Perquisition musclée et portes forcées derrière l’espace autogéré
Le mardi 11 février 2014, une intervention de la police judiciaire a ébranlé les pentes du bosquet situé sous le parc de la Solitude, sur l’avenue César-Roux à Lausanne, derrière l’espace autogéré. Des dizaines de flics en tenue d’intervention et plusieurs véhicules pour une perquisition qui visait les quelques personnes qui trouvent refuge dans un abri de fortune derrière le bâtiment depuis environ un mois. Un énième contrôle musclé de la police lausannoise s’inscrivant dans le contexte répressif et discriminant actuel sous couvert de chasse aux trafiquants et hors-la-lois, de préférence étrangers et sans-papiers. La suite des descentes spectaculaires orchestrées à travers la ville depuis que Junod trône sur le dicastère de la police et de la sécurité publique. Vraiment pas de quoi rassurer…
Nous sommes arrivé-e-s sur les lieux, quelques heures après le passage du groupe d’intervention, pour découvrir une scène de dévastation : le matériel stocké derrière le bâtiment, ainsi que les affaires personnelles se trouvant dans l’abri, avaient été renversées et dispersées sur une dizaine de mètre, sur toute la pente.
Deux portes du bâtiment ont été forcées, un cadenas cassé et, selon les dires de l’inspecteur de la police judiciaire Jordan, l’espace autogéré n’étant pas concerné par cette affaire, il ne fait qu’encaisser « les dommages collatéraux » de cette opération menées contre de dangereux « arabes ». Mais comment croire que ces faits ne témoignent pas d’un soupçon de complicité entre les « voleurs » et l’espace autogéré. Pourquoi forcer un local de chaufferie et un autre local, tous deux sous clé ? Que recherchaient les justiciers dans une armoire métallique où se rangent des bonbonnes de gaz ? Auraient-ils agi de la sorte ailleurs, dans des lieux plus respectables ?
Il est clair que ces faits témoignent, une fois de plus, de la brutalité de la police et de sa manière d’agir. La configuration des lieux, ce confinement derrière le bâtiment à l’écart des regards et du passage, leur a offert une certaine discrétion et leur a permis de se lâcher avec mépris et violence, comme si souvent dans ce genre de situation. Dans le contexte actuel, la police estime que son territoire est partout, sans limites. Omniprésence dans la rue et descentes jusque dans les lieux d’accueil et de soins (distribus, accueil de jour et de nuit, hôpitaux, ambulances…).
Contrôles racistes et délits de faciès, excès de zèle et autoritarisme, dérives et dérapages, de quoi installer un climat d’insécurité totale pour les gens à la rue, qui se retrouvent dans l’illégalité, peu importe les raisons.
Espace Autogéré, 28 février 2014