Affirmer que nous sommes entré-es en guerre n’est pas une menace, c’est voir la réalité en face. Le pouvoir ne montre aucune intentions de céder, et nous, aucune d’abandonner. Vu l’ampleur que prennent les contestations, il y aura beaucoup de défaites, mais il faut garder à l’esprit que les échecs ne sont jamais définitifs et qu’ils font partie de l’histoire des victoires.
Le 16 octobre, la ville de Rio de Janeiro a pu voir, de nouveau, de quoi la répression est capable. Les informations divergent encore selon les sources, mais selon le groupe d’avocats « Habeas Corpus » 195 personnes ont été arrêtées, dont 84 personnes qui sont, au jour d’aujourd’hui, encore emprisonnées. Les accusations sont diverses : formations de groupe (ce chef d’accusation est tout nouveau au Brésil : un groupe de 4 personnes, ou plus, est considéré comme crime et peut donc donner suite à de lourdes peines de prison), atteinte à la sécurité de l’État, incendies, dégradation de patrimoine public, coups et blessures, incitation à l’emeute… La nouvelle loi sur l’organisation criminelle est utilisée pour inculper de nombreux arrêté-es, ce qui donne lieu à des absurdités telles que la recherche de leader ou de bénéfices obtenus par les « vandales ». Durant la manifestation du 15 octobre, la police a utilisé ses armes habituelles : gaz lacrymogène, Flash-ball, Tasers et – pour en finir avec les doutes – des armes à feu (un blessé par balle est toujours hospitalisé à ce jour).
Voici donc le résultat catastrophique que l’État impose à ume manifestation appelée par les professeurs d’écoles régionales et municipales. La grève a commencée en août et a comme objectif d’empêcher que l’éducation soit transformée en marchandise. Le gouvernement reste totalement sourd aux demandes du mouvement et se ferme à tout dialogue. Cette grève, cependant, ne peut être comprise si l’on l’isole d’un cycle de révoltes qui explosent dans la ville et dans le pays depuis juin. Les motifs d’indignation sont nombreux, mais il est clair que l’intransigeance du capital sera de plus en plus critiquée.
Cette même semaine, 17 perquisitions ont été effectuées contre des manifestant-es. Des appareils informatiques ont été requisitionés et, des téléphones semblent être sur écoute depuis juin. Nous ne demanderons pas d’autorisations pour résister, nous résisterons. Aucuns barreaux n’emprisonnera notre lutte pour la dignité.
Il est maintenant urgent de construire un réseau de solidarité aux prisonniers. Nous devons rester attentifs quant à leurs destinations et réaliser une campagne massive pour leurs libérations. Il est probable qu’ils ne sortiront qu’avec le versement d’une caution, et il est donc nécessaire que nous nous organisions pour former une caisse de solidarité. Samedi (19/10) il y aura une veillée à Bangu (prison) : nous comptons sur la présence de tous.
Soutien inconditionnel aux manifestant-es arrêté-es !
Marseille Infos Autonomes, 18 octobre 2013