[Chronique de Youv derrière les barreaux] « Mes fautes d’orthographe sont les cadeaux de mon passé turbulent »

http://juralib.noblogs.org/files/2012/09/0513.jpg[24 juillet 2012]
J’ai un rêve

J’ai un rêve mais ils l’ont mis en cage au pied du mur on s’est fait fusiller. Si près du but mais c’est quand tu imagines la tâche facile que tout se gâte.

Quand tu crois que la chose est acquise c’est là que tout se complique. Y a pas de limite d’âge pour avoir un fardeau en cadeau. La taille du cœur se limite au poids du geste. Ta paranoïa est ta propre prison.

Je me suis vu arroser des bancs de ciment en espérant les faire pousser. Je me suis laissé avoir par des noms de rue, des noms de fleurs qu’ils ont donnés à des ghettos de béton. C’est comme dire je t’aime à une femme et l’abattre d’une balle dans la tête ça n’a pas de sens.

J’ai appris à voir clair dans la douleur. Malgré mes lacunes en conjugaison ma plume s’exprime sans complexe. Mes fautes d’orthographe sont les cadeaux de mon passé turbulent. Je rêvais d’être français, pas un black en France.

Oublie Alice au pays des merveilles, on nous avait promis Ali au pays de l’oseille.

Je reprends mon souffle entre une ronde de surveillant et l’œil du mirador. J’ai maquillé mon « UZI » mitrailleur en stylo à plume.

Issu du bitume, le maton me guette, ricane en pensant que j’écris des textes de RAP. Ils sont loin de se douter que je suis en immersion. La plume d’un peuple populaire.

MÉFIE-TOI DE L’EAU QUI DORT OU TU RISQUES DE DORMIR DANS L’EAU !!!

J’ai plus de temps à perdre, je n’attends pas le jour de l’an pour souhaiter mes meilleurs vœux.

J’ai choisi l’écriture comme refuge même si on n’efface pas son passé avec des excuses.

Plus je prends de l’âge et plus je m’aperçois de l’ampleur des dégâts.

Arrêtez vos pleurs, y a mieux à faire. Commencer par inciter les plus jeunes à garder le cartable. C’est beaucoup mieux que le NESS-BI. Il n’y a pas forcément que des bonhommes en ZON-PRI.

Ta dignité en prend un coup pendant les fouilles au corps.

Les raccourcis sont souvent des labyrinthes sans issue.

Je suis l’impertinent, le militant au stylo BIC. Je rêve mais la réalité m’a réveillé gourmette aux poignets.

[La Chronique de Youv derrière les barreaux est disponible en téléchargement gratuit sur le site des Éditions Antisociales. Elle est à suivre sur le compte Facebook dédié.]

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