Partie 61
En prison j’étais devenu un Mac Gyver pour cacher les téléphones portables je m’inspirais de tout et de n’importe quoi, tout ce que j’avais en cellule pouvait me servir de cachette potentielle, tellement que quand ils venaient faire une fouille dans ma cellule à Bois-d’Arcy, le chef venait avec une caisse à outils, mais pourtant ils repartaient souvent bredouilles, ils trouvaient rien car mon imagination était sans limite.
Un jour j’avais improvisé une cachette dans mon armoire, j’avais creusé l’extrémité du socle qui tenait la barre du porte-manteaux que je revissais puis suspendais sur la barre une dizaine de vestes, introuvable. J’ai subi des fouilles et des fouilles, jamais rien, mais un jour j’ai voulu faire plaisir à un ami qui venait d’avoir un téléphone, je lui expliquai la cachette que je venais de faire pendant une semaine en promenade, je lui montrai comment faire pour que sa cachette soit efficace, il réussit à le faire mais mal du coup dès la première fouille il se fait péter et oublie de m’en informer. Deux semaines plus tard ils me fouillent à mon tour puis trouvent la cachette où je cachais le téléphone c’était bizarre parce que ça fait des mois que j’avais cette cachette mais jamais ils avaient trouvé, je comprenais pas comment ils avaient fait, jusqu’à ce que le maton me dise : « Dis merci à ton pote on l’a attrapé il y a deux semaines et on a pensé que tout naturellement tu avais la même cachette, on avait vu juste. » Sans le vouloir mon pote avait cramé ma planque mais c’était involontaire donc tranquille.
Les matons m’appelaient SFR ou Orange tellement ils savaient que j’avais des téléphones, dès qu’ils m’en sautaient un j’en récupérais deux c’était notre seul plaisir, notre seul luxe que l’on pouvait s’offrir derrière les barreaux.
Un jour MDR on avait réussi par un ingénieux système de mettre un téléphone dans une boîte de conserve sans que cela se voie ni vu ni connu j’aurais même pu poser cette boîte en rayon chez Auchan, les gens n’y auraient vu que du feu et l’auraient achetée normal, on en mettait plusieurs dans un sac que l’on suspendait avec l’aide d’un fil par la fenêtre, le fil était attaché aux barres du lit, dès qu’on sentait un danger on coupait le fil et le sac tombait sous la fenêtre ni vu ni connu. Un jour lors d’une fouille on a mis en place ce fameux système qui a marché à merveille, les surveillants n’y avaient vu que du feu mais le problème c’est que le sac en retombant au sol s’est déchiré et toutes les boîtes de conserve se sont dispersées au sol, va pêcher des boîtes de conserve avec des yoyos mission impossible, en plus fallait surtout pas se tromper de boîte de conserve, laisse tomber on a mobilisé tout le bâtiment, tout le monde mettait son miroir par la fenêtre et regardait l’avancée de la repêche. Avec l’aide d’un carton de lessive accroché à un manche à balai suspendu à un morceau de drap, on a réussi à le repêcher à 6 heures du matin, on était trop contents, nos efforts avaient payé, on s’était relayés toute la nuit personne avait dormi mission de fou.
VOILÀ COMMENT FAIRE D’UNE MISSION GALÈRE UN SACRÉ SOUVENIR 🙂