À Bagnolet, en banlieue parisienne, l’équipe du Transfo distribue gratuitement fruits et légumes bio
Pour les squatteurs, rois de la chasse au gaspi, la récup’, c’est le nerf de la guerre. L’équipe suractive du Transfo, immense squat installé depuis novembre 2012 dans d’anciens locaux abandonnés d’EDF, faisait les fins de marché pour récupérer les invendus, aussi bien pour sa propre consommation que pour des cantines collectives ouvertes à tous. Ils sont passés à la vitesse supérieure en se rendant directement à Rungis, le plus grand marché de France et, à force de diplomatie, ont réussi à convaincre quelques maraîchers bio de les fournir largement ? Un exploit dans un univers drastiquement soumis aux normes d’hygiène et de traçabilité. Il sont même revenus le fourgon bien trop plein, au point de devoir alpaguer les passants pour leur refourguer le surplus. De là est venue l’idée d’organiser tous les samedis, à partir de midi, un marché gratuit avec, au passage, un moyen imparable de lutter à leur échelle contre un gaspillage alimentaire gigantesque.
En quelques semaines, le Transfo a été dépassé par son succès, les centaines de kilos de fruits et légumes bio disparaissant en quelques minutes, des gens venant même de l’autre côté de la banlieue en ces périodes où les Restos du Cœur ne sont pas encore ouverts, solidarité et écologie allant de pair. L’équipe du Transfo a d’ailleurs décidé de rapatrier le marché de la rue à la cour fermée du squat afin de mieux canaliser la distribution un peu chaotique et de favoriser le dialogue entre squatteurs et amateurs de légumes bio gratuits.
Tout çà se passe finalement dans une ambiance bon enfant. Avec un autre regard des riverains sur un squat qui suscitait d’abord la méfiance, même si s’y multiplient les initiatives, une kermesse ayant attiré cet été nombre d’habitants. Une assistante sociale, informée par des personnes qu’elle suit, est venue par curiosité. Le site du ministère de l’Agriculture a mentionné le marché, omettant de préciser qu’il était organisé par un squat. Ce qui n’empêche pas la mairie et les collectivités en charge des plus précaires d’ignorer l’initiative, d’autant que le squat est expulsable à tout moment.
Leur presse (Jean-Jacques Rue, Siné Mensuel n° 24, octobre 2013)
Le Transfo, c’est 4 bâtiments occupés depuis novembre 2012.
Ce lieu de près d’un hectare qui appartient à EDF est vide depuis plusieurs années. EDF est une sale entreprise qui rackette chaque foyer en vendant de l’énergie nucléaire qui nous empoisonne la vie. Elle spécule aussi sur l’immobilier.
Face à cette logique du fric, nous investissons collectivement ce lieu sur des bases non-marchandes. Nous invitons les collectifs et toutes personnes à découvrir, à participer aux différentes activités déjà vivantes, à venir proposer leurs envies, à faire vivre ces lieux dans la gratuité, le partage des pratiques et des connaissances.
Ces mots ne prennent sens que dans des pratiques ancrées dans une lutte contre l’État, le système capitaliste, le sexisme, le racisme et toutes les formes de domination.
Il y a 1 bâtiment d’habitation autonome (c’est déjà complet !) occupé par un collectif d’habitants.
3 autres bâtiments sont dédiés à des activités collectives inscrites dans la lutte, la gratuité et l’ouverture.
Sont en place ou en projet : une petite salle de concert, une salle de réunion, un espace enfant, un espace peinture et banderoles, une cantine et un ciné tournés vers les habitants du quartier, un labo photo, un infokiosque, une bibliothèque technique, un atelier de métallerie, un magasin gratuit…
Ce lieu est grand. Il y a de la place pour les initiatives, projets et envies.
C’est ouvert et plein de potentiel, alors venez !
Pour découvrir les espaces, proposer des initiatives :
ASSEMBLÉE DU TRANSFO’
TOUS LES DIMANCHES À 14H
Le Transfo’
57 avenue de la République –
Bagnolet
Métro : ligne 3 Gallieni ou ligne 9 Robespierre
Le lieu a besoin : de canapés, chaises, tables, radiateurs, étagères, vaisselle et matériel de cuisine…