L’Azawad contre vents et manœuvres
Entretien avec Ansari Habaye ag Mohamed
Nous publions ci-après l’interview de Ansari Habaye Ag Mohamed, membre de la coordination des cadres du MNLA de l’AZAWAD. Avocat de formation, Ansari Habaye Ag Mohamed est natif de Tombouctou. Il milite très tôt pour l’identité et la culture touarègues et a assuré le lien au début des années 90 entre les militants touaregs et les autres composantes amazighes. Très actif dans le soulèvement des années 90, Habaye représente, avec d’autres, le courant indépendantiste du mouvement touareg.
Dans cette interview Habaye explique lucidement les enjeux des luttes actuelles tant dans l’Azawad qu’au sein même du MNLA. Le combat armé a abouti à la libération complète du pays. Qu’il s’agit maintenant de bâtir. Tant sur l’important aspect idéologique (démocratie ou islamisme ?), que sur celui des valeurs sociétales des Touaregs, de l’éducation, ou encore de l’économie… Pour toutes ces questions, le soutien actif des Berbères du monde (diaspora ou voisins) est un levier factuel déterminant. Pour Habaye « L’activisme et la mobilisation amazighe aux quatre coins du monde a permis de faire connaître le sort dramatique des Touaregs. » Il poursuit en affirmant que « Si les Touaregs échouent ou disparaissent c’est l’originalité et la mémoire de la civilisation amazighe qui s’éteint définitivement. En revanche, si les Touaregs réussissent à prendre en main leur destin sur leur territoire, c’est le renouveau de la civilisation amazighe qui est consolidé ».
Tout est dit !
Tamazgha.fr : En janvier 2012, le MNLA prend les armes et déclenche les hostilités contre l’État malien pour la libération de l’Azawad. Pourquoi en-est-on arrivé là ?
Ansari Habaye ag Mohamed : Le déclenchement des hostilités militaires le 17 janvier 2012 à Menaka, ville mascotte de la lutte de libération s’inscrit dans la ligne historique de la détermination du peuple de l’Azawad à s’affranchir de l’occupation malienne, qui est, et reste, un cas de décolonisation inachevée !!!
Les Touaregs n’ont jamais accepté l’occupation de leurs territoires, la résistance aux invasions a été constante bien avant le dix-huitième siècle, pendant la pénétration coloniale et dès les premières heures de l’occupation malienne. Le 17 janvier 2012 n’est une surprise que pour ceux qui sont soit volontairement amnésiques, soit ne s’intéressant nullement à ce qui se passe dans cette partie du Sahara. Comme par le passé, ce énième soulèvement a été déclenché après plusieurs offres de négociations maintes fois proposées par le Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA) et les leaders touaregs, au régime déchu de ATT qui y a toujours répondu, soit par le mépris, soit par la tentative de manipulation.
Y a-t-il un lien entre ce soulèvement mené par le MNLA et tous les soulèvements qu’ont connus les Touaregs depuis 1963 ?
Les Touaregs sont un peuple pacifique, à la limite de la naïveté !!! Les prédicateurs musulmans arrivés dans l’espace saharien, notamment central, au onzième siècle ont propagé l’islam sans rencontrer aucune résistance parce qu’ils étaient arrivés pacifiquement. Les explorateurs, qu’ils fussent arabes ou occidentaux, avaient procédé de même… En revanche, les Touaregs ont toujours opposé une résistance farouche à ceux dont les velléités étaient sans équivoque dominatrices, qu’il s’agisse des Marocains en 1591, des roitelets songhaï dans leur sillage ou des Français au vingtième siècle.
Sans remonter aux premières confrontations entre Touaregs et colonnes françaises à partir de 1881, historiquement le premier soulèvement touareg date de 1916-1917 dans l’Azawagh, soulèvement conduit par Kawsen, précurseur du concept moderne d’État et de peuple touareg.
À l’orée des indépendances africaines, les notables, les érudits, les chefs de tribus et de confédérations, tous groupes communautaires confondus (Songhaïs, Peuls, Maures, Touaregs) avaient adressé une lettre, datée du 30 mai 1958 au Général de Gaulle pour demander l’indépendance de l’Azawad au même titre que les autres colonies. La réponse de la France arriva en 1960, le Soudan français accédait à l’indépendance sous le nom de Mali avec en prime l’Azawad comme cadeau de baptême.
