Les nouveaux métiers en tension : devenez apostat
On ne naît pas anarcho-syndicaliste (ou ce que vous voulez), on le devient… Par contre, certain(e)-e-s naissent pratiquement catholiques malgré eux à quelques semaines ou mois. Malgré eux, ils le restent à l’âge adulte … par paresse ? Après tout, on a d’autres chats (noirs) à fouetter, d’autres priorités que de s’user avec des histoires de curés. Certes, mais alors qu’on détourne pudiquement le regard de l’Église, on lui laisse le champ libre pour utiliser son nom dans les combats les plus douteux. Dernier exemple en date, la « marche pour la vie » dont je ne saurais trop vous conseiller le site internet. On y lit le soutien de nombreux évêques et du Pape, des associations familiales catholiques déversant le discours habituel anti-IVG, anti-homosexualité, sexiste et toute la panoplie patriarcale classique assaisonnée aux louanges faites au gouvernement espagnol. On y ressort sans sourciller certains vieux slogans franquistes — « viva España ! » — ; on a pas eu droit à « viva la muerte », pour des pro-life, ça brouille le message. Enfin, on y remercie les députés qui luttent à l’assemblée par leurs amendements contre l’IVG (tiens, une certaine Mme Dalloz chère aux Haut-Jurassiens dont le nom figure entre ceux de Maréchal-Le Pen et de Bompard). Bref, la « collaboration » entre élus et Église n’est plus à démontrer mais elle bat son plein … au nom des millions d’individu-e-s baptisées par l’Église.
Car si le catholicisme semble marquer le pas, du moins sous nos latitudes et en ce qui concerne « la pratique », son influence demeure oppressante. L’épistémè judéo-chrétienne n’a de cesse, dans le sillage de Paul l’hystérique Tarsiote s’emmêlant les crayons sur le chemin de Damas puis de Constantin l’empereur (vite) converti, de nous enseigner l’obéissance au Prince, à l’ordre et à l’autorité. Des lors, la légitimation et la justification de la condition des dominés lui assure la reconnaissance (méritée il est vrai) des dominants. Si cette Église sait se montrer arrangeante avec les puissants, on sait en revanche qu’elle est impitoyable avec les indomptables et les sans-grade, y compris dans ses propres rangs. C’est ainsi que l’Église préfère les pauvres et les insoumis : à genoux.
Que pouvait-on attendre d’autre d’une Église qui a toujours su choisir avec discernement ce qu’elle encourage (les Croisades, les conquistadors, les massacres des Communards, des siècles d’absolutisme monarchique, la boue des tranchées, les pires bassesses de la collaboration, le franquisme, la dictature de Pinochet, de Videla — suivez mon regard — et de tant d’autres…) et ce qu’elle a invariablement condamné avec la plus extrême fermeté : l’homosexualité, le féminisme, la contraception, l’avortement, la volonté d’émancipation des opprimés, la connaissance et les livres, les révolutions, exception faite de la « révolution nationale » ?
Certes, les registres de baptême ne trompent personne, ils sont aussi pleins que les églises sont vides, mais c’est une question de principe. Si vous êtes dans ce cas et qu’il vous est insupportable de compter au nombre de ceux qui garnissent les effectifs officiels des catholiques et servent par la même occasion de caution involontaire aux basses besognes des lobbyistes de l’ordre moral, commencez par le commencement : demandez à être rayés des listes des baptisés (démarche d’apostasie). Vous trouverez tous les renseignements sur différents sites : apostasiepourtous.fr ; panthèresroses.org ou athéisme.free.fr
FACHOS HORS DE NOS VIES !
Raphaël, CNT 39 – Le Chaboteur n°7, février 2014