NUIT DE RAGE CONTRE LE FN
« Hier soir, une réunion publique du Front national dans le cadre des élections municipales se tenait à la salle de la Cité, à Rennes. La manifestation qui tentait de s’y opposer a dégénéré laissant place à des dégradations et des heurts avec les forces de l’ordre. Plusieurs organisations de gauche, comme le Parti de gauche, Europe Écologie, le NPA, la CGT, Solidaires mais aussi le collectif antifasciste, la fédération anarchiste, ou encore le Collectif rennais autonome contre l’extrême droite (Craced) avaient appelé à différents rassemblements.
Vers 18 h 30, c’est sur la place de la Mairie que les partis politiques et les syndicats se sont regroupés. Environ 150 manifestants étaient, notamment, venus dénoncer la réunion de ce meeting « dans la maison du peuple un lieu emblématique du mouvement ouvrier et syndical rennais ».
Vitrines brisées et voiture incendiée
Les différents groupes antifascistes, environ 500 personnes au départ, s’étaient eux donnés rendez-vous, à la même heure, en bas de la place des Lices, non loin de la salle où se tenait le meeting du FN, rue Saint-Louis. Pour éviter d’éventuels heurts, 200 policiers avaient été déployés dans ce secteur.
Les premiers accrochages avec les forces de l’ordre se sont déroulés vers 19 h 30, rue de la Chalotais, alors que les manifestants d’extrême gauche marchaient vers le local de campagne du Front national, situé boulevard de la Liberté. Le cortège est ensuite remonté en direction de la place des Lices. Sur son passage plusieurs vitrines d’agence immobilière, rue de la monnaie, place Saint-Michel ont été brisées ainsi que celle d’une banque place des Lices. Un poste de police, situé rue de Penhouët, a également été pris pour cible et une voiture a été incendiée rue de Saint-Malo.
Des interpellations
Vers 20 h environ 350 personnes, pour la plupart le visage dissimulé, se sont regroupées place Sainte-Anne. Là des bouteilles de verre, des pierres, des pavés, des bouts de bois ont été lancés en direction des CRS qui bloquaient l’entrée de la rue d’Échange. Un canon à eau et des jets de gaz lacrymogène ont été utilisés pour repousser les manifestants qui voulaient en découdre. La manifestation s’est finalement dispersée vers 20 h 30.
De son côté, le FN a finalement tenu son meeting devant quelques dizaines de personnes.
Hier soir, au moins trois manifestants ont été interpellés et cinq policiers ont été légèrement blessés. »
Le Télégramme, dimanche 09 février
Les vidéos Ouest France et Rennes TV
Communiqué du CRACED – à l’appel du rassemblement place des Lices :
À l’heure des comptes, il y aura bien — à côté des fascistes réfugiés derrière Twitter et le lot habituel d’amoureux de l’ordre, quelques candidats aux municipales et leurs partis pour pleurer misère sur les vitrines brisées de banques, d’assurances, d’agences immobilières, sur le début d’incendie du commissariat ou les pavés qui pleuvaient sur la flicaille.
À croire que la pire bourgeoisie financière, spéculative et immobilière, dont les enseignes qui colonisent le centre ville ont été prises pour cible ce soir, n’aurait pas un rôle déterminant dans la montée de l’extrême droite en France et en Europe…
Que les choses soient claires : lorsque la préfecture (PS) dépêche deux ou trois cent hommes et plusieurs canons à eaux pour assurer le service d’ordre d’un meeting FN et de leur local, alors qu’une municipalité accueille dans un haut lieu des luttes ouvrières un bureau politique des fascistes, ce n’est que le tarif minimum que de faire payer à coup de pavés ces ennemis des luttes pour leur accueil et leur défense physique des fascistes locaux.
Ce dispositif, de même que les arguments pathétiques invoqués par la mairie pour justifier la tenue du meeting, prouvent en tous cas un fait désormais inéluctable : le Front National fait partie intégrante de l’ordre républicain, et constitue sa facette la plus sécuritaire, post-coloniale, celle du charognard qui vient se nourrir des restes du mouvement ouvrier.
Il n’y a donc pour nous plus lieu d’attendre de solutions politiques d’une union sacrée ou d’un front républicain composé de partis et de groupes qui ont contribué par leur nullité, leur soumission ou leur soutien au capitalisme de crise, à créer les conditions idéales au développement des mouvements fascistes.
C’est à ce titre que nous nous revendiquons antifascistes, autonomes et révolutionnaires : nous n’entendons pas gérer la montée de l’extrême droite, nous entendons la combattre par tous les moyens et sous toutes ses formes.
À cet égard, nous ne laisserons pas le monopole de la violence politique aux bandes de skins et à la police, et nous appelons à se la réapproprier comme stratégie historique du mouvement ouvrier et révolutionnaire pour en refaire un outil de lutte parmi d’autres, sans diabolisation ni fétichisme.
Nous l’avions dit dans notre appel, le FN désormais conforme aux critères des partis bourgeois n’est que la partie institutionnelle d’un mouvement réactionnaire diffus, que nous devons combattre sur un spectre bien plus large : des milices de ratonneurs à la gestion coloniale des quartiers, des intégristes homophobes appelant à faire des femmes des mères-pondeuses au foyer aux bureaucrates chargés de la gestion des rroms et des sans papiers…
Ils sont désormais prévenus.
Si cette nuit de rage était un contre-feu salutaire dans un contexte marqué par les poussées réactionnaires, nous appelons à étendre partout le mouvement et les actions pour enfin contre-attaquer et retrouver la joie de lutter !
Et qu’on se le dise : malgré les charges des gardes mobiles et de la BAC, les blessures et les gazs qui pleuvaient indistinctement sur la place Sainte Anne, cette soirée était pour nous tous une grande bouffée d’air dans la puanteur qui règne aujourd’hui en France.
Salut à toutes celles et ceux qui sont venus lutter à nos côtés ce soir !
Collectif Rennais Autonome Contre l’Extrême Droite – CRACED – reçu le 11 février 2014
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