Attentats de Paris : la piste rouge-brune
Avertissement: Le texte qui suit n’est que la libre expression d’une opinion assez largement partagée dans l’Est de l’Europe. Ceux qui s’alarmeraient déjà d’un délire conspirationniste inspiré par quelque CIA s’abstiendront de le lire : cela leur évitera d’avoir à se relaver le cerveau après usage.
La superstition chrétienne, prolongée par le cinéma hollywoodien et exploitée par la Française des Jeux, fait du vendredi 13 un jour maudit ou béni. C’est le jour où l’on tente sa chance dans l’espoir de toucher le jackpot, savaient forcément les organisateurs du massacre du 13 novembre 2015 à Paris. Mais ceux qui sont morts ce soir-là ignoraient qu’ils jouaient leur vie dans un autre genre de loterie, où ils avaient tout à perdre et rien à gagner ; pendant que ceux qui l’avaient organisée en engrangeaient tranquillement les bénéfices, comme ferait une Multinationale des Jeux de Massacre.
L’État français peut bien dire ce qu’il veut, nous savons qu’il ment, comme toujours, et d’abord par omission : à quoi lui serviraient tous ses coûteux « services » d’espionnage et de contre-espionnage, s’ils ne surveillaient pas de très près, ici et là-bas, les réseaux des principaux ennemis déclarés du pays ? Réseaux sectaires de recrutement ; réseaux mafieux de trafic d’armes, de pétrole, d’antiquités ; soutiens idéologiques et logistiques, qui ne sont pas si nombreux, d’une organisation qu’il est facile d’infiltrer : chacun sait que Daech embauche à tout-va n’importe quel taré. Chacun devrait aussi savoir qu’en l’occurrence, la seule difficulté provient de ce que surveillants et surveillés sont collègues : l’hebdomadaire allemand à grand tirage Der Spiegel publiait l’an dernier les preuves – recueillies par les révolutionnaires d’Alep quand ils tuèrent, en janvier 2014, l’un des cofondateurs et principaux dirigeants opérationnels de cette secte terroriste – que Daech est une création des services secrets du régime déchu de Saddam Hussein, exploitant cyniquement l’idéologie « islamiste » et le mythe du « califat » pour restaurer l’État totalitaire qui leur avait si bien profité jusqu’à l’invasion américaine de 2003. Mais Saddam est mort, et il faut bien que ces chiens sanguinaires se soient trouvé un nouveau maître, capable de leur garantir sinon l’impunité, du moins une efficace protection, et une rente rondelette pour leurs enfants : ces gens ne travaillent pas à un moindre salaire. Qui est ce nouveau maître, c’est ce que doit savoir l’État français ; et c’est donc aussi ce qu’il cache au public. Les raisons d’une telle discrétion, qui laisse délibérément libre cours aux rumeurs (l’Arabie Saoudite ? le Qatar ? la Turquie ? pour le compte des États-Unis ? semble la plus communément admise en France, mais aussi la plus fausse ; le régime de Bachar el-Assad lui-même, diront non sans raison les individus les mieux informés ; mais qui tire les ficelles du peu qui subsiste du régime de Bachar ?) sont même évidentes. Une première conclusion s’impose immédiatement : les maîtres de Daech sont tellement puissants et redoutables que l’État français préfère feindre (à merveille) la bêtise irresponsable plutôt que de les combattre ouvertement.
