Les rues du centre de Sao Paulo ont vécues hier (11 juin) un climat de guerre durant la manifestation la plus violente contre l’augmentation du prix des transports en commun qui a duré plus de cinq heures.
La manifestation a donné lieu à une série d’affrontements entre les participants et la police militaire ainsi qu’à des scènes de vandalisme d’une plus grande intensité que dans les deux dernières manifestations de la semaine dernière.
La journée s’est soldée par 20 arrestations, des bus partiellement incendiés, des vitrines de magasins et de banques cassées et au moins deux stations de métro (Brigadeiro et Trianon-Masp) vandalisées.
Les manifestants ont lancé des pierres et des morceaux de bois sur la Police Militaire, qui a répondu par des tirs de flashballs, des grenades à effet moral et des lacrymogènes. Selon la police, certains groupes ont même lancés des cocktails molotov.
Un de nos journalistes a été témoin d’une agression contre un policier. [Après avoir saisi par le col un jeune qui taguait sur le Tribunal de Justice, le policier a été encerclé par plusieurs personnes qui l’ont roué de coups. Il est parvenu a se redresser et a pointé une arme à feu en direction des manifestants, sans quoi il aurait probablement été lynché.]
La manifestation a été organisée par le Movimento Passe Livre (Mouvement Transport Gratuit) qui se dit indépendant de tout parti politique mais y ont également participé des partis politiques de gauche et des mouvements anarchistes.
La police a estimé le nombre de participants à plus de 5000. La mairie, au travers de la Garde Civile Métropolitaine a affirmé qu’ils étaient 2500. Le mouvement protestait contre l’augmentation du ticket de bus de 03 R$ à 03,20 R$ et revendique la gratuité des transports publics.
La manifestation d’hier a eu lieu alors que le maire Fernando Haddad (PT) et le gouverneur Geraldo Alckmin (PSDB) étaient absents de la ville. Ils ont suivi les faits depuis Paris, où ils présentent la candidature de São Paulo pour être le siège de l’Exposition universelle de 2020. Ils ne se sont pas prononcés.
PAIX ET GUERRE
La manifestation d’hier a commencé avenue Paulista à 17h et a défilé pacifiquement par la rue de la Consolação en direction du centre, en bloquant la voie.
Ensuite, elle est entrée dans l’accès à la liaison Est-Ouest, violant ainsi l’accord fait avec la police selon lequel elle devait suivre jusqu’à la Chambre municipale.
Sur le chemin, un jeune qui taguait un muret a été agressé par des policiers et arrêté. C’est là que le climat a commencé à s’échauffer.
Le premier affrontement a eu lieu dans la station de bus du parc Dom Pedro 2nd, quand le groupe a percé un barrage policier. La Force Tactique a formé une nouvelle barrière et les policiers ont été agressés à coups de pierres, de morceaux de bois et de poubelles. La Police Militaire a répliqué à l’aide de grenades lacrymogènes.
Un autre groupe de manifestants a envahi la station et a tagué un bus. La Police Militaire a tiré d’autres lacrymogènes forçant les usagers à courir désespérément.
Dans les rues qui avoisinent la place de Sé il y a eu d’autres affrontements et les portes de la station de métro ont dû être fermées.
Un groupe a rejoint l’avenue Paulista où ils ont improvisé des barricades en brûlant des poubelles et des plaques indiquant les itinéraires de bus. Des cabines téléphoniques, des poubelles ainsi que les entrées des stations de métro ont également été vandalisées. Les troubles n’ont pris fin que vers 22h30.
Une nouvelle manifestation est prévue demain (13 juin), au Théâtre Municipal.
Traduit du brésilien (Folha de S.Paulo, 12 juin 2013) par un correspondant du JL