Affaire Sucoma – Un militaire et deux gendarmes trouvent la mort
Mort dramatique de trois éléments des forces de l’ordre après les émeutes meurtrières et les pillages à la Sucoma Morondava. Un militaire a été exécuté et deux gendarmes ont péri en remontant des cargaisons dérobées dans l’entrepôt de la firme.
Une série noire frappe de plein fouet les forces de l’ordre après les émeutes meurtrières, déclenchées mercredi vers 18 heures par l’arrestation de six employés meneurs de grève de la société sucrière Sucoma à Morondava. Bien qu’une accalmie fragile plane sur toute la ville et au site de cette firme à Betsipotika après l’arrivée avant-hier soir de cinquante-six éléments mixtes hyper-équipés, trois morts sont répertoriés dans les rangs des forces territoriales dont un militaire du 3/RM5 et deux gendarmes de la brigade de la gendarmerie à Mahabo.
L’arrivée à Morondava jeudi aux alentours de 19 heures de ce renfort militaire, constitué de vingt-six gendarmes, treize éléments des Forces d’Intervention de la Police (FIP) à Antanimora et dix-sept du premier Régiment des Forces d’Intervention (RFI) de l’armée à Ivato, a, certes, mis fin aux pillages et aux vandalismes commis à l’entrepôt et au centre de maintenance de la Sucoma. Le danger semble toutefois omniprésent.
Tombé dans les griffes des pilleurs qui se sont terrés dans les parages lorsque l’État Major Mixte Opérationnel régional (Emmo/reg) a verrouillé le site, un militaire du 3/RM5 a été exécuté à coups de coutelas dans la nuit de jeudi à vendredi.
« Plusieurs entailles sont relevées sur sa nuque. Son corps gisait dans l’enceinte de l’usine au crépuscule. De visu, ce militaire s’est hasardé à s’aventurer seul dans les environs lorsqu’il est tombé nez-à-nez sur ses bourreaux. Jusqu’à présent, il n’y a pas encore de témoin oculaire. La veillée funèbre se tient au camp du 3/RM5 », relate Aurélien Raheriniaina, délégué du ministère de la Communication de la région Menabe.
Terrible accident
Alors que le renfort dépêché depuis Tana a débarqué, la mort a happé brutalement le gendarme principal hors classe Jérôme Sambetoa, commandant de la brigade territoriale de la gendarmerie à Mahabo, ainsi que le gendarme de deuxième classe Olivier Razafiarison. Selon les informations communiquées par le groupement de gendarmerie de Menabe, ils remontaient les traces d’une cargaison de sucre dérobée quelques heures plus tôt dans l’usine de la Sucoma à Betsipotika lorsqu’un accident meurtrier est survenu sur la nationale 35. Alors qu’ils doublaient un camion de marque Renault à la hauteur d’Ankaribao Analaiva, un véhicule à surgi de la direction opposée. Les deux-roues des deux gendarmes se sont retrouvés sous le poids-lourd. La tête du commandant de brigade a été comprimée par l’une des roues de la Renault tandis que son compagnon d’infortune s’est fait écraser en plein dos.
Une manifestation basée sur un alignement de statut des employés conjuguée à une amélioration de leurs conditions salariales, tenue à Analaiva le 26 novembre a conduit à l’arrestation, mercredi, des six meneurs de grèves. Deux Chinois et une cadre Malgache ont été blessés et des véhicules ont été mis à mal avec le bâtiment lorsque leur revendication a dégénéré.
Leur presse (Seth Andriamarohasina, lexpressmada.com, 13 décembre 2014)
Morondava – Pillage et incendie criminel contre la Sucoma
Les opérateurs chinois qui exploitent la Sucoma ont quitté Morondava après les émeutes meurtrières de mercredi soir. Dès qu’ils sont partis, des pilleurs et des vandales ont assailli leur site pour y dérober 200 tonnes de sucre et incendier le centre de maintenance.
L’atmosphère est encore délétère à Morondava après que l’arrestation de six employés Sucoma a viré en émeutes meurtrières, mercredi soir. Hier, l’entrepôt de cette société sucrière à Betsipotika, situé à une trentaine de kilomètres de ville, a été assailli par une horde de pilleurs et de vandales. Le centre de maintenance de l’usine a été au passage incendié.
« Les Chinois de la Sucoma ont quitté Morondava dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de minuit », indique Aurélien Raheriniaina, délégué du ministère de la Communication dans la région Menabe.
« Après leur départ, le site de la Sucoma à Betsipotika a été pris d’assaut. Dès la matinée, des sacs de sucre dérobés dans l’entrepôt ont été transportés à dos d’homme. Vers midi, les assaillants ont décuplé. Ils ont utilisé des calèches, des brouettes et des charrettes. Dans l’après-midi, des véhicules transportant des cargaisons de sucre ont fait des allées et venues entre l’usine et Morondava », ajoute-t-il sur cette même lancée.