Depuis le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo en janvier dernier, nul en France n’a paru vouloir prendre en considération un fait pourtant peu discret : la manifestation géante de Grozny, organisée par le jeune dictateur tchétchène Ramzan Kadyrov, valait revendication, dans le langage spécial du totalitarisme, de l’attentat de Paris. Kadyrov déclarait alors, aux centaines de milliers de personnes qu’il avait rassemblées au nom d’Allah : « Nous n’autoriserons jamais qui que ce soit à insulter notre prophète », avant d’ajouter : « Nous voyons que l’Europe n’a pas tiré de leçons des événements sanglants de Paris. Au lieu de condamner les tireurs et ceux qui les ont provoqués en publiant leurs caricatures, les autorités françaises ont organisé un spectacle de rue en faveur d’une permissivité excessive. » (Traduction d’Isabelle Mandraud pour Le Monde du 19 janvier 2015.) C’est quasiment dans les mêmes termes que Daech a revendiqué le massacre du Bataclan. Le même Kadyrov avait donné peu auparavant l’exemple d’un spectacle qui n’avait rien de « permissif » : le 29 décembre 2014, il réunissait vingt mille tueurs en uniforme dans le grand stade de Grozny pour beugler : « Nous sommes l’infanterie de Vladimir Poutine, il faut que tout le monde le sache. » Le maître et le valet affichent aussi leur appartenance au fameux gang de bikers « patriotes » « Les Loups de la Nuit », qui ne sont pas exactement le genre de bikers qu’on imagine goûter l’humour particulier des Eagles of Death Metal (dont le logo représente l’aigle américain dominant l’étoile rouge renversée). D’un bout à l’autre de l’empire russe décomposé, la violence et la corruption généralisées ont produit des dizaines de milliers d’individus sans foi ni loi, violeurs, pillards et assassins vendant leurs services au plus offrant. Les Tchétchènes et les Géorgiens fournissent le gros des jeunes recrues de Daech, témoignaient en janvier 2014 les résistants d’Alep. Mais toutes les nationalités y sont les bienvenues : Daech est désormais une armée terroriste internationale – une de plus –, créée pour être la deuxième mâchoire de la tenaille qui doit broyer la révolution syrienne – un rôle auquel aucune grande puissance ne trouve rien à redire.
La donne a changé quand le peuple ukrainien s’est à son tour soulevé contre la dictature de la mafia poutiniste, ce que celle-ci a interprété sur-le-champ comme une déclaration de guerre : envoyant donc toute une armée se faire hacher menu dans le Donbass par les bataillons de volontaires dont elle avait sous-estimé la force morale, à force de répéter qu’ils n’étaient qu’un ramassis de nazis, de youpins et de pédés, des sous-hommes en un mot. C’est dans le contexte de cette vaste offensive illégale, peu après l’annexion de la Crimée et avant l’invasion du Donbass, que Daech s’empara soudain de la moitié de l’Irak – et la coalition qui avait vaincu deux fois Saddam, en 1991 et en 2003, s’est reformée une fois de plus, moins déterminée que jamais à vaincre vraiment, par crainte cette fois d’un effondrement de toute la région dans le chaos le plus complet. En 2003, l’État français s’était abstenu de participer à l’invasion de l’Irak, au nom d’on ne sait plus quels grands principes bidon ; en réalité parce qu’il répugnait à contribuer à la chute de l’ami Saddam, qui appréciait le savoir-faire français à sa juste valeur et avait beaucoup promis à Total. En 2014, ces scrupules « pacifistes » n’étaient plus qu’un souvenir, et l’État français pouvait d’autant moins se défiler qu’il est dépendant de l’aide américaine pour maintenir l’ordre néocolonial en Afrique de l’Ouest ; et il annonçait en même temps, sous la pression de l’OTAN qui s’inquiète à juste titre d’une modernisation de la marine russe, qu’il rompait le fameux contrat portant sur la vente des « Mistral » très imprudemment négocié par l’inamovible général Puga sous la présidence de Sarkozy. On se demande quel jobard peut encore faire mine d’ignorer que la Russie est gouvernée par une mafia ultraviolente et sans pitié ; et que l’on ne rompt pas un contrat passé avec cette mafia. Il ne sert à rien de lui rembourser rubis sur l’ongle ses investissements, à la manière d’un petit commerçant incapable d’honorer la commande d’un client : dans ce milieu, on solde ses comptes à l’arme de guerre. Sinon en planifiant d’improbables « accidents » : tel celui qui nous débarrassa du « grand commis de l’État » qu’était le patron de Total, tué par un ivrogne qui s’encastra malencontreusement dans son avion de fonction. Le message était clair : il n’y a plus rien à négocier, il faut respecter le contrat en livrant la marchandise. Comme était claire la réponse de l’État français aux commanditaires des tueries de janvier : « Tout est pardonné. » Les imbéciles qui nous gouvernent croyaient encore que tout pourrait s’arranger avec une simple promesse d’impunité. Criminelle erreur : cela revenait à tendre l’autre joue, comme le masochisme chrétien le prescrit.