Le peuple de l’Azawad va manifester son refus du fait accompli dès 1963 en se soulevant contre l’invasion malienne prenant la succession de l’occupation française. On ne reviendra pas sur la répression aux allures génocidaires (massacres collectifs des hommes et du cheptel) qui s’en était suivi avec la complicité de plusieurs régimes d’États voisins.
Il fallut trois décennies aux Touaregs pour se relever de ce drame et se soulever au début des années 90 afin de rappeler au Mali et au monde entier que les massacres et les génocides ne parviennent jamais à bout de la détermination d’un peuple à poursuivre la lutte de reconquête de la liberté et de la dignité à vivre sur son territoire. Les accords qui ont suivi (Tamanrasset, janvier 91 et Bamako, avril 92) n’ont jamais été appliqués en dépit des rappels par les touaregs de la nécessité de leur application pour la paix et la sécurité dans la sous région… Plusieurs secousses de moindre envergure sont venues rappeler aux régimes maliens le malaise dans l’Azawad (1998, 2003 et 2006). Le silence et des manœuvres dilatoires furent les seules réponses au mal être touareg !
Ce qui a démarré le 17 janvier 2012 ne résulte donc pas du phénomène de « génération spontanée ». Le Mali a démontré toute son incapacité à prendre en charge les préoccupations légitimes et légales d’un peuple et d’un territoire qu’il n’a ni conquis ni jamais soumis mais qui lui a été légué dans le cadre d’une décolonisation inaboutie. Le MNLA n’a fait que faire aboutir une étape décisive de la lutte de l’Azawad, celle de la libération territoriale et d’avoir posé pour la postérité la déclaration de l’État de l’Azawad indépendant !
Certains médias, notamment l’AFP, n’ont pas cessé, dès le début, de dire que le MNLA a des accointances avec les groupes islamistes présents dans l’Azawad, en particulier Ansar-Dine et Aqmi. Qu’en pensez-vous ?
S’il y a accointances et acoquinements, l’AFP devra surtout rappeler que c’est le Mali qui a accueilli depuis une douzaine d’années des groupes jihadistes et narco trafiquants avec lesquels il a traité et qu’il a encouragé à l’enracinement dans l’Azawad tout en en se faisant une rente bien juteuse versée gracieusement par les puissances occidentales au motif de renforcer les capacités maliennes en matière de lutte contre le terrorisme !
S’il y a une pierre à jeter, ce n’est certainement pas au MNLA mais plutôt à ceux qui paient les rançons et à ceux qui hébergent les groupes jihadistes et narco trafiquants avec lesquels ils traitent. Ceux-là sont les seuls responsables du chaos actuel dans l’Azawad, de la déliquescence de l’État malien et des risques d’instabilité sous régionale et de la menace pour la paix internationale.
Tout cela ne justifie pas cependant les malheureuses connivences avérées. Quelques membres du bureau politique du MNLA ont posé des actes d’une extrême gravité en contractant des engagements secrets avec le groupe islamiste Ansar Dine. En raison de leur caractère secret, en violation flagrante des lignes directrices du mouvement, ces actes, dans l’absolu, ne sauraient engager le MNLA, mais constituent bien une faute lourde de quelques membres du bureau politique du MNLA, quatre ou cinq personnes qui ont au quotidien la gestion politique du mouvement. La troupe, l’écrasante majorité des officiers, les cadres, les notables, les ulémas, les militants, toutes communautés confondues, ont découvert tout récemment, et de façon évidente, la félonie.
Mais rien de tout cela ne saurait justifier l’attitude ostentatoirement hostile de nombreux médias au combat d’un peuple pour sa liberté, sa dignité et sa justesse au profit du sensationnel et du vendable. Notre peuple a noté l’acharnement de l’AFP en particulier contre l’objectif indépendantiste du MNLA. Contre toute déontologie, le bureau de l’AFP à Bamako a poussé le délit jusqu’à attribuer des déclarations à certains parmi nous qui n’ont jamais parlé à la presse !
Les discours servis depuis quelques temps par des agences d’information et les allégations de collusion entre le MNLA et ces groupes ne visent qu’à faire échec aux acquis de la lutte de libération de l’Azawad !!! Ces acquis font plus peur que la menace terroriste que représente l’afflux massif de l’internationale jihadiste dans l’Azawad. Le MNLA refuse de servir de bouc émissaire aux forfaitures de l’État malien et de ses partenaires dans la sous-région et au-delà.
