[Afrique du Sud] De l’esclavage à la grève sauvage (6)

Afrique du Sud : deux morts dans des affrontements entre la police et les mineurs grévistes

JOHANNESBURG (Sipa) — De nouvelles violences survenues dans le conflit minier en Afrique du Sud ont fait au moins deux morts jeudi. Des grévistes ont tué un homme par le feu tandis qu’un autre homme, apparemment atteint par des tirs à balles de caoutchouc de la police, a succombé à ses blessures.

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Rassemblement de mineurs en grève à Rustenburg, le 12 septembre 2012

La violence va croissant près de la mine d’Anglo American Platinum (Amplats) depuis que le groupe a licencié 12.000 grévistes vendredi dernier. Plus de 40 personnes sont mortes depuis le début du mouvement des mineurs dans le pays en août.

L’un des meneurs de la grève à Amplats, Gaddafi Mdoda, a déclaré qu’un homme était mort à l’hôpital, probablement touché par deux balles de caoutchouc de la police, qui a aussi utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes. Un autre homme incendié par des grévistes a succombé, selon le porte-parole de la police du Nord-Ouest, le brigadier Thulani Ngubane. « La situation reste tendue », a-t-il souligné.

Le capitaine Dennis Adriao a fait état de 40 arrestations dans des violences au camp improvisé de Nkaneng, près de Rustenburg.

Il semble que la police ait tenté d’empêcher les mineurs de stopper le fonctionnement de la mine Bathopele d’Amplats, selon la South African Press Association, qui a ajouté que deux taxis avaient été incendiés.

Le mouvement des mineurs pour des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail a commencé en août à la mine de platine de Marikana et a été marqué par les accrochages les plus violents avec la police depuis la fin de l’apartheid en 1994. Trente-quatre mineurs ont été tués et de nombreux autres blessés. Lonmin a relevé les salaires mais le mouvement a fait des émules dans d’autres mines de platine, d’or ou de fer ainsi que chez les camionneurs.

Presse esclavagiste (tempsreel.nouvelobs.com, 11 octobre 2012)


Afrique du Sud : les mineurs grévistes refusent les propositions du patronat

Les grévistes des mines d’or sud-africaines ont refusé la proposition d’accord qui leur était présentée par la Chambre des mines pour mettre un terme au conflit salarial qui affecte le secteur depuis plusieurs semaines, a indiqué un responsable du syndicat majoritaire NUM. « Nous avons proposé l’offre aux mineurs en grève, et ils ont dit ‘non' », a indiqué à l’AFP Kenneth Buda, le coordinateur du NUM, ajoutant que patronat et syndicats se rencontreront à nouveau lundi ou mardi.

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Un mineur en grève à Marikana, le 18 septembre

« Nous essayons toujours de leur parler, et nous allons aussi retourner vers les employeurs, qui pourront peut-être rajouter quelque chose », a-t-il ajouté, notant que les grévistes restaient sur les mêmes revendications salariales de 12’500 rands mensuels (1100 euros).

PAS DE MODIFICATION DE LA CONVENTION SALARIALE

Pour régler la crise des mines sud-africaines partiellement paralysées depuis le mois d’août par des grèves, le patronat des mines a mis mercredi sur la table des hausses de salaire pour les employés des mines d’or, sous forme de promotions et d’allocations.

La Chambre des mines, qui centralise la négociation salariale dans les mines d’or, a « revu les conditions pour les salaires de base et les autres catégories », sans pour autant modifier la convention salariale en vigueur. La chambre « reconnaît des anomalies qui méritent d’être traitées et a fait des propositions en ce sens », a t-elle ajouté dans un communiqué.

Elize Strydom, la négociatrice de la Chambre des mines, a confirmé que patronat et syndicat allaient à nouveau se rencontrer au début de la semaine prochaine. Le patronat espère pouvoir entre-temps, avec l’aide du NUM, convaincre les grévistes de changer d’avis.

« Toutes les parties, y compris la direction, doivent aller voir […] les employés pour bien faire passer la proposition de la Chambre », a-t-elle expliqué. Il s’agit selon elle de convaincre les grévistes d’accepter « exactement la même proposition mise sur la table mardi ».

DEUX MORTS EN MARGE DE LA GRÈVE À AMPLATS

Par ailleurs, un homme est mort brûlé vif et un autre a été tué par balle jeudi matin près d’une mine de platine d’Anglo American Platinum (Amplats) des environs de Rustenburg, dans le nord du pays, affectée par une grève depuis le 12 septembre, a indiqué la police.

« Vers 6 heures ce matin [jeudi], la police a été informée qu’environ 400 personnes s’étaient rassemblées au bidonville de Nkaneng, près d’une mine Anglo American Platinum. Lorsque les policiers sont arrivés sur place, ils ont constaté qu’un homme avait été touché par balle », a raconté le capitaine Dennis Adriao, le porte-parole de la police. Cet homme est mort dans l’après-midi à l’hôpital, a-t-il précisé. « La police a trouvé quelques mètres plus loin qu’un homme avait été brûlé. Il était encore vivant, mais il est mort sur place », a poursuivi le policier.