Les « Mistral » ont été finalement refourgués à l’armée égyptienne, qui extermine ses opposants mais n’envahit pas ses voisins, ce qui en fait un honnête partenaire commercial. Peu après, un avion rempli de touristes russes explosait au-dessus du Sinaï : ce qui nuit à l’économie égyptienne sans générer d’enquête internationale indépendante, comme il arrive quand on se trompe d’avion dans le Donbass (il est probable que c’est alors un avion civil russe qui était déjà visé : crime qui devait être attribué à la « junte nazie de Kiev », pour servir de prétexte à l’invasion massive de l’Ukraine). Cet attentat, comme ceux qui ont visé la gauche turque à Ankara et la base arrière du Hezbollah à Beyrouth, prouve en tout cas que Daech n’épargne pas plus les « citoyens » russes que les partis mollement poutinistes : car la terreur sert aussi à attiser la haine et le fanatisme chez ceux qui en sont victimes. Ce calcul cynique fait de toute évidence partie du plan mis en œuvre en France.
Comme par une heureuse coïncidence, le parti censé récolter l’essentiel des bénéfices politiques du terrorisme « islamiste » est aussi le parti qui s’est vendu aux maîtres du Kremlin : le Front National. L’extrême-droite française sait bien qu’elle n’est jamais parvenue au pouvoir qu’en trahissant sa bien-aimée Patrie au profit d’un dictateur paranoïaque assoiffé de revanche. Orpheline de Hitler, elle espère aujourd’hui la victoire de Poutine, censé incarner le retour à l’ordre moral, parce qu’il pille sans vergogne les sujets de son empire, les fait enfermer ou assassiner selon son bon plaisir et garantit l’impunité à la racaille qui ratonne les immigrés, les punks, les homosexuels et les hippies coupables de s’être isolés après le crépuscule. Ces moscoutaires « patriotes » qui se présentent comme des « résistants à la mondialisation » ont eux-mêmes été si bien mondialisés qu’ils ne défendent même plus les intérêts supérieurs de la bourgeoisie nationale, comme le firent certains résistants maurrassiens ; mais s’exhibent vulgairement à l’étalage du marché mondial de la corruption. S’ils rêvent éveillés le triomphe de la mafia poutiniste, ce n’est évidemment pas dans le but de relever l’étendard de la Résistance gaulliste, comme ils le répètent en boucle ; ni même de diriger le pays en s’inspirant de Pétain (ce serait plutôt l’ambition de Sarkozy) : c’est pour se remplir les poches à la manière de la Gestapo française de la rue Lauriston. Ils connaîtront le même sort à la prochaine Libération.
En détruisant la Syrie, Poutine et ses valets sur le terrain – Bachar et Daech – n’entendent pas seulement punir une population qui a eu l’outrecuidance de se révolter, mais aussi submerger l’Europe d’une masse de réfugiés devant y aggraver la crise sociale et politique, en réplique aux sanctions économiques autant qu’au flot d’inutiles leçons de morale humanitaire déversé à chaque nouvelle horreur par l’hypocrite bourgeoisie européenne (après tout, Poutine ne fait rien de pire que ce que Mitterrand fit au Rwanda, et Bachar et Daech pourraient presque passer pour des amateurs en comparaison du gouvernement génocidaire formé début avril 1994 à l’ambassade de France de Kigali). C’est pourquoi l’un des kamikazes qui se firent exploser à Saint-Denis devait abandonner sur place ce vrai-faux passeport syrien « prouvant » la dangerosité de ces millions de malheureux qui n’aspirent qu’à la fin de toute cette barbarie, comme un cadeau offert en avance par le père Noël à l’extrême-droite européenne. Mais non, pas par le père Noël : ce barbu-là n’est opérationnel que le 25 décembre, jour qui correspond, dans le calendrier orthodoxe, à notre 7 janvier ; de même que notre 13 novembre fut en Sainte Russie le 31 octobre : la nuit de Walpurgis, la fête des morts, Halloween, le soir où les gamins sortent s’amuser dans la rue déguisés en monstres, en quête de bonbons et de friandises.