Ces actes se sont commis sous les yeux et à la barbe des forces de l’ordre.
Aucune arrestation
Les flammes ont commencé à s’emparer du centre de maintenance de la Sucoma en fin de matinée aux alentours de 11 heures. Dépêchés sur place, les éléments des forces de l’ordre ont sécurisé le site sans pourtant parvenir à arrêter les pillages. Alertés, les sapeurs-pompiers sont venus à la rescousse aux alentours de 14 heures.
Sur la route menant à Morondava, la gendarmerie a intercepté des véhicules pleins de sacs de sucre à craquer.
« Des pick-up des forces de l’ordre, chargés de sucre dissimulé sous des bâches ont été aperçus dans la ville a tel point qu’on se demande où toutes ces marchandises sont emmenées. Au marché noir, le sac se négocie à partir de 10’000 ariary. Même des élus et des éléments des forces de l’ordre en tenue civile s’adonnent à ce business », se désole Mintina Joseph, habitant de Morondava.
Aux dernières nouvelles, personne n’a encore été arrêtée pour ces pillages. Au contraire, six employés de la Sucoma dont l’arrestation a provoqué les échauffourées mercredi soir, dont le dernier bilan fait état de deux morts et de seize blessés, ont été relâchés. Ces meneurs de grève présumés sont dans le collimateur des forces de l’ordre après qu’une manifestation des employés de la Sucoma a viré en vandalisme et agression à Analaiva le 26 novembre.
Le premier ministre Roger Kolo a présenté ses condoléances à la famille des victimes et a appelé à l’apaisement au palais d’Iavoloha hier.
« Une amélioration des conditions salariales et un alignement du statut des employés est à la base du problème. Un terrain d’entente a déjà été trouvé mais voilà que l’affaire connaît une autre tournure. Des individus ayant à gagner des ces troubles tirent les ficelles. Je prévois de m’y rendre pour voir de près la situation », déclare le chef de Gouvernement.
Selon les explications du délégué de la Communication, les employés de la Sucoma attendent des actions concrètes de la part du Gouvernement pour que l’affaire n’empire pas davantage.
Leur presse (Seth Andriamarohasina, lexpressmada.com, 12 décembre 2014)
Morondava – Émeutes meurtrières à la Sucoma
Des émeutiers armés ont attaqués le siège de la gendarmerie à Morondava, hier. L’arrestation de sept meneurs de grève à la société Sucoma a mis le feu aux poudres.
Effusion de sang à Morondava. La gendarmerie signale un mort et douze blessés dont trois gendarmes, lors d’une attaque de caserne qui a provoqué un séisme dans la ville, aux alentours de 18 heures, hier soir.
Une source auprès de l’hôpital de Morondava indique pour sa part que deux morts et onze blessés graves y sont admis. Des habitants de la ville affirment pour leur part que le nombre de morts est beaucoup plus important. Ils signalent un mort lors des affrontements qui ont éclaté dans la ville, hier soir, un autre à Bemanonga où ont commencé les hostilités, et trois autres à Antsakoameloka, soit cinq morts au total, sans compter les deux corps placés à l’hôpital.
Hier, l’arrestation de sept employés de la société sucrière Sucoma à Bemanonga, montrés du doigt pour être des meneurs d’émeutes a mis le feu aux poudres.
De source de la gendarmerie, ces suspects ont été trahis par les enregistrements des caméras de surveillance de cette entreprise lorsqu’une manifestation des membres du personnel, basée sur des revendications salariales a viré en pillage, vandalisme et agression, le mercredi 26 novembre.
Grenade offensive
Deux chinois et une femme cadre malgache ont été blessés lorsqu’une meute de grévistes en furie, armés de bâtons et de pierre, ont envahi l’enceinte pour y mener une véritable intifada. Le bâtiment a été la cible de jets de pierres, des vitres ont volé en éclats et cinq tracteurs agricoles, quatre camions, un tractopelle, un gradeur, un fourgon pompe-tonne, un minicar et trois camionnettes ont été mis à mal.
« Les victimes ont porté plainte au parquet. Dans la matinée d’hier, des éléments mixtes ont été dépêchés à Bemanonga pour interpeller les sept meneurs qui ont été identifiés », explique un officier supérieur ayant voix au chapitre auprès de la gendarmerie nationale.
À l’entendre, la tension serait montée d’un cran lorsque les suspects ont été conduit au siège de la gendarmerie à Morondava pour être auditionnés. Du coup, leurs sympathisants se sont rameutés à Bemanonga, à 7 kilomètres du centre ville, dès le début d’après-midi.
