[Colombie] « La grève nationale n’existe pas »

GRÈVE GÉNÉRALE ILLIMITÉE EN COLOMBIE « POUR VIVRE BIEN » DEPUIS LE 19 AOÛT 2013 :

Une grève générale a débuté en colombie le lundi 19 août 2013. Le mouvement est maintenant déclaré illimité dans le temps.

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Bogota, 29 août

Extrait de la déclaration des prisonniers « politiques et sociaux » de la prison de PALO GORDO (GIRON/SANTANDER) :

« Aujourd’hui 19 août a démarré sur tout le territoire national une grève préparée entre autres par des paysans, des camionneurs, des mineurs, des travailleurs de la santé, des populations rurales, des étudiants, des syndicats, des minorités ethniques. Tous exigent la même chose : l’intégration sociale, des garanties concernant le travail, des services sociaux, la sécurité alimentaire et tout ce qui est nécessaire pour vivre bien. »

Pour plus d’infos (en espagnol) : http://www.anarkismo.net/article/26030
http://www.youtube.com/watch?v=0oY5nhVN8eU
http://www.youtube.com/watch?v=qGuNihEq2Qo
http://www.youtube.com/watch?v=LR6hqYeM2Qo
http://www.youtube.com/watch?v=-c8SaXgOKDY
http://www.youtube.com/watch?v=4BGpUWgDd3E (au nom du père du fils et du saint esprit amen)

La police vole de la nourriture :
http://www.youtube.com/watch?v=4ysFtbhaGgg

La police tire sur une famille dans sa maison :
http://www.youtube.com/watch?v=HqsuGsF33Yw&feature=c4-overview&list=UUpocEQPuXrpsP4CRdbM_FEg

Qui nous protège de l’ESMAD ?
http://www.youtube.com/watch?v=fmMHIey5rHU&list=UUpocEQPuXrpsP4CRdbM_FEg

Par courriel, 25 août 2013

 

En Colombie, une révolte à mains nues

Récit. Alors que les paysans se soulèvent dans tout le pays, la guérilla des Farc se rapproche d’un accord de paix.

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Des fermiers colombiens bloquent un axe routier dans le centre du pays, jeudi.

Une grève « sans magnitude ». C’est ainsi que le président libéral Juan Manuel Santos avait qualifié, il y a dix jours, la mobilisation des paysans colombiens qui venait de débuter : les barrages promis n’avaient pas eu d’effet, le gros des agriculteurs étaient restés chez eux. Aujourd’hui, le chef de l’État a ravalé ses paroles. Les laissés-pour-compte de la croissance colombienne, cultivateurs de pommes de terre en poncho de laine, éleveurs de vaches laitières, producteurs d’oignons ou de manioc, sont descendus en masse dans les rues, rage au ventre, et ont bloqué une trentaine d’axes aux quatre coins du pays. « Nous sommes ruinés, et le gouvernement nous a abandonnés », justifiait ce week-end un manifestant sur un barrage du Boyacá. Ce département andin d’ordinaire paisible, proche de la capitale, Bogotá, est devenu le théâtre d’affrontements entre la police anti-émeute et les cultivateurs qui, armés de pierres et profitant des pentes escarpées, ont multiplié les descentes sur les routes.

Trêve. Vendredi, plusieurs accès ont été bloqués aux portes de la capitale. La violence des coups échangés — au moins 175 personnes ont été arrêtées — a finalement poussé les manifestants et le pouvoir à rechercher une trêve. Le Président est allé constater lui-même la « magnitude » du mouvement dans le Boyacá, et des négociations avec les paysans des régions les plus touchées ont enfin débuté lundi. Pendant dix jours, les autorités avaient dénoncé la présence d’« infiltrés » de la guérilla dans les rangs des manifestants. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, extrême gauche), elles aussi en cours de négociation avec le pouvoir depuis dix mois à Cuba, sont accusées d’avoir introduit des explosifs et mené des attaques au sein des manifestations.