S’il en est un qui amasse plein de petits cadeaux dans la foulée du massacre de Paris, c’est bien Poutine, toujours lui : bonbons militaires, tels ce savoureux renfort apporté par l’aviation française en Syrie ; friandises diplomatiques, telles ces sucrées invitations à venir se faire lécher les bottes dans des salons dorés. Bien sûr, faire des risettes et offrir des récompenses au principal commanditaire du terrorisme planétaire ne l’amènera pas à s’amender. Comme disent les commentateurs sportifs et politiques, on ne change pas une équipe qui gagne. Le « rapprochement avec la Russie » publiquement proclamé par l’État français dans la foulée du massacre du 13 novembre relève ainsi de la même absurde stratégie que le très chrétien pardon accordé aux terroristes en janvier ; d’autant plus que ce n’est là qu’un nouveau mensonge démagogique, le gouvernement Hollande-Valls n’ayant sans doute pas l’intention, et certainement pas les moyens, de céder sur tous les points aux capricieuses exigences de la mafia poutiniste. Le sang coulera donc encore, inévitablement, puisque celle-ci n’aime pas du tout qu’on lui mente : peut-être s’estime-t-elle même seule autorisée à mentir, en tant qu’héritière en titre du mensonge stalinien ? Elle suit d’ailleurs d’assez près la politique française – depuis son ambassade-centre d’écoutes – pour savoir qu’il n’y a que le parti de Le Pen (Mélenchon ne compte pas : personne, nulle part, ne veut de lui, sinon pour s’en servir comme d’un vieux mégaphone) qui s’intéresse sincèrement à la véritable alliance franco-russe telle qu’on la conçoit au Kremlin, théorisée par la « Nouvelle Droite » néonazie, Alain de Benoist en France et son disciple Alexandre Douguine en Russie étant les gourous officiels de cette idéologie explicitement contre-révolutionnaire, fondamentalement raciste et antisémite, impérialiste et militariste, néo-chrétienne intégriste et néo-païenne. Faire régner l’Ordre est le seul idéal de cette pensée-caméléon, au service exclusif des hautes sphères du capital et de l’État, et qui trouve surtout à s’employer quand réapparaissent les spectres de la révolution et de l’anarchie : donc aujourd’hui.
Cette idéologie triomphait déjà dans l’entourage et la cervelle en compote de Sarkozy quand il battait campagne pour sa réélection, en 2012, confiant en la stratégie de Patrick Buisson qui lui jurait qu’elle était infaillible, pendant qu’une abracadabrante série de « dysfonctionnements » des services secrets permettait à Mohammed Merah de mener à bien son projet lui aussi inspiré du pétainisme, le meurtre d’enfants parce que « juifs » – l’ex-préfet et ministre Papon n’a purgé qu’un dixième d’une peine de dix ans pour avoir fait la même chose à bien plus grande échelle ; et l’on n’oublie pas qu’il ne manquait pas de beau linge pour venir à son procès témoigner de sa haute moralité. Les temps ayant changé, l’indicateur Merah n’espérait sans doute pas être promu haut fonctionnaire en récompense de ses crimes ; mais n’avait pas perdu son droit à un procès équitable – souhaité aussi par les familles des victimes. Fut-il exécuté pour avoir cru qu’il pourrait aisément, comme Papon, faire témoigner en sa faveur ces messieurs du Corps préfectoral ? Ce n’est pas plus absurde que d’imaginer que Dieu le recevrait en son Paradis. Dieu ne fit même pas de miracle électoral en faveur de Sarkozy, qui en fut brièvement dégoûté de la politique, avant d’y revenir faute d’avoir trouvé un autre emploi que parler pour ne rien dire dans des conférences mortelles d’ennui. Mais la courte absence du capitaine a suffi pour que ses « amis » – à commencer par les plus visibles, qui dirigent quelques journaux et chaînes de télévision – commencent à quitter le parti en perdition pour aller faire du pied à un Front National « dédiabolisé » par ses propres diatribes fascistes. Reconnaissons cependant à Sarkozy un courage qui n’a rien à envier aux kamikazes de Daech : il se rendait