Aux alentours de 16 heures, des représentants de l’Organe Mixte de Conception (OMC) se sont rendus sur place pour entamer des pourparlers mais les manifestants, en état d’énervement total, les ont lapidés.
Revigorés après avoir mis en déroute et chassés les autorités à coups de jets de pierre, ils ont décidé en fin d’après-midi, d’arracher à la gendarmerie leurs collègues placés en garde à vue.
« Quoi qu’on dise, il s’agissait bel un bien d’une attaque de caserne. La horde d’émeutiers enragés qui a envahi le camp avait des lances-pierres, des bâtons, des armes blanches et même des fusils de chasse. Les assaillants étaient très dangereux. Malgré des sommations, ils ont tenté un forcing. Du coup, il a fallu les repousser à tout prix », poursuit l’officier supérieur interrogé.
À l’entendre, les pierres pleuvaient de partout. « Des gendarmes tombés dans la nasse des émeutiers se sont défendus avec une grenade offensive », ajoute-t-il.
Le calme n’a été retrouvé qu’hier à des heures tardives de la nuit. Cet état de crise est devenu une affaire gouvernementale. La semaine passée, le ministre de l’Industrie Jules Étienne s’est rendu à Morondava pour désamorcer la tension entre la Sucoma et ses employés mais voilà que l’affaire connaît une autre tournure.
Leur presse (Seth Andriamarohasina, lexpressmada.com, 11 décembre 2014)
Madagascar : 2 morts après des troubles dans une sucrerie gérée par des Chinois
La gendarmerie est intervenue à Morondava, dans l’ouest de Madagascar, après des troubles sociaux dans une sucrerie publique gérée par des Chinois, et les affrontements ont fait deux morts et neuf blessés, a annoncé jeudi le gouvernement.
« Il y a eu deux morts et une destruction d’une partie de l’usine » de la société Sucoma, a déclaré à la presse le Premier ministre Roger Kolo.
Il a précisé que les affrontements avaient eu lieu mercredi, alors que la Sucoma est secouée depuis des mois par des revendications du personnel malgache, qui réclame des contrats de travail et des augmentations de salaire.
« Il y a eu neuf blessés », a ajouté le ministre malgache de l’Industrie, Jules Étienne.
« Le magasin de stockage des sucres de Sucoma a été totalement vidé par des pilleurs et une partie de l’usine incendiée », a également indiqué à la presse le chef de la région de Menabe, Romain Gilbert.
« Il n’y a pas de Chinois tué ni blessé. Ils ont été évacués », a précisé à l’AFP le colonel Anthony Rakotoarisoa, le directeur du service de renseignement de la gendarmerie.
Contactée par l’AFP, l’ambassade de Chine à Madagascar s’est refusée à tout commentaire. La Sucoma est une entreprise publique gérée par des Chinois, qui paient une redevance à l’État malgache.
« Cette situation a commencé par une réclamation d’un établissement d’un contrat de travail pour les employés saisonniers et une augmentation de salaire pour les employés permanents », a expliqué jeudi le chef du gouvernement.
« Le problème de la société Sucoma est un problème interne. Il y a déjà eu auparavant des affrontements entre les personnels malgaches et les gérants chinois, aboutissant parfois à des actes de vandalisme et des agressions physiques sur les Chinois », a indiqué à l’AFP le colonel Anthony Rakotoarisoa.
Des négociations entre les Chinois gérants de l’usine et le personnel malgache étaient en cours depuis mai selon la gendarmerie, et le gouvernement s’était impliqué pour tenter de trouver un accord.
Le mois dernier, des affrontements ont fait deux blessés parmi les Chinois, ainsi que des dégâts matériels.
C’est après l’arrestation mercredi de deux meneurs du mouvement, à la suite de l’incident de novembre, que le mécontentement a dégénéré, selon le colonel Rakotoarisoa.
Furieux, les employés de l’usine ont décidé de se rendre au camp de la gendarmerie pour réclamer la libération de leurs leaders. Un barrage a été instauré par les forces de l’ordre et cinq autres personnes ont été arrêtées pour empêcher les manifestants d’avancer.
Dans l’après-midi de mercredi, « des personnes munies d’arme blanche et d’un fusil de chasse ont de nouveau entrepris des marches en direction de la caserne de la gendarmerie », a raconté le colonel Rakotoarisoa.
« Il y a eu des accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre obligeant ces derniers à se replier vers la caserne », a-t-il ajouté, précisant que « lorsque les forces de l’ordre se sont enfermées dans la caserne, les manifestants ont encore continué à lancer des pierres, obligeant les éléments de la gendarmerie à procéder à des tirs en l’air ».
La gendarmerie affirme ainsi n’avoir tiré sur personne, tandis que des radios privées malgaches font état d’une troisième victime, tuée dans les affrontements.
Publié par le savoir-faire français (Agence Faut Payer, 11 décembre 2014)