Dimanche, un syndicaliste agraire a été arrêté pour complicité supposée avec le groupe armé. « Même si nous respectons et apprécions les avancées qui peuvent se faire à La Havane, nous sommes un mouvement autonome », a clarifié Eberto Díaz, président du mouvement paysan Fensuagro. Même si la plupart des militants refusent leur soutien, dans un pays où ils n’auraient l’appui que de 4% de la population, les négociateurs des Farc semblent se réjouir de ce qu’ils appellent un « tsunami social ». Les revendications paysannes coïncident en bonne partie avec leur discours : rejet des traités de libre-échange « inéquitables » et de l’agro-industrie, protection des petits producteurs, meilleures utilisation et répartition des terres…

L’ampleur des manifestations, et l’inédit concert de casseroles donné en solidarité avec les paysans, lundi soir, dans le centre de Bogotá, leur donne un peu d’oxygène à la table des négociations, à un moment où l’armée continue de rogner leur capacité militaire. Deux commandants rebelles expérimentés ont été abattus ce mois-ci dans la région de cordillères du Cauca, un des derniers bastions de la guérilla. « Cela fait six à sept ans qu’elle perd des cadres importants et des régions d’influence, rappelle l’analyste Luis Eduardo Celis, qui suit les négociations de près. Cela ne la fera pas s’effondrer à court terme, mais elle s’en ressent, évidemment. » Ainsi, la mort de 14 soldats dans une embuscade, samedi, dans le département pétrolier de l’Arauca, n’a pas empêché la mort presque simultanée d’un commandant des Farc dans le même secteur.

Telenovela. Sur le tapis vert, à La Havane, le processus de paix a vécu vendredi une première crise aux allures de telenovela. En raison des divergences sur le mode d’approbation par les Colombiens de l’éventuel accord de paix — le pouvoir veut un référendum et les Farc une Assemblée constituante —, les deux parties ont menacé d’une « pause » dans les discussions, pour la première fois depuis novembre. Les négociateurs ont finalement repris normalement leur dialogue lundi, une fois les effets de manche retombés.

« Les deux camps sont vraiment décidés à avancer », assure Luis Eduardo Celis, pour qui un accord partiel sur la participation politique des rebelles devrait être annoncé en septembre, deux mois après un premier texte conclu sur la question des terres. Un pas symbolique a été franchi la semaine dernière, avec la reconnaissance par les Farc de leur part de responsabilité dans le conflit. L’État avait fait le premier pas en juillet, quand le Président avait accepté la responsabilité de l’État, « parfois par omission, parfois par action directe », dans de « graves violations des droits humains ».

Tandis que ce processus avance malgré les soubresauts à La Havane, les paysans continuaient hier de se mobiliser dans plusieurs régions du pays. « La Colombie passe du conflit armé à l’expression de la contestation sociale », constate l’analyste Ariel Avila, qui ajoute, à l’attention du pouvoir : « Cela fait partie de la démocratie, il ne faut pas en avoir peur. »

Leur presse (Michel Taille, correspondant de Liberation.fr à Bogotá, 27 août 2013)

 

La grève des agriculteurs gagne du terrain en Colombie

Depuis plus d’une semaine, des dizaines de milliers d’agriculteurs coupent des routes en Colombie pour réclamer notamment des prix-planchers et la baisse du coût du carburant. Après les mineurs et les chauffeurs routiers, ils ont reçu hier soir le soutien de citadins, essentiellement des jeunes étudiants, raconte El Universal. Des « cacerolazos » — manière typique de manifester en Amérique latine en tapant sur des casseroles — ont eu lieu à Bogota et dans plusieurs villes du pays. Des Colombiens sont donc descendus dans la rue pour faire du bruit afin « faire savoir au président Santos qu’il y a bien une grève » dans le pays, a raconté l’un des participants à El Heraldo. Car pour le chef de l’État, « la grève nationale n’existe pas ». Des propos tenus dimanche et rapportés par le quotidien colombien.

Alors l’idée est née sur les réseaux sociaux d’organiser une manifestation sonore mais pacifique, dans tout le pays, au même moment, explique El Espectador. Et celui qui ne peut pas descendre dans la rue, qu’il crie sa colère depuis sa fenêtre. Consigne des organisateurs relayée par le journal. À l’origine du mouvement, il y el Partido del tomate — le parti de la tomate — qui se définit sur twitter comme le parti des Indignés colombiens. Des Indignés qui ont voulu « alerter le gouvernement sur la nécessité de trouver une solution de toute urgence à cette grève », précise le journal car « on est arrivé à un point où aucune des deux parties ne veut céder », prévient l’un des responsables du rassemblement.