« Nous avons arrêté 40 personnes pour violence publique », a conclu le porte-parole de la police, ajoutant qu’il était « trop tôt » pour dire qui sont les victimes. Un autre groupe a été dispersé aux abords d’une autre mine, a-t-il aussi noté. Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12’000 mineurs – plus de 40 % de ses effectifs – à Rustenburg, où ses opérations sont quasi paralysées par une grève sauvage depuis le 12 septembre.

Presse esclavagiste (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 11 octobre 2012)


Afrique du Sud : la banque centrale inquiète de la fuite des capitaux

La crise sociale que traverse l’Afrique du Sud, agitée notamment par une vague de grèves sauvages dans les mines, a déjà commencé à mettre en danger l’économie du pays, a mis en garde la gouverneure de la banque centrale, qui s’inquiète notamment d’une fuite des capitaux.

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La gouverneure de la banque centrale sud-africaine, Gill Marcus, le 11 février 2012 à Pretoria

Alors que de fortes sommes étaient investies dans le pays jusqu’à ces derniers mois, les investisseurs ont perdu confiance avec les grèves, qui ont souvent été violentes.

Plus de 10 milliards de rands (900 millions d’euros) ont quitté le pays récemment, dont 5,6 milliards sur la seule journée de lundi, a relevé la gouverneure Gill Marcus devant les étudiants de l’université Rhodes à Grahamstown (sud), selon le journal local, le Daily Dispatch, de jeudi.

« Les perspectives (de l’économie) se détériorent rapidement en ce moment », a regretté Mme Marcus, qui s’exprimait mercredi.

Le rand, la monnaie locale, a atteint lundi son plus bas niveau en plus de trois ans face au dollar.

« Si nous voulons créer une démocratie stable, nous devons adopter des comportements qui créent la confiance dans nos institutions politiques, sociales et économiques et entre groupes sociaux », a dit Mme Marcus.

« Une telle confiance (…) doit être gagnée par des actions et des comportements appropriés », a-t-elle ajouté.

L’Afrique du Sud est touchée depuis deux mois par une vague de grèves sauvages qui a démarré de façon sanglante à la mine de platine de Marikana près de Rustenburg (nord), avant de s’étendre à tout ce bassin minier, puis à des mines d’or et dans un moindre mesure, de chrome et de charbon.

L’agitation sociale dans les mines se double d’un conflit, plus traditionnel mais tout aussi violent, qui affecte les transports routiers sud-africains depuis plus de deux semaines.

La « situation volatile » créée par les grèves violentes alimente un « cercle vicieux » de dépréciation de la monnaie, ralentissement de la croissance et, probablement, augmentation du chômage, a encore noté Gill Marcus, rappelant que l’Afrique du Sud, où le chômage touche officiellement un quart de la population active, avait perdu un million d’emplois pendant la récession de 2009.

Le Fonds monétaire international prévoit une croissance de 2,6% en Afrique du Sud cette année, et 3,0% l’an prochain, des taux jugés insuffisants pour créer les millions d’emplois dont le pays a besoin.

Presse esclavagiste (Agence Faut Payer, 11 octobre 2012)


Afrique du Sud : nouveaux licenciements de mineurs

Près de 3.600 mineurs se sont fait licencier mardi en Afrique du Sud, conséquence des mouvements sociaux affectant depuis le mois d’août le secteur minier du pays.

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Atlatsa Ressources Corporation, en partie détenue par le numéro un mondial du platine, Anglo American Platinum, a mis 2.160 grévistes de la mine de Bokoni à la porte. Ils ont jusqu’au 10 octobre au soir pour interjeter appel, a précisé la société.

Grèves illégales

Plus tôt dans la journée, Gold One International avait annoncé le renvoi de 1.400 travailleurs de la mine d’Ezulwini au sud-ouest de Johannesburg.

Notons que la justice Sud-Africaine a jugé que ces deux grèves étaient illégales. Vendredi dernier, la compagnie Anglo American Platinium s’est débarrassée de 12.000 employés.

46 personnes avaient été tuées

Les débrayages ont fait suite à une grève violente cet été dans la mine de Lonmin dans le township de Marikana. Des affrontements qui ont coûté la vie à 46 personnes, aboutissant éventuellement à des augmentations de salaire de plus de 20 %. Du coup, les employés des autres mines exigent des primes similaires.

Les sociétés minières, qui perdent des dizaines de millions de dollars, ont appelé les mineurs à négocier à travers leurs syndicats, plutôt que de débrayer sans préavis. Le syndicat national des mineurs d’Afrique du Sud a averti les sociétés de ne pas renvoyer leurs employés, faisant valoir que cela ne fait qu’exacerber les tensions.

Presse esclavagiste (VOA, 10 octobre 2012) via Solidarité ouvrière

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