Les 25 et 26 mai à partir de 10h
Au Contrevent/12 bd de la Fédération/Marseille
JE M’OCCUPE : J’OCCUPE
Deux jours de discussions autour des luttes contre la gentrification et l’aménagement du territoire
La crise au quotidien
Depuis 2008, les crises et les plans d’austérité s’accélèrent, avec leur lot de paupérisation et de misère. Cette restructuration du capitalisme se matérialise concrètement dans le quotidien. Les augmentations de loyer, les quartiers laissés à l’abandon puis vidés de leurs habitants, les expulsions, locatives ou non, se multiplient. Hors des villes, les chantiers (aéroports, lignes à grande vitesse, etc.) fleurissent à grands coups d’expropriations de logements et de terrains agricoles, de déplacements de populations, à travers des forêts de matraques et des nuages de gaz lacrymogène haute qualité environnementale. Occupation policière, développement de la vidéo-surveillance, multiplication et banalisation des contrôles.
Gentrification urbaine et aménagement du territoire
L’aménagement du territoire est une pièce maîtresse du capitalisme : rentabiliser l’espace et gérer la circulation des populations. Il s’appuie sur trois piliers : modification des espaces, gestion accrue de ceux-ci, et développement « d’une image de marque » exclusive.
Dans les zones rurales, il se fait à l’échelle européenne au travers de grands projets : construction d’infrastructures de liaison entre les grands centres urbains, redessinent peu à peu les frontières. En ville, cela se manifeste entre autres par les phénomènes de gentrification et de « sécurisation ». Les villes sont « revalorisées », c’est-à-dire qu’elles sont modelées autour des espaces de consommation et de production, tout en soignant leur « image de marque » respective. Tous les moyens urbanistiques sont bons pour virer du centre ville les populations « inadéquates », avec comme arguments rentabilité et prévention des risques. Par exemple, « Marseille capitale européenne de la culture » permet cette année de coupler art, culture et sécurité pour opérer cette « revalorisation ». L’art et la culture, concepts a priori dépolitisés et neutres, contribuent à l’attractivité des zones dans lesquelles ils prennent corps, et donc à l’embourgeoisement à moyen-terme de celles-ci. La « sécurisation » de la ville et son lot de zones de sécurité prioritaires, d’augmentation de la présence policière, de nouvelles géographies urbaines ou encore d’installation de vaste réseau de vidéo-surveillance, garantissent le bon fonctionnement de la machine.
Réfléchir ensemble
Nous constatons que l’occupation (au sens large), s’est affirmé comme moyen évident de répondre à une situation d’urgence mais peut aussi s’inscrire dans une lutte politique plus large. Différents collectifs ont choisi ce point d’entrée comme moteur de l’agir collectif : occupations de logements vides, grèves des loyers et luttes contre les expulsions à Toulouse, Grenoble, Lyon, Nantes, Marseille, Paris, sans oublier Turin, Barcelone, Berlin, etc. Occupation de terrains, de forêts, de champs et de maisons autour de Notre-Dame-Des-Landes, en Val de Susa, au Pays Basque, dans la forêt russe de Khimki, etc.
Voilà donc en quoi consiste cette invitation : réfléchir ensemble en prenant du recul, avec différents collectifs et individus, à l’occupation comme moyen de lutte politique. Cerner quelles contradictions peuvent être soulevées en confrontant les différentes expériences et réalités qui composent ces luttes. Faire déborder les occupations des murs entre lesquels elles sont souvent enfermées, pour penser politiquement le moyen-terme sans se cantonner au court-terme de l’occupation en tant que telle. Réfléchir ensemble à ce qui relie les phénomènes de gentrification urbaine et d’aménagement du territoire en zones rurales. Pour apprendre et inventer de nouveaux moyens de lutter.
Nous ne superposons pas les occupants et les personnes participant à des luttes d’occupation. Certains d’entre nous vivent dans des lieux occupés, d’autres non. La plupart des gens et des collectifs invités ici participent à des luttes qui dépassent le cadre des camarades, des compagnons ou des groupes affinitaires. C’est-à-dire que nous entendons privilégier le caractère de fond dans la discussion.
Nous souhaitons réfléchir à la lutte contre l’aménagement du territoire en l’inscrivant dans une perspective révolutionnaire.
Le but de ces discussions n’est pas de trouver quelle serait la bonne solution, ni de bâtir une théorie révolutionnaire unitaire et programmatique au sein de laquelle tout commencerait par des occupations.
Ébauche de programme non exhaustif du week-end de discussion
Nous avons ébauché un « programme » du week-end et des thématiques de discussions que nous souhaitons aborder. Ce programme n’est pas figé et toutes vos propositions (de thèmes de discussions ou autre), seront les bienvenus.
Samedi 25 mai (à partir de 10 heures)
• Accueil et présentation du week-end et de la thématique des luttes contre l’aménagement du territoire et la gentrification ;
• Présentation des différents collectifs invités et de leurs expériences et pratiques ;
• Discussion collective sur les pratiques et méthodes de résistances aux expulsions et de luttes autour des questions de logement ;
• Discussions en petits groupes sur les contradictions rencontrées à travers ce genre de lutte et sur les conditions de leur dépassement (rapport aux institutions et contradictions des luttes revendicatives, rapports à la question de l’assistanat et de l’humanitaire, contradictions posées lorsqu’on s’organise avec des sans-papiers…). Nous proposons ici plusieurs pistes de discussions. Nous espérons que cette liste sera étayée par d’autres réflexions issues de nos débats. Échange collectif sur les conclusions des discussions en petits groupes ;
• Discussion collective sur l’intérêt des luttes contre la gentrification et de leur inscription dans le champ social ;
• Projections.
Dimanche 26 mai (à partir de 10 heures)
• Ateliers pratiques divers en petits groupes : organisation pratique contre les expulsions locatives, organisation face à la répression et points juridiques sur le squatt et les occupations (toute suggestion d’atelier pratique est bienvenue) ;
• Intervention de J.-P. Garnier sur l’aménagement du territoire et la gentrification ;
• Discussion collective sur ce qu’on peut nommer les « luttes de territoires », leurs enjeux, leurs contradictions (peut-être pourrons-nous compter à ce sujet sur l’intervention de camarades luttant à la ZAD ou en Val de Susa). Comment faire des liens entre ces luttes et comment les inscrire dans des perspectives révolutionnaires.
Nous savons que certaines pratiques et positions politiques divergent entre les différents collectifs que nous avons invité à participer à ce week-end. Nous pensons cependant que les débats contradictoires peuvent enrichir nos réflexions et nos pratiques.
Ce programme peut être enrichi par des réflexions venues d’ailleurs, n’hésitez pas à nous contacter. Nous avons besoin de réponses rapidement pour gérer la logistique : prévenez-nous si vous venez, et à combien, et si vous avez déjà des moyens d’hébergements à Marseille.
Marseille Infos Autonomes, 11 mai 2013