Ces mêmes médias ont rapporté que le MNLA a mené ses opérations militaires contre l’armée malienne en partenariat avec Ansar Dine, et parfois même Aqmi. Est-ce vrai ?
Pour des médias qui savent tout, souvent, plus que les officines officielles de renseignement, seule leur ignorance peut expliquer de telles allégations dans la mesure où il est établi que l’idéologie jihadiste ne tolère, pour quelques motifs que ce soit, de combattre aux côtés des taghaouts (littéralement païens), dans le cas d’espèce le MNLA étant considéré comme tel. Nous sommes formels, le MNLA n’a combattu aux cotés d’aucun mouvement jihadiste !!! Le MNLA a tenté par deux fois de prendre Aguelhoc sans y parvenir, et c’est après son retrait et l’avoir bien affaibli que les jihadistes tous seuls ont réduit cette position.
Combattant le même ennemi, il est arrivé que les opérations militaires convergent sur la même position mais cela n’a été ni planifié, ni concerté.
L’Azawad a traversé, fin mai, une véritable confusion avec des négociations annoncées entre le MNLA et Ansar-Dine. Ces négociations qui ont même abouti à des accords entre les deux mouvements signés le 26 mai. Ces négociations étaient-elles la volonté de l’ensemble des cadres, militants et combattants du MNLA ou juste l’initiative de certains de ses membres ?
L’écrasante majorité des militants de l’intérieur comme de l’extérieur et la communauté internationale étaient perplexes face au temps mis à mettre en place un exécutif de l’État de l’Azawad indépendant. Courant mai de nombreux cadres affluèrent à Gao à la demande du bureau politique du MNLA aux fins de mise en place du Conseil transitoire de l’Azawad (CTA). Finalement, le 17 mai et à la stupéfaction générale, sauf pour quelques membres du Bureau politique du MNLA, en lieu et place de la mise en place du CTA, nous avons été invité à valider un document portant cadre institutionnel et réglementaire de l’État islamique de l’Azwad élaboré sur la base d’un “accord MNLA – Ansar-Dine’’ dont personne, encore une fois, hormis le noyau évoqué ci-dessus ayant des affinités et des penchants islamistes, ne connaissait le contenu. Le texte fut, de toute évidence, rejeté. Les pourparlers furent relancés et vont perdurer en raison de la fronde des cadres, des notables et des organisations de la société civile de l’Azawad, dont les femmes en pointe. Finalement, un texte consensuel MNLA fut élaboré avec l’appui des cadres. Ce texte posait clairement les termes du protocole d’entente et fut accepté en plénière par le MNLA au nom de l’unité touarègue. À notre grande surprise, le texte soumis à la signature officielle des deux parties le 26 mai à Gao, n’avait plus rien à voir avec celui qui a obtenu le consensus dans la matinée en réunion plénière du MNLA.
Vous faites partie du Collectif des cadres de l’Azawad qui a rendu public une déclaration dénonçant les accords MNLA-Ansar Dine. Pourquoi avez-vous dénoncé ces accords ?
C’est dans la soirée même du 26 mai que la détermination à dénoncer le protocole a pris corps. Il fallait la matérialiser et c’est cela qu’ont fait la quasi-totalité des cadres du MNLA (réunis en une Coordination des cadres de l’Azawad mise en place le 27 mai 2012) après avoir informé et consulté de nombreuses notabilités, des ulémas, des officiers supérieurs, les coordinations des camps de réfugiés, les organisations de la société civile de l’Azawad et les membres du bureau politique non impliqués dans les manœuvres dilatoires. Suite à cette déclaration et à celle du bureau du MNLA en Mauritanie, ainsi que des déclarations individuelles de certains membres du bureau politique, la direction du MNLA à Gao a procédé à la suspension de l’accord et a finalement accepté de mettre en place le Conseil de transition de l’Azawad… Mais cela ne suffit pas, la direction politique devra définitivement renoncer au protocole d’entente et à l’idée d’un État islamique.
