[Des ZAD partout] Construire et défendre les alternatives

Pour l’exemple ?

Du sérum physiologique a été saisi sur des personnes soupçonnées de se rendre à une manifestation en hommage à Rémi Fraisse. Sûrement que, bientôt, la police envisagera de considérer l’achat de citrons comme preuve de terrorisme potentiel ! Qui veut manifester aujourd’hui doit faire très attention à ce qu’il a dans ses poches. Pas de cure-dents surtout, arme létale par excellence. Faire attention aussi à la manière dont il s’habille : la capuche et le foulard sont preuves d’intentions délictueuses depuis que dissimuler son visage est interdit par la loi (sauf pour les soudards de l’État). Et on sait qu’aujourd’hui une intention supposée suffit, en France à être inculpé.

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« Le responsable d’une entreprise de déboisement intervenue sur le projet de barrage de Sivens (Tarn) a porté plainte pour menaces et intrusion sur sa propriété privée, selon une source proche de l’enquête. Cinq ou six personnes encagoulées se sont introduites dans le jardin de son domicile, dans la soirée du vendredi 7 novembre. Ces individus ont poussé des cris et fait mine de partir à l’assaut du domicile. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues sur les lieux, faisant fuir les protagonistes. Aucun individu n’a été interpellé. L’entrepreneur a déjà été menacé par le passé du fait de l’implication de sa société sur le chantier du barrage. » Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeMonde.fr, 13 novembre 2014)

Heureusement, de gentils « contestataires » ont trouvé le moyen d’éviter les « débordements » qui terminent souvent les manifestations en ville. Ils manifestent dans les champs, là où seules les vaches peuvent les voir et les entendre. On attend avec impatience la manifestation dans le jardin, dans le salon ou, mieux, directement dans les poulaillers des commissariats ce qui éviterait aux casqués de l’ordre des va et vient fatigants et dispendieux.

Bien entendu, le plus raisonnable est de ne pas manifester du tout et laisser faire les « décideurs » qui savent si bien ce qui est bon pour nous. C’est pour l’avoir oublié que Rémi Fraisse se voit aujourd’hui reprocher de s’être jeté sous la grenade qui l’a tué, rien que pour embêter les autorités (Il a même poussé le vice jusqu’à n’être même pas un peu « black-bloc », « anarcho-autonome » ou autre « racaille violente »). Un peu comme Malik Oussekine qui, en 1986, s’était offert sous dialyse aux matraques des voltigeurs, rien que pour emmerder le ministre de l’intérieur de l’époque et « déstabiliser » l’État. Notons qu’à l’époque ça avait fait bouger pas mal de monde et, accessoirement, fait disparaître les dits voltigeurs. Aujourd’hui moins de monde descend dans la rue. Seuls quelques naïfs qui croient pouvoir faire entendre leurs raisons aux Robocops ou en appeler chez eux à un brin d’humanité, et auxquels les lacrymos et tonfas se chargent de faire comprendre leur erreur, et quelques énervés qui croient que leur colère suffira à leur faire gagner la bataille et qui s’imaginent qu’un lance-pierre peut battre les flash-balls et qu’un abribus cassé équivaut à la prise de la Bastille. Encore quelques manifs comme ça et quelques injections de plus de grosse peur des « casseurs » et les défenseurs de « l’État de droit » pourront peut être tranquillement faire tirer dans le tas, comme au bon vieux temps, sans que la majorité des citoyens s’en émeuve ou, du moins, le montre, ce qui revient au même.

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Publié par des larbins de la maison Poulaga (lest-eclair.fr, 8 novembre 2014)

Parlant des mutins de 14-18, fusillés pour l’exemple, un historien note justement que c’était « pour faire peur aux autres ». Rémi Fraisse, fusillé pour l’exemple ? On va trouver ça bien exagéré. Mais si, comme l’affirme le sinistre de l’intérieur, « ce n’est pas une bavure », alors c’est quoi ? C’est clairement le choix délibéré de taper pour passer en force et satisfaire la rapacité des mafias régnantes.

De plus en plus de gens, dont Rémi Fraisse faisait partie, tentent de s’opposer aux « grands projets inutiles et imposés »  mais le plus grand des projets inutiles et nuisible qui nous est imposé c’est la perpétuation de cette société prédatrice et mortifère. C’est pour éviter que l’on essaie de la changer que les cognes cognent. Il ne faut donc pas espérer convaincre les maîtres de cette société de baisser les armes et « d’étudier sérieusement les alternatives » comme leur demandent humblement des politicards, plus souvent roublards que naïfs. Il faut construire et défendre les alternatives : Des ZAD partout. Et cultiver les citrons.

Gédicus, 11 novembre 2014 (mailing)

 

Au Testet comme ailleurs, la police tue, le gouvernement réprime
Contre les projets capitalistes, créons des ZAD partout

Deux semaines après la mort de Rémi Fraisse, la police continue de blesser et de réprimer les manifestants.

Mais les violences policières ne sont pas nouvelles et elles tuent avant tout les pauvres, résidant pour la plupart dans les cités où ces violences sont quotidiennes. On ne compte plus les jeunes — car ce sont surtout des jeunes — à 90% Noirs ou arabes, qui meurent ou sont mutilés lors d’interpellations, de transferts dans les fourgons, de courses-poursuites, de chasses à l’homme ou même de tirs à bout portant. Avec toujours la même impunité pour les policiers.

La police utilise donc des armes « non létales », qui mutilent et tuent. La question de ces armes est dépassée ; il s’agit d’interdire dès à présent leur utilisation. Et au-delà de s’interroger sur les fonctions de la police, bras armé de l’ État au service du patronat.

Les violences policières se voient plus ces dernières années car elles s’abattent de plus en plus sur les manifestants pour contrer la contestation sociale. De ce point de vue, un palier a été franchi au Testet dans la nuit du 25 au 26 octobre : 400 grenades tirées en deux heures dont 40 de type F1 (armes de guerre) pour « défendre » un parking désert… La mort de Rémi Fraisse a été suivie de tentatives pour maquiller les faits tandis que les manifestations ont d’abord été interdites à Paris puis à Toulouse et Rennes ce week-end.

Quant à la presse, elle continue ses basses œuvres de collaboration de classe en relayant sans sourcilier les déclarations gouvernementales, stigmatisant comme de toujours les manifestants. Mais peut-on en attendre autre chose ?

C’est pourquoi nous appelons

• au désarmement de la police,

• à continuer de combattre les projets capitalistes qui sèment l’injustice sociale et la mort,

• à rejoindre les lycéens déjà mobilisés, en manifestation et dans la grève,

• à participer aux manifestations contre les violences policières, dans les cités, les villes et les campagnes.

Reprenons nos vies en main : en ville comme à la campagne, créons des ZAD partout.

Communiqué du Syndicat des Travailleurs de l’Éducation Paris de la CNT, le 12 novembre 2014

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