mairie a tout fait pour empêcher tout regroupement et toute auto-organisation des harragas en lutte. Ses propositions se sont résumées lors de rares négociations à quelques places provisoires dans un foyer carcéral géré par une annexe du constructeur de prisons Vinci (l’association « Aurore »). Pour ceux qui ont refusé, c’est l’expulsion directe des lieux occupés puis le centre de rétention. Pour tous, la chasse quotidienne dans les rues de la capitale continue. Môssieur le maire a trouvé des solutions de relogement : plus de la moitié des places du centre de Vincennes sont occupées par des Tunisiens.

Les Tunisiens, Delanoë les préfère morts…

Delanoë s’intéresse à d’autres vendeurs à la sauvette que Mohamed Bouazizi. Rénovant Paris pour réaliser son rêve d’une ville propre, vidéosurveillée et si possible sans pauvres, il aimerait bien virer tous les biffins qui survivent en vendant des bricoles à Couronnes, au pont de Bagnolet, à la porte de Montreuil ou à la porte de Clignancourt… Ces pauvres qui, comme les Bouazizi du monde entier, sont harcelés quotidiennement par la police à coups de matraques, de gaz lacrymogène et parfois de flash-ball. Les flics piétinent leur gagne-misère, parce qu’ils ne disposent pas d’une patente en bonne et due forme. Môssieur le maire supplie le préfet de faire « nettoyer » ces zones, ce qui a conduit fin janvier à la création d’une brigade spécialement musclée de quartier à Belleville, la BST. Pour les charognards de la mairie, un vendeur à la sauvette tunisien n’a de valeur que mort, lorsqu’on peut le récupérer pour faire oublier qu’en haut, le grand business continue, et qu’en bas, les harragas d’ici, bien que pourchassés, sont bien vivants. Pour faire oublier que la « révolution », ce sont eux qui l’ont faite, et contre les amis de Delanoë et consorts de surcroît.

Des complices du soulèvement tunisien, avec ou sans papiers

 

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Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 28 juin 2011.

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Une réponse à Contre la récupération du martyr Bouazizi par la Mairie de Paris

  1. Martine dit :

    D’autres « festoyaient » aussi :
    Etienne Mougeotte (“Le Figaro”), Nicolas de Tavernost (M6), Alain Weill (RMC/BFM) et même Michel Boyon, le président du CSA… Ainsi que le révèle “Le Canard enchaîné” du 29 juin, de nombreux patrons de presse et journalistes français se sont vu offrir des séjours tous frais payés en Tunisie, en échange de leur “bienveillance” à l’égard du régime de Ben Ali. (cf : http://www.telerama.fr en Une)

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