dernièrement à Moscou pour tenter de convaincre Poutine qu’il reste un homme d’avenir, alors que c’est lui qui a promis les « Mistral », entre autres folies désastreuses et irréparables. Qu’il en soit revenu vivant est déjà un pur miracle, qui laisse à penser que Dieu lui réserve une mort plus édifiante qu’un banal accident : sans prétendre prédire l’avenir, nous lui suggérons de prendre toute sa petite famille avec lui et d’aller se terrer dans un bunker secret, et surtout, surtout, de n’en sortir jamais, sous aucun prétexte, les jours de fête marqués sur le vieux calendrier orthodoxe. Dans quel monde idéal croit-il vivre ? Déjà deux de ses proches, les patrons du restaurant corse de Neuilly, qui n’ont a priori jamais rien fait de pire que le nourrir parfois d’un bon petit plat, sont morts dans l’enfer du Bataclan. Hasard ou non, les terroristes ne font de toute façon plus dans le détail : ce sont tous les habitants de ce pays, qui a eu le tort d’élire une fois ce sinistre crétin, qui sont par sa faute en danger de mort.
Encore une fois, les monstrueux « dysfonctionnements » de la police secrète, qui donne l’impression de surveiller tout le monde sauf les tueurs psychopathes qui vont et viennent entre l’Europe et la Syrie, forcent à prendre sérieusement en considération l’hypothèse de « complicités internes », comme a dit le président Hollande au nom de l’État. Que les enquêteurs, s’ils sont honnêtes, cherchent donc du côté des partisans du Front National qui pullulent dans la police et dans les services, ils gagneront du temps et seront pour une fois utiles à leur pays. Malheureusement, le problème est d’une telle dimension qu’il y a gros à parier que les « complices internes » des terroristes disposent de tous les moyens nécessaires au sabotage de l’enquête, s’ils n’en sont pas eux-mêmes déjà en charge. Les communications avec la Belgique fonctionnent parfaitement ; c’est même un aspect important du problème : les services belges semblent aussi pourris que leurs homologues français. On n’attendra évidemment rien de bon du renforcement annoncé de leur « coopération ».
Pour en finir avec le terrorisme, il faut en finir avec ceux qui en tirent profit. Déclarer publiquement la guerre à Poutine et Bachar serait un remède pire que le mal, équivalant à rien moins que déclencher la troisième guerre mondiale. Le gouvernement « socialiste » s’est donc senti contraint d’annoncer un grand tournant lepéniste de sa politique extérieure, après avoir fait la même chose en politique intérieure dès avant les attentats de janvier. Il espère naïvement obtenir le répit dont il a besoin pour convaincre les électeurs qu’il est le seul qualifié pour sauver la France et le monde – ce pour quoi il s’était porté volontaire pour accueillir la 21e Conférence des parties sur le changement climatique. La grande kermesse écologiste, cette fois, n’a même pas eu besoin de commencer pour finir en catastrophe. La planète continuera donc de se réchauffer, ce qui n’est pas pour déplaire aux propriétaires en titre de la Sibérie, qui projettent de l’aménager en nouvelle Côte d’Azur. (On ne sait ce qu’ils ont prévu de faire des millions de cadavres de prisonniers du Goulag enterrés dans le permafrost quand ils commenceront à se décomposer : l’ambiance pourrait bien n’avoir rien à envier à celle des plages méditerranéennes après la perte d’une cargaison d’esclaves modernes.) Les terroristes, de leur côté, ont un an et demi devant eux pour organiser de nouvelles attaques, avec pour objectif de pousser l’électorat français dans les bras de Le Pen, qui s’empressera de céder à Poutine tout ce qu’il lui demandera, puisqu’elle n’a pas d’autre choix : souscrire une dette auprès de cette mafia ! En millions d’euros, alors que chacun sait qu’elle estime la vie humaine à moins d’un kopeck ! Si cette folle est élue, il lui faudra mettre à sac tout le pays pour rembourser les intérêts ; et elle devra toujours le principal.
