Turquie : avec les manifestations, l’économie redoute le départ des investisseurs
« Aucune économie au monde ne peut croître dans le chaos ». Derrière la vitre de son bureau de change d’Istanbul, Sahin Ozcetinkaya redoute les effets des manifestations antigouvernementales sur l’économie de la Turquie, comme nombre d’analystes.
Depuis les premiers affrontements violents entre policiers et les contestataires le 31 mai, le patron de ce petit bureau situé au bord de la place Taksim fait grise mine. En dix jours, son activité a dégringolé de plus des deux tiers.
« Tout le monde va être touché. Les banques, les marchés financiers », rouspète M. Ozcetinkaya, 53 ans. « Les travailleurs vont souffrir, et finalement les patrons aussi ».
La bourse d’Istanbul a été la première à sonner l’alerte. Dès la reprise de la cotation lundi après le début de la fronde, elle a subi une chute vertigineuse de plus de 10%.
Alors même si la place financière stambouliote a depuis repris un peu de poil de la bête, les analystes s’interrogent sur les risques d’une fuite des investissements étrangers qui inondent largement depuis des années l’éclatante croissance turque. « Elle dépend largement des capitaux étrangers pour financer ses investissements », écrit Neal Shearing, de la firme Capital Economics à Londres. « Le risque désormais, c’est qu’une période prolongée d’agitation politique affecte la confiance et provoque une inversion des flux d’investissement », dit-il.
Depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, la Turquie a renoué avec la stabilité après des années d’une vie politique tumultueuse émaillée d’interventions de l’armée. Après la crise financière de 2001, son économie est entrée dans une période de forte croissance, avec des pics de plus de 8% en 2010 et 2011, qui ont permis à son produit national brut (PNB) par habitant de tripler.
M. Erdogan, qui a fait de la croissance économique et l’entrée de son pays dans l’ère de la consommation de masse l’un de ses principaux titres de gloire, a attribué la responsabilité des troubles à toute une série d’intervenants étrangers, parmi lesquels des « terroristes » mais aussi un « lobby des taux d’intérêt ».
Rhétorique inquiétante
« Nous avons progressé en construisant, en produisant et en renforçant la Turquie (…) nous en sommes arrivés là malgré le lobby des taux d’intérêt», a-t-il dit vendredi. « Ils pensent pouvoir nous menacer en spéculant sur les marchés mais ils doivent savoir que nous ne les laisserons pas se nourrir de la sueur de cette nation ».
Cette rhétorique volontiers guerrière inquiète également les analystes financiers, tout autant que les manifestants. Juste après les propos très fermes qu’il a prononcés en Tunisie jeudi, la bourse d’Istanbul a chuté de près de 5%. À l’inverse, son ton plus conciliant vendredi a fait remonter son principal indice.
« Son ton plus combatif a déçu les marchés », observe l’analyste Deniz Cicek de la Finansbank, avant d’ajouter : « le maintien de cette position et l’éventualité d’une nouvelle intervention musclée de la police pourraient saper » les investissements en Turquie.
Vendredi, l’agence de notation Fitch a jugé que « l’impact économique (de la contestation) est jusque-là mineur » et ne remet pas en cause sa note financière, actuellement établie à BBB- dans la catégorie investissement.
Dans sa dernière estimation jeudi, le ministre de l’Intérieur Muammer Güler a évalué le coût de la révolte à environ 70 millions de livres turques (28 millions d’euros, 37 millions de dollars), une goutte d’eau comparée aux quelque 770 milliards de dollars du produit national brut (PNB) turc.
Mais Fitch a mis en garde les autorités turques. « Beaucoup va dépendre de la réponse des autorités aux manifestants ». « Si elle est mal gérée, la situation pourrait dégénérer, avec des conséquences dommageables pour son économie ».
Dans son bureau de change, Osman Eren, 33 ans, espère désormais que le Premier ministre va rapidement ramener l’ordre dans le pays.
« J’ai soutenu les manifestants les deux premiers jours mais c’est fini. Si ça continue, des gens vont perdre leur travail », déplore-t-il. « Je souhaite que la police déloge tous ces gens, c’est mon avenir qui est en jeu ».
Presse esclavagiste (Agence faut Payer, 9 juin 2013)
Turquie : ça travaille contre la révolte
Au milieu de cette situation politiquement explosive, une collection de syndicats et des groupes d’affaires ont publié une déclaration appelant au calme et à dénoncer les « groupes marginaux » pour essayer d’influencer les manifestations.
L’Union turque des chambres et des échanges de marchandises (TOBB), la Confédération des syndicats turcs (TÜRK-IS), la Confédération des commerçants et artisans turcs (TESK), l’Union turque des Chambres d’Agriculture (TZOB), la Confédération du Real turc Syndicats (Hak-Is) et l’Union syndicale des fonctionnaires (Memur-Sen) a fait la déclaration ensemble.