Il faut dire que cette grève qui n’a donc pas lieu, selon Juan Manuel Santos, a déjà fait 5 morts. Bilan dressé par El Espectador. Des centaines de policiers anti-émeutes ont été déployés partout dans le pays, raconte la BBC, et des affrontements ont éclaté au niveau des barrages routiers ou lors de manifestations. Particulièrement touchée, la province de Bocaya, dans le centre, où des écoles et des magasins ont été fermés, détaille la radio britannique. Des députés locaux ont même dénoncé le comportement des forces de l’ordre devant les Nations unies, rapporte El Espectador.

Juan Manuel Santos a finalement dû reconnaître que cette grève existe bien et des négociations vont débuter aujourd’hui. Mais on se demande si elles vont vraiment servir à quelque chose. Certes Juan Manuel Santos semble prêt à faire des concessions. Comme l’écrit El Espectador, il est revenu sur ses propos, reconnaissant avoir dit des « âneries ». Ensuite, il a admis que le gouvernement n’avait pas tenu ses promesses envers les agriculteurs et que leurs revendications étaient justes. Il a même dit hier, souligne El Universal, qu’ils avaient eu raison de manifester. Difficile de ne pas faire le lien entre ce changement d’attitude et la présidentielle à venir, en mai 2014 alors que comme le fait remarquer El Espectador, la campagne se prépare.

« Le dialogue commence entre le gouvernement et les paysans », résume donc ce matin El Universal. Mais en réalité, ces négociations ne débutent que dans trois provinces du pays alors que certaines organisations paysannes réclament une discussion au niveau national. Et puis si certaines revendications peuvent être satisfaites assez facilement, reste la question du Traité de libre échange avec les États-Unis au cœur de la contestation. Les paysans disent subir la concurrence des produits importés. Mais on voit mal comment Juan Manuel Santos pourrait revenir sur cet accord.

D’ailleurs si les négociations débutent aujourd’hui, les protestations elles ne faiblissent pas. Les salariés du secteur pétrolier vont même se joindre au mouvement à partir de ce matin. Information révélée par El Colombiano. Grève de 24 heures alors que cela faisait plus d’un an qu’il n’y avait pas eu d’arrêt de travail dans ce secteur, souligne le journal.

Cette mobilisation du monde agricole est nouvelle en Colombie. Mais elle était prévisible. À lire dans les colonnes de El Espectador, le point de vue du maire de Bogota, Gustavo Petro, qui dit que ce mouvement de ras-le-bol est logique, qu’il avait lui-même mis en garde l’ancien président Uribe au moment du vote du Traité. « Je lui avais dit de ne pas le signer parce qu’il allait détruire les champs de nos agriculteurs », écrit-il.

Selon lui, si la colère des paysans s’exprime aujourd’hui, c’est à cause « de l’affaiblissement des mouvements paramilitaires et du démantèlement de l’insurrection armée ». « Les mouvements civils et citoyens ont été écrasés par les fusils, l’insurrection armée et ensuite les mouvements paramilitaires. »

Le ministre délégué au Conseil social, Luis Eduardo Garzon, le reconnaît lui-même. les choses sont en train de changer en Colombie. Il faut arrêter de dire que le mouvement est infiltré. Réthorique classique en Colombie où chaque mouvement de protestation serait en fait manipulé par la guérilla. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, estime Garzon. Comme le résume El Espectador, « alors qu’on est en plein milieu des négociations avec les Farc on assiste à un processus nouveau dans lequel il y a beaucoup de composantes politiques différentes. »  Et de détailler : « Il y a ceux qui veulent tirer profit dans les urnes de ces mobilisations ; d’autres qui s’opposent à tout prix au président Santos ; et enfin ceux qui veulent instrumentaliser politiquement les négociations avec les Farc. » On aurait envie d’ajouter qu’il y a aussi le peuple colombien qui s’est mobilisé hier : « Politiciens, ouvrez vos parapluies ; il va pleuvoir des tomates », prévient le parti des tomates, les Indignés de Colombie.

Leur presse (Marine de La Moissonnière, FranceCulture.fr, 27 août 2013)

 

Violences policières en Colombie

Les manifestations de paysans qui font rage en Colombie depuis une dizaine de jours offrent leurs lots d’images choquantes. Une vidéo envoyée par un de nos Observateurs montre des policiers anti-émeute tabasser trois hommes dans une station-service, en marge des défilés de protestation.