Si le nœud du problème réside au Kremlin, la seule solution raisonnable passe par le réveil des peuples de l’empire russe. La révolution ukrainienne a déjà sapé en profondeur tout l’édifice : en réussissant tant bien que mal à maintenir son cap initial dans la tempête, elle pose les bases du vrai dialogue nécessaire entre l’Europe et la Russie : à commencer par l’exclusion des idéologies totalitaires et la répression de la corruption. Dans cette guerre révolutionnaire, la mafia poutiniste perd tant qu’elle ne gagne pas, et le mouvement des volontaires d’Ukraine gagne tant qu’il ne perd pas. L’armée russe a essuyé de pires pertes en un an dans le Donbass qu’en dix ans dans le bourbier afghan, pour un résultat encore plus humiliant. C’est d’abord parce qu’il est plus que jamais aux abois que Poutine multiplie les démonstrations de force et se montre si féroce. Il est d’autant plus scandaleux que tant de monde en France se fasse encore l’écho de sa propagande, en parlant par exemple de « rebelles séparatistes pro-russes » pour désigner des divisions blindées de l’armée régulière, des forces spéciales tchétchènes – autrement dit des terroristes islamistes – et des mercenaires nazis ; ou en prenant pour argent comptant les résultats, toujours les mêmes, de « sondages d’opinion » aussi fiables que les « aveux spontanés » des anciens procès de Moscou ; ou en faisant croire que l’aviation russe a reçu l’ordre de détruire Daech, alors qu’elle est bien capable de bombarder « par erreur » une base de l’armée de Bachar, dont les soldats peut-être ne voulaient plus se battre. Chaque jour s’étale quelque part dans la grande presse un article frisant l’apologie du terrorisme. Quant aux divers experts en « nouvelles menaces » qu’on entend parfois dénoncer le terrorisme de « l’ultra-gauche », du Black Bloc ou des zadistes, il serait temps de les mettre hors d’état de nuire : en entretenant méthodiquement la confusion entre terrorisme et révolte ou révolution, ils sont les premiers sergents recruteurs de Daech. Chacun peut donc lutter à son humble niveau contre le terrorisme : en fermant leur clapet aux menteurs poutinistes ; en soutenant le mouvement des comités locaux de Syrie, le mouvement des volontaires d’Ukraine, les grèves des salariés du pétrole du Kazakhstan, les revendications fédéralistes des Sibériens, les comités de soutien aux rebelles emprisonnés ; et bien sûr en relayant la vraie parole du peuple russe, parole de révolte contre la misère, l’oppression, la guerre, le mensonge. On pourrait même faire beaucoup plus : rien ne favoriserait davantage une nouvelle Révolution russe qu’une nouvelle Révolution française, dont le programme minimum serait d’achever enfin le travail bâclé à la Libération : car c’est d’abord en purgeant la police et en fusillant les fascistes que nous ferons perdre aux terroristes tout espoir d’aboutir à leur objectif. Nous serions même d’accord pour leur livrer Sarkozy et le général Puga pieds et poings liés par charter spécial pour Moscou, Grozny ou Raqqa ; et s’ils s’estimaient encore lésés, tous nos présidents encore vivants et tous les généraux de l’état-major. Peut-être alors aurons-nous enfin la paix, l’amour et la fête pour lesquels sont morts tant d’honnêtes gens, qui n’avaient jamais fait de fausse promesse à aucun émissaire de la mafia.
Non loin de Paname, le 21 novembre 2015
Les amis français de Nestor Makhno
Paru sur le site des Éditions Antisociales