Surveillance des frontières : Des drones pour l’Algérie
Pour assurer efficacement l’imperméabilité de ses 6386 km de frontières terrestres, toutes fermées sauf avec la Tunisie, l’Algérie a misé sur la surveillance par des drones armés. Et elle ne lésine pas sur les moyens.
Selon des sources militaires, l’Algérie se serait engagée dans des discussions avancées avec la Russie pour l’acquisition d’une trentaine de drones auprès de ce fournisseur historique en armement. Il s’agirait du modèle E95 que produit la célèbre firme Eniks Kazan. Considérés parmi les meilleurs systèmes de ciblerie aérienne au monde, ces drones assurent également des missions de reconnaissance. Le marché serait estimé, toujours selon les mêmes sources, à quelque 65 millions de dollars, soit un peu plus de 2 millions de dollars l’unité.
À cette importante acquisition militaire, l’Armée nationale populaire (ANP) compte en ajouter d’autres. En effet, des généraux de l’ANP sont actuellement en négociations avancées avec la Chine pour l’acquisition d’un lot de drones de type YiLong. L’information a été publiée par le constructeur de ces avions sans pilote, China Academy of Aerospace Aerodynamics qui confirme que « des essais complets des drones armés YiLong ont été effectués avec succès en novembre 2013 à Tamanrasset ».
Actuellement les deux parties sont en pleines négociations pour la commercialisation de ce produit qui mesure 9,34 m de long et d’une envergure d’aile de 14 m. Pesant légèrement plus d’une tonne, il est capable de s’acquitter de missions à une altitude de 5300 m. Il possède une autonomie de vol de 4000 km, pouvant embarquer deux missiles. Il est surtout le moins cher de sa catégorie, soit 1 million de dollars l’unité. Toujours dans le même registre, l’ANP a opté pour la diversification des fournisseurs et modèles, notamment en matière de drone armé, à l’effet d’allier puissance et autonomie. Après la confirmation de l’achat des drones armés chinois YiLong, l’ANP est entrée récemment en pourparlers à l’occasion du Salon aéronautique de Dubaï 2013 avec l’exposant de la compagnie émiratie d’armements Adcom Systems pour une éventuelle acquisition d’un autre type de drone armé.
Il est question du Yabhon United 40 block 5. L’information a été rapportée par le magazine britannique spécialisée de défense IHS Jane’s, citant Ali Al Dhaheri, PDG de la compagnie Adcom Systems. « Une délégation militaire algérienne a déjà visité le drone au salon avec la perspective de son acquisition », a précisé le haut responsable d’Adcom Systems au magazine. Selon ce dernier, les généraux algériens auraient justifié leur intérêt pour ce drone, par leur besoin de cette classe de technologie, en vue de surveiller et cibler les déplacements des groupes armés le long des frontières algériennes.
La même source a rappelé que l’Algérie affiche un intérêt pour l’acquisition des drones américains Predator et Reaper. Le magazine britannique a noté également que « l’ANP dispose déjà d’un drone de la compagnie sud-africaine, Denel Dynamics ». Une nouvelle version de ce drone Denel Seeker 400 ainsi que le drone italien Selex Falco sont aussi des candidats potentiels à rejoindre l’inventaire de l’ANP. Ainsi, l’Algérie qui partage 1376 km avec le Mali, 956 km avec le Niger, 982 km avec la Libye, 1601 km avec le Maroc, 463 km avec la Mauritanie, 43 km avec le Sahara occidental et 965 km avec la Tunisie n’a plus les moyens humains nécessaires pour assurer la sécurité et l’étanchéité de ses frontières, notamment celles fermées.
Outre celle avec le Mali, la plus dangereuse frontière qui inquiète l’Algérie demeure de loin les 982 km partagés avec la Libye particulièrement après avoir été investie par les rebelles avec lesquels l’ANP a refusé toute collaboration. Lors de la dernière visite de Abdelmalek Sellal en Libye, des sources proches de la délégation algérienne ont révélé que ce pays est en contact avec Sergio Rincon, le propriétaire de Avio Dynamics, un opérateur de drones colombiens. Encouragée par Alger, la Libye peut assurer la sécurité de ses frontières en engageant cette entreprise qui survolera son ciel. Parallèlement, les États-Unis formeront 8000 militaires libyens.
Le Pentagone a fait savoir que les détails de la mission sont en étude mais la formation ne se déroulera pas sur le territoire libyen. La demande d’aider à former des soldats a été adressée par le Premier ministre libyen. Le Pentagone a indiqué que « la mission s’inscrit dans des programmes américano-libyens déjà en place. L’OTAN accorde également une assistance à la Libye dont les autorités ne parviennent pas à placer sous leur contrôle la situation sécuritaire ».
Lors de sa visite à la wilaya de Tamanrasset, Abdelmalek Sellal a estimé que l’ouverture des frontières de l’extrême sud du pays avec le Mali, le Niger, la Mauritanie et la Libye n’est pas à l’ordre du jour, et ce, pour des raisons sécuritaires. Pour lui, des terroristes peuvent s’introduire à travers ces frontières et créer des problèmes sur le territoire national.
Leur presse (Gaidi Mohamed Faouzi, ElWatan.com, 11 janvier 2014)