En Bolivie, une grève pour les retraites débouche sur un affrontement politique
En Bolivie, une grève pour la revalorisation des retraites, déclarée illégale vendredi 17 mai, est en passe de basculer dans un conflit politique. La veille, le président Evo Morales (gauche) a accusé la Centrale ouvrière bolivienne (COB) de vouloir fomenter un coup d’État et a appelé ses partisans à « défendre la démocratie ». Une première manifestation de sympathisants du chef de l’État a eu lieu à Potosi, jeudi. D’autres sont appelés à converger vers La Paz, le 23 mai, au risque de provoquer des affrontements avec les grévistes.
Avec le soutien de la COB, les mineurs, traditionnellement en pointe dans les mouvements revendicatifs, ont entraîné dans la grève les enseignants, le personnel hospitalier et des ouvriers de l’industrie. Les grévistes demandent une pension de retraite égale à leurs derniers salaires, alors qu’elle s’élève actuellement à 70 %. Le mouvement s’est durci lorsqu’ils ont appris que les militaires sont les seuls à toucher une pension égale à 100 % de leur dernière paie.
Plus de 5000 travailleurs des mines de Huanuni se trouvent à La Paz. Comme d’habitude, les mineurs manifestent bruyamment, en faisant exploser des petits bouts de bâtons de dynamite. En plein centre-ville, l’effet recherché est vite atteint : les manifestants ne peuvent pas passer inaperçus. La place Murillo, où se trouvent le palais présidentiel et le Congrès, est bloquée par la police, qui éloigne les grévistes à coups de gaz lacrymogène.
Des manifestations ont eu lieu également à Oruro, centre minier, et à Santa Cruz, cœur économique du pays. Des barrages ont été dressés sur les routes de plusieurs départements. Le gouvernement en a compté 35 dans tout le pays. Un pont a été dynamité à Caihuasi, à 200 km de La Paz.
La négociation entre le gouvernement et les grévistes est dans l’impasse depuis deux semaines. Le président Morales prétend que l’augmentation des pensions demandée compromettrait l’avenir économique. « Le gouvernement défend les droits de la majorité des travailleurs, a-t-il déclaré. Notre responsabilité sera toujours de favoriser ceux qui gagnent peu. »
Le chef de l’État a accusé les dirigeants syndicaux d’être des privilégiés et de gagner plus que lui. « Je suis démoralisé parce que je continue à nationaliser de nouvelles entreprises minières pour qu’ensuite les travailleurs les mènent à la faillite », a confié M. Morales à la presse.
Ces propos ont suscité l’indignation du syndicat des mineurs, qui a répondu que le salaire moyen à Huanuni est de 3200 bolivianos (360 euros), même si le travail à la pièce permet à une minorité, 6 % des travailleurs de la mine, d’empocher plus de 16’000 bolivianos.
Les mineurs ont pris le contrôle de Huanuni en 2002, quatre ans avant l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, a rappelé le syndicat. La pénibilité du travail réduit l’espérance de vie des mineurs, sans compter les accidents (1800 par an). Pour toutes ces raisons, le syndicat revendique une pension de 8000 bolivianos pour les mineurs et de 5000 pour les autres secteurs.
Les intentions « putschistes » prêtées par le président aux manifestants et la mobilisation de ses propres partisans contre les grévistes ont transformé le conflit syndical en crise politique. Tandis que les organisations paysannes favorables à M. Morales répondent à son appel et s’apprêtent à investir La Paz, d’autres dénoncent la manœuvre.
« Ce que le président est en train de faire est d’organiser un affrontement entre frères boliviens », assure Adolfo Chavez, dirigeant de la Confédération des peuples indigènes de Bolivie (Cidob). (…)
Ce n’est pas la première fois que M. Morales crie au coup d’État. La théorie du complot trouve en Bolivie un terrain fertile. En 2012, lorsque les Indiens de l’Amazonie bolivienne ont organisé des marches contre le tracé d’une route qui doit traverser le Territoire indigène et parc national Isiboro Secure, le chef de l’État les avait accusés d’être manipulés par l’ambassade des États-Unis. À Cochabamba, les cocaleros, les cultivateurs de la feuille de coca, dont M. Morales reste le dirigeant, ont été mobilisés pour casser le mouvement étudiant ou des grèves critiquées par le gouvernement.
Presse esclavagiste (Paulo A. Paranagua, LeMonde.fr, 18 mai 2013)
(…) À noter qu’une des peurs du gouvernement de Morales était, hier, que des fonctionnaires de police, eux aussi mal payés, se mettent en grève aux côtés des travailleurs plutôt que de les réprimer. Cela ne s’est pas passé mais des femmes de policiers du rang ont affirmé leur solidarité avec les grévistes.
Solidarité ouvrière, 18 mai 2013
Marcha de la COB agarra a un policía infiltrado y le quita su arma
La columna de la marcha encabezada por el comité ejecutivo de la Central Obrera Boliviana (COB) descubrió este viernes a un policía vestido de civil que se infiltró para cumplir tareas de inteligencia, según denunció Juan Carlos Trujillo.
El policía infiltrado tenía en su poder una pistola automática de nueve milímetros. El arma fue confiscado y mostrado a un grupo de periodistas y fotógrafos por el secretario general de la COB.
“Vean, aquí esta el arma. Este hombre nos seguía y estaba armado”, gritó Trujillo después que fue desarmado el policía, quien reportaba a seguido por celular sobre los movimientos de la marcha, según un dirigente minero.
El episodio ocurrió en el llamado “casco viejo” de La Paz, ciudad que por quinto día consecutivo fue escenario de protestas callejeras de la Central Obrera Boliviana que fue acatada por varios sindicatos.
La televisora PAT reportó también que otro policía vestido de civil fue desarmado por otra columna de la marcha de la COB. (…)
Publié par des larbins de la maison Poulaga (Opinion.com.bo, 17 mai 2013)