L’accord a été dénoncé parce que contre nature, compromet notre combat séculier pour la liberté, la dignité et la tolérance qui sont les valeurs cardinales du peuple de l’Azawad dans sa diversité. Il constitue une négation flagrante de l’identité, de la culture et du courant religieux traditionnel du peuple de l’Azawad qui n’aspire qu’à vivre en harmonie avec tous les autres peuples voisins immédiats ou lointains, sans distinction de croyances. Il a été dénoncé parce qu’il porte les germes d’un amalgame préjudiciable avec des groupes dont tout nous distingue, parce qu’il impose aux populations de l’Azawad des corps étrangers que le Mali leur a préalablement imposés !
Il a été dénoncé, enfin, parce que si les États bien établis peuvent s’offrir le luxe d’entretenir des liens avec des nébuleuses jihadistes ou mafieuses, parce qu’ils en ont les moyens et peuvent en assumer les conséquences ; l’État de l’Azawad, quant à lui, ne le peut guère… Il est paradoxalement plus objectif de les combattre que de s’y associer… Ce faisant, l’Azawad préserverait au moins son âme !
Comment analysez-vous la situation de confusion qui règne au sein du MNLA actuellement ?
Il n’y a véritablement pas de confusion, une partie de la direction politique du MNLA a emprunté une voie totalement rejetée par la majorité de notre mouvement. Il faudra un peu de temps pour rétablir l’ordre. Cela se fera soit dans le cadre d’un congrès extraordinaire du mouvement qui sera convoqué dans les meilleurs délais, pour une restructuration du MNLA, soit par l’implosion du Mouvement. On préfère ne pas arriver à cette option. Dans tous les cas, la lutte pour l’Azawad se poursuit.
Le Conseil transitoire de l’État de l’Azawad, annoncé le 11 juin 2012, comprend un chargé de l’orientation et de la prédication islamique. Pensez-vous que l’Azawad a besoin de cela notamment si l’on prétend fonder un État laïc ? Et n’est-ce pas tout simplement contradictoire ?
Le nombre pléthorique des membres du CTA ne se justifie pas. Il eut fallu commencer par les départements qui prendraient en charge les questions les plus urgentes (administration du territoire, sécurité intérieure, affaires étrangères, défense nationale, action humanitaire, justice, finances, dialogue communautaire et cohésion sociale). Les modalités de désignation de ses membres sont anachroniques, beaucoup de titulaires n’ont ni l’expérience, ni le profil requis.
Un département de l’éducation aurait suffit largement, nous n’avons pas besoin de prédication. Nos ulémas, une fois responsabilisés, prendront en charge cette question. L’Azawad est un État civil, l’islam est la région des Azawadiens, la forme républicaine est le seul régime qui vaille pour nous. C’est la seule option qui rassemblerait les communautés de l’Azawad. L’Azawad n’est ni la Tunisie, ni la Libye et encore moins l’Égypte ! Notre printemps n’est pas du style des printemps de ces pays. L’Azawad est une situation originale qui a ses propres spécificités.
Que pensez-vous de l’intervention pour le moins surprenante de Bilal ag Achérif à Jeune Afrique ?
Surpris, je ne le suis plus. Ce qui me surprend c’est l’attitude ambiguë de quelques cadres, lesquels en dépit de leur immense expérience et des convictions affichées ont accepté de cautionner cette interview, sachant tout le danger de son contenu.
De toute évidence, la résistance a déjà commencé. Dans l’Azawad apparaît sur les murs, les banderoles, un slogan évocateur chantonné de plus en plus par les femmes et les jeunes : « vous vous êtes servis et re-servis… mais sachez que l’Azawad n’est plus à marchander ! »
Le Collectif des cadres de l’Azawad a-t-il des projets ? Lesquels ?
Pourquoi des voies s’agitent et des initiatives africaines et internationales sont entreprises pour une intervention armée dans l’Azawad alors que Le MNLA mais aussi les cadres de l’Azawad ont toujours démontré leur ouverture au dialogue et posé des actes concrets et vérifiables de leur disponibilité à la négociation ?
Curieusement, les Touaregs et personne d’autre n’ont jamais entendu ces leaders africains et d’ailleurs évoquer la moindre réprobation quand les régimes successifs de Bamako massacraient les Touaregs.
De telles attitudes sont incompréhensibles et laissent croire aux Touaregs que la sous-région et l’Afrique ne leur font aucune place, encore au vingt-et-unième siècle.
Le collectif en cours de formalisation compte assumer pleinement ses responsabilités, celles d’éclairer notre peuple dans toutes ses composantes, mais aussi les États voisins et la communauté internationale afin qu’ils réagissent avec responsabilité et discernement dans leur démarche de sauvegarde de la stabilité sous régionale et de la paix internationale. La question humanitaire, en particulier le drame que vivent les populations intérieures qui n’ont plus accès aux services sociaux de base et de moins en moins à la nourriture, est inquiétante et constitue un des points prioritaires. La situation des réfugiés dans les pays d’accueil est inscrite dans notre agenda.
L’information et la sensibilisation de ces victimes permanentes du conflit nous préoccupe et interpelle. À terme, cela permettra de les impliquer effectivement dans la gestion du problème à travers des canaux endogènes. Dans les camps de réfugiés, les niveaux de prise en charge, même si globalement sont acceptables, sont loin d’être satisfaisants. La prise en charge médicale est très insatisfaisante ; les enfants ne vont toujours pas à l’école ; les abris sont majoritairement précaires et la sécurisation des réfugiés, notamment sur le plan juridique, est défaillante.
La stabilisation de la situation dans l’Azawad est l’un des chantiers à engager immédiatement. Cela passera forcement par l’assainissement de l’appareil politique du mouvement.
Ainsi, il sera planifié dans les meilleurs délais la tenue d’un congrès extraordinaire pour restructurer le mouvement et mettre fin à la confusion actuelle. L’un des facteurs de stabilisation est aussi la prise en main de la sécurisation des hommes et du matériel des forces combattantes afin qu’ils ne tombent pas aux mains de groupes avec lesquels nous ne partageons pas les idéaux.
Le Collectif engagera des missions d’information sur la situation d’ensemble de la question auprès des États du champ et hors champ. Ce sera aussi l’occasion de réitérer notre ouverture au dialogue et confirmer notre disponibilité à négocier dès que les conditions minimales seraient réunies (en particulier la stabilisation de la situation à Bamako).
Aussi, nous travaillons à la consolidation du dossier « crimes » (l’État malien a perpétré des crimes contre les touaregs entre 1963 et 2012) et sa transmission au dispositif judiciaire international et sous régional africain.
Enfin, nous œuvrons à l’approfondissement et la réactualisation du dossier « négociations’ » avec l’État malien.
Comment voyez-vous l’avenir de l’Azawad ? Et pensez-vous que l’espoir est toujours permis pour la libération de l’Azawad et l’instauration d’un État indépendant ?
La conviction que nous avons raison et l’espoir ont toujours nourri la lutte touarègue et il n’y a pas de raison à ce qu’ils s’estompent. Notre peuple a connu des adversités plus amères, il y a survécu. L’Azawad est à portée de main, nous avons la responsabilité, la capacité et l’énergie indispensables à surmonter les difficultés et d’arriver enfin à prendre notre DESTIN en main. C’est cela qui compte et non le mot indépendance !
Que peuvent apporter Imazighen d’Afrique du Nord ou de la diaspora au combat de l’Azawad ?
Beaucoup et plus qu’ils ne le pensent !!! L’activisme et la mobilisation amazighe aux quatre coins du monde a permis de faire connaître le sort dramatique des Touaregs aux confins du Sahara dans un contexte sous régional timidement démocratisé, gangrené par la mal gouvernance et la corruption sur les deux rives du Sahara, sous la menace d’un islamo narco trafic international de plus en plus prégnant.
Faire comprendre aux Imazighen que le combat des Touaregs est aussi le leur, et que si les Touaregs échouent ou disparaissent c’est l’originalité et la mémoire de la civilisation amazighe qui s’éteignent définitivement. En revanche, si les Touaregs réussissent à prendre en main leur destin sur leur territoire, c’est le renouveau de la civilisation amazighe qui est consolidé. Le fait de pré-positionner plusieurs milliers de jeunes imazighen prêts à venir se battre aux côtés des Touaregs à la demande a été fortement apprécié et devra être pris en compte par ceux qui se musclent et gesticulent pour casser du touareg !
Certains États ont du mal à accepter le droit des Touaregs à se soulever contre les injustices et à vouloir prendre en main leur destin… Aidez-les à comprendre que cette attitude est révolue. Mieux encore ; aidez-les à s’abstenir de toute obstruction faute de contribuer au rétablissement de la justice pour un peuple qui a tant souffert sans y être pour quelque chose.
Propos recueillis par Masin Ferkal – Tamazgha le site berbériste, 21 juin 2012
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