Ils ont écrit : « Nous avons besoin de la paix et de la stabilité plus que jamais à l’heure où le monde entier est aux prises avec des problèmes et où tous les yeux sont tournés vers la Turquie. Personne ne doit oublier que la paix et la sécurité dans les rues sont extrêmement importantes pour l’avenir de la Turquie et de nos enfants. La violence et les combats ne résolvent rien, et ils ne permettent pas de résoudre les problèmes. »
Labor unions, professional chambers issue call for common sense in Ankara
A group of professional organizations released a joint statement on Thursday calling on protestors participating in the recent wave of protests that started in İstanbul’s Gezi Park and then spread to other cities to act with common sense.
The Turkish Union of Chambers and Commodities Exchanges (TOBB), the Confederation of Turkish Labor Unions (TÜRK-İŞ), the Turkish Tradesmen’s and Artisans’ Confederation (TESK), the Turkish Union of Agricultural Chambers (TZOB), the Confederation of Turkish Real Trade Unions (Hak-İş) and the Civil Servants’ Trade Union (Memur-Sen) made the statement together.
It was read out loud by TOBB Chairman Rifat Hisarcıklıoğlu. The statement said the protesters were exercising their fundamental right of expression and said the unions supported this. However, it warned against attempts by marginal groups with ill intentions attempting to change the meaning of the demonstrations.
“We need peace and stability more than ever at this time when the entire world is struggling with problems and all eyes are on the rising country of Turkey. Nobody should forget that peace and safety in the streets are extremely important for the future of Turkey and our children. Violence and fighting don’t solve anything, and they make it impossible to solve problems.” The statement asked protesters not to allow criminal acts, such as vandalism, to overshadow “rights and freedoms.”
TÜRK-İŞ Chairman Başkanı Mustafa Kumlu, TESK Chairman Bendevi Palandöken, TZOB Chairman Şemsi Bayraktar, HAK-İŞ Chairman Mahmut Arslan and MEMUR-SEN’s Ahmet Gündoğdu were also in attendance during the statement’s reading at TOBB headquarters in the capital on Thursday.
CHP leader criticizes İzmir police chief
Although the Gezi Park protests have turned into peaceful and festive celebrations, alleged police violence elsewhere has continued. Videos showing an unidentified man with a club attacking protestors and passers-by in İzmir were shared online, with the İzmir police chief saying these individuals were plainclothes police officers.
Republican People’s Party (CHP) leader Kemal Kılıçdaroğlu said the İzmir police chief has failed a test. “You can’t have a civilian-looking police officer with clubs. Such people cannot represent the state.”
Interior Ministry probes undue use of force
The Interior Ministry has launched an investigation into claims that police used excessive force against Gezi Park protesters in İstanbul over the past week and will hear witnesses as part of the investigation.
Inspectors from the ministry on Thursday will first hear pro-Kurdish Peace and Democracy Party (BDP) deputy Sırrı Süreyya Önder, then journalists Mutlu Tönbekici and Mehveş Evin.
Dozens of people were injured and many others were detained in recent days in İstanbul and across Turkey after a police crackdown on demonstrators protesting the demolition of Gezi Park in Taksim. Önder was also taken to a hospital last week after a canister of tear gas fired by police hit him in the shoulder. The protest grew out of anger at the police’s heavy-handed tactics while trying to break up a peaceful sit-in to protect the park in İstanbul’s central Taksim Square.
Taksim sees calm night, clashes occur in Ankara
Protesters “keeping watch” at Gezi Park in Taksim on Wednesday night were dancing and singing in a calm atmosphere, and there was no police intervention to disperse the crowd.
Many protesters, exhausted after days of protesting against a government project to tear down Gezi Park and build a shopping mall instead, slept in bunk beds that were brought into the park, inside sleeping bags or inside cars that were damaged during the events of the past days.
The riot police was also at the square, but they stayed on their bus. In the early morning hours of Thursday, the protesters lined up before free-of-charge breakfast buffets opened up at the square. Most of the rioters were happy, as tents and free food is available in the park.
The protesters, criticized by the pious for being disrespectful to religious values, passed out special bagels (Kandil simit) prepared on religious days known as Kandil in Turkish. Wednesday night was the Miraç Kandil. There were also recitations of the Quran in the park by religious protesters. A group calling themselves the “Anticapitalist Muslims” prayed in the park and offered emotional support to the protesters.
But Ankara on Wednesday evening was chaotic, with police forcefully intervening, spraying protesters with pressurized water and using tear gas routinely.
WorldBulletin.net via DNDF, 7 juin 2013
URGENT : (video)
mort d’un manifestant tuer par balle par un policier turque
« http://bellaciao.org/fr/spip.php?article135907 »
pas d’info dans les media mainstream