Rendez-vous le 20 avril 2013, à 14h00 à la gare de Noisy-le-Sec
Mon frère Amine Bentounsi a été tué d’une balle dans le dos le 21 avril 2012 à 21h40 par un policier. Le gouvernement et les syndicats de police en ont fait un coupable à titre posthume. Ils lui faisaient un énième procès alors que c’était lui la victime et qu’il n’était plus là pour se défendre.
12 mois plus tard, ma douleur est toujours aussi intense et chaque jour qui passe est un combat.
Depuis des mois, je rencontre ces familles de victimes de la police un peu partout en France, de façon à ne former qu’un face à ce déni institutionnalisé de la part de l’État, de la justice, des médias, et de l’opinion publique. Avec toutes ces familles de victimes, nous avons plusieurs points en commun qu’il ne faut pas négliger et se dire que cela n’est que pur hasard !
Nos frères ont été tué par des policiers, nous sommes tous, comme ils aiment nous appeler, « issus de l’immigration » et nous habitons tous des quartiers dits « sensibles ». Pour qui, pourquoi ? c’est la question qu’on doit se poser, quelle est cette volonté de vouloir nuire à une seule et même population ? Quelle est la part de responsabilité de chacun dans cette stigmatisation continue, depuis des années, qui crée une montée du racisme, de la violence, physique et verbale.
Le gouvernement continue à nous mépriser. Il y en effet un processus d’extermination à petit feu qui a été mis en route depuis plusieurs années, dans ces quartiers. Dans toutes ces affaires de policiers qui commettent des actes dégradants, humiliants, méprisants, des meurtres, des crimes qui vont à l’encontre du code de la déontologie, dans ce pays qui se dit le pays des droits de l’homme, qui nous stigmatise à longueur d’année, ce pays où soit disant la justice est impartiale, les criminels qui se cachent sous l’uniforme de la police ne sont pas jugés.
Nous avons le devoir de dénoncer et de sensibiliser nos jeunes et l’opinion publique dans les banlieues en France face aux pratiques de ces bourreaux et face à l’omerta organisée par la justice et l’État. Un jour peut-être nos enfants nous reprocheront de n’avoir rien fait, alors qu’il était encore