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VOIR LA VIDÉO

La séquence de 3 minutes a été filmée discrètement par notre Observateur avec son téléphone portable. Elle s’ouvre sur l’arrivée d’une horde de policiers dans une station-service à proximité de la bourgade de Guachata, une ville située à une centaine de kilomètres au nord de Bogota, la capitale colombienne. L’ambiance est électrique. Près d’une pompe, on découvre trois hommes, des civils, allongés à plat ventre en train de se faire rouer de coups de pied et de coups de matraque alors qu’ils ne semblent pas opposer de résistance. La scène dure une cinquantaine de secondes, jusqu’à ce que les policiers décident de partir.

Si les circonstances qui ont conduit à cette violence n’ont pas encore été élucidées, la police nationale, contactée par France 24, condamne ce débordement et assure qu’une enquête interne est en cours pour démasquer leurs auteurs.

Une vive tension règne depuis 11 jours en Colombie. Un mouvement de contestation a été lancé par les paysans pour exiger du gouvernement des garanties leur permettant de vivre dignement de la culture de la terre, notamment l’établissement de prix plancher pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles (les différents produits apportés aux terres et aux cultures).

Dès le deuxième jour de mobilisation, le mouvement a été rejoint par d’autres corps de métier. Désormais, plusieurs dizaines de milliers de camionneurs militent à leur tour pour une baisse des prix des carburants tandis que des milliers de petits exploitants miniers se sont regroupés en certains points du pays pour exiger la régularisation de leurs activités.

Jeudi, un cortège composés d’ouvriers, d’étudiants, d’enseignants et de professionnels de la santé, ont manifesté à Bogota et Medellin, les deux principales villes du pays, pour soutenir les agriculteurs dans leur combat. Des manifestations qui ont été émaillées de violents heurts entre protestataires et forces de l’ordre.

Face à la grogne qui se fait de plus en plus pressante et ses conséquences directes dans la vie quotidienne – des pénuries de biens agricoles commencent à se faire sentir à Bogota suite au blocage des routes par les paysans –, les autorités colombiennes ont annoncé plusieurs propositions pour sortir d’une crise qui a déjà fait deux morts (un policier et un manifestant) et quelque 350 blessés.

« Les policiers ont agi de sang-froid »

John Cesar, l’auteur de la vidéo, travaille dans une entreprise d’import-export de charbon à Guacheta. Il était sur place pour des raisons professionnelles.

J’ai réalisé cette vidéo le 21 août sur les coups de midi. La scène se déroule dans une station-service située à environ deux kilomètres d’une petite ville qui s’appelle Guacheta, dans le département de Cundinamarca. [Cette région de Bogota est l’une des plus touchées par les mouvements de colère paysans].

Dans la matinée, des affrontements ont eu lieu entre paysans et forces de l’ordre. Des barrages ont été érigés pour bloquer les routes [à 33″ sur la vidéo, on aperçoit des arbres couchés pour barrer la route]. Au moment où je filme, le calme est revenu. Tout le secteur est quadrillé par les hommes de la ESMAD [Escuadrón Móvil Antidisturbios, l’unité antiémeute de la police].

« Les manifestants sont décrits comme des révolutionnaires enragés »

Pourtant, cela ne les empêche pas de régler leur compte à trois personnes sans défense, des paysans. Pour quelle raison ? Je n’en sais rien. L’agitation était beaucoup plus forte avant que je filme. Au moment où il tabasse les civils, la plupart des manifestants avaient déjà été dispersés par des gaz lacrymogènes [encore audibles dans la vidéo]. Les policiers n’ont pas d’excuse, ils agissent de sang-froid. Ils contrôlent la situation mais se livrent à cette agression purement gratuite. D’après quelques amis agriculteurs, un des hommes passés à tabac a des lésions au niveau d’un œil.

En filmant la scène, j’avais très peur, j’ai essayé d’être le plus discret possible. J’ai sûrement pris des risques mais je voulais que l’on voie la brutalité policière. Certains abusent de leur pouvoir en faisant croire qu’ils ne font que rétablir l’ordre, qu’ils assurent la sécurité de la population… Ils dépeignent les manifestants comme des révolutionnaires enragés, des fauteurs de troubles qui menacent l’équilibre de la société mais regardez dans quel état économique se trouve la Colombie.

En Colombie, la ESMAD a une réputation sulfureuse. De nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux pour dénoncer leurs bavures à l’égard de la population. Il y a quelques années, un documentaire a été réalisé pour montrer l’ampleur du phénomène.

Leur presse (Observers France 24, 30 août 2013) via Solidarité ouvrière

 

Colombie : L’armée déployée dans Bogota

Le président colombien, Juan Manuel Santos, a ordonné vendredi à l’armée de se déployer de manière visible à travers Bogota, à la suite de violentes manifestations paysannes qui ont semé le chaos dans la capitale et fait deux morts.

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Les manifestants protestent contre la politique agricole et commerciale du gouvernement, qui, selon eux, entraîne une paupérisation de leur secteur d’activité. Les étudiants ont rejoint leur mouvement.

« Il est inacceptable, inacceptable que les actes de quelques-uns aient des retombées sur la vie de la majorité », a déclaré le chef de l’État, à l’issue d’un conseil des ministres tenu durant la nuit au palais présidentiel.

« Hier, j’ai ordonné la militarisation de Bogota, et je ferai de même dans tout autre région où la présence de l’armée s’imposera », a-t-il ajouté.

« Aucune manifestation, aussi juste soit sa cause, ne justifie qu’il y ait des morts », a-t-il averti en assurant : « Nous ne laisserons pas ces voyous s’en tirer comme ça ».

Le président colombien a pris la mesure des événements après pratiquement deux semaines de blocage des routes et d’affrontements avec la police, qui se sont étendus jeudi à d’autres villes que Bogota.

La police a tiré des gaz lacrymogènes dans le centre de Bogota et un couvre-feu a été instauré dans trois quartiers densément peuplés de la capitale pour contrôler les troubles.

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Leur presse (Les Échos, 30 août 2013) via Solidarité ouvrière

 

Colombie : la force de la grève nationale agraire

Des milliers de personnes se sont rassemblées sur les places de plusieurs villes colombiennes pour apporter leur soutien à la grève nationale agraire. Jeudi 29 août, à Bogota, la manifestation a commencé dans le calme avant de dégénérer dans le centre-ville, donnant lieu à des affrontements entre quelques manifestants et la police antiémeute. Les négociations entre le gouvernement et le secteur agricole ont débouché sur le déblocage de certains axes du pays.

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La grève nationale agraire, qui a débuté le 19 août, a bloqué plusieurs routes de Colombie. Des négociations ont été proposées par le gouvernement du président Juan Manuel Santos et des représentants paysans afin de trouver un accord. Parmi les revendications, le secteur agricole exige le soutien de la grève nationale agraire, l’annulation de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre la Colombie et les États-Unis (TLC), et la reconnaissance de la non-conformité de la Résolution 970. Cette résolution, approuvée en 2010 par l’Institut Colombien de l’Agriculture, limite le droit des paysans à cultiver leurs propres semences pour les réutiliser et, au contraire, les autorise à utiliser les semences « légales » qui peuvent être génétiquement contrôlées par des multinationales comme Monsanto, Dupont et Sygenta.

Voilà quelques exemples des revendications sociales auxquelles le gouvernement colombien doit aujourd’hui faire face. Fortes du soutien des étudiants et des enseignants, les exigences des secteurs du riz, du papier, des transports routiers, du café, de la santé et des industries laitières et minières ont investi les rues de la capitale colombienne.

MOBILISATION À BOGOTA

La manifestation de jeudi a démarré dans le calme avant de finir par des affrontements dans le centre-ville de Bogota. Sur les réseaux sociaux, les citoyens se sont fortement mobilisés.

Dans la matinée, quelques universités ont suspendu les cours. Ainsi, les manifestants étaient majoritairement des étudiants qui, brandissant des pancartes anti-impérialistes, parfois vêtus de ponchos (tenue caractéristique des paysans), se mobilisaient avec ferveur dans les rues de Bogota jusqu’à arriver sur la place Bolivar, dans le centre historique de la capitale. Dans un état d’esprit pacifique, ils ont pu apprécier des danses, des chants et des spectacles. De plus, ils ont scandé quelques revendications : « Ne reste pas indifférent, rejoins le défilé, ton grand-père est paysan, et tu es ouvrier », « (…) et oui nous la réclamons, et oui nous la revendiquons, une Colombie libre et souveraine », « La grève nationale agraire est une réalité », démentant les affirmations du chef d’État qui assurait quelques jours auparavant : « La grève nationale agraire n’existe pas ».

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La manifestation est arrivée sur la place Bolivar, qui a accueilli quelque 8000 personnes. Là, des leaders des secteurs présents ont prononcé quelques discours. De leur côté, les porte-paroles de la Table élargie nationale étudiante (MANE) ont souligné l’importance de la mobilisation étudiante dans le mouvement. « Le mouvement étudiant soutient les revendications des camarades paysans, des ouvriers dans les industries de pétrole et de transport routier, et de tous les secteurs qui se mobilisent en Colombie. Nous, la jeunesse, serons au cœur du changement. La MANE présente une nouvelle Loi alternative d’Éducation Supérieure qui reconnaît l’éducation en tant que droit », a affirmé Álvaro Forero.

Un paysan explique sa position au Journal International. « Aujourd’hui, nous nous mobilisons parce que le gouvernement du président Santos détruit nos campagnes, et que les paysans doivent payer trop cher pour cultiver les produits de la terre. C’est une révolte contre tous les propriétaires fonciers, qui ont tous les droits sur nos terres, pour qu’une réforme agraire voie vraiment le jour en Colombie. Il y a beaucoup de paysans pauvres qui ne possèdent même par un centimètre carré de terrain » affirme José Romero, ouvrier dans l’industrie du papier dans le département de Cundinamarca. « Les étudiants luttent pour une éducation gratuite, pas pour une intensification de la guerre. Dans les campagnes, la faim, l’inanition et la violence tuent les paysans », ajoute-t-il.

Dans l’après-midi, près de la place Bolivar, la violence des affrontements entre des personnes cagoulées et la police antiémeute a pris au piège les manifestants. Une pluie de gaz lacrymogènes a suivi. La majorité des personnes présentes a fui la place pour se mettre à l’abri. Des dégâts ont été causés sur le mobilier urbain, les locaux commerciaux et sur le réseau de transport en commun, le Transmilenio. Selon le maire de Bogota, Gustavo Petro, le bilan dans la capitale est de 2 morts et 200 blessés.

Au cours de la journée, la grève a également trouvé un écho sur les réseaux sociaux. De nombreux citoyens, connectés à Internet, ont partagé leur opinion et leurs photos sur Twitter avec les hashtags : #19A (#19août), #YoMePongoLaRuana (#JePorteUnPoncho), #LoQueEsConLosCampesinosEsConmigo (#AvecLesPaysansDoncAvecMoi), #ParoAgrarioNacional (#GrèveNationaleAgraire), #ElParoNoHaMuerto (#LaGrèveNEstPasFinie). Sur Facebook, des groupes de mobilisation et de collectifs ont publié des vidéos et des caricatures représentant la colère des manifestants contre la police antiémeute, accusée d’avoir agressé plusieurs personnes.

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DÉBLOCAGE DES AXES

Vendredi, le centre-ville de Bogota portait encore les stigmates de la veille. Soacha, une commune de la banlieue de la capitale, a été éprouvée par les débordements des manifestations. Face à la grogne, le président Juan Manuel Santos a décidé de renforcer la sécurité à Bogota et sur les grands axes, en mobilisant 50’000 militaires. De plus, des récompenses ont été promises à toute personne en mesure de fournir des informations sur les casseurs.

Dans la soirée, une manifestation bruyante a été organisée. Quelque 1000 personnes sont sorties dans la rue en chantant, munies de cymbales, de sifflets et de pancartes, pour reprendre de façon pacifique, du parc national jusqu’à la place Bolivar, les revendications du jeudi.

Pendant ce temps, le gouvernement et le secteur agricole n’ont pas trouvé d’issue à la grève nationale agraire. Dans la matinée, les négociations ont permis le déblocage des axes occupés, afin de pouvoir acheminer dans les autres régions les aliments qui n’ont pas pu circuler ces deux dernières semaines.

Leur presse (Le Journal International, 1er septembre 2013) via Solidarité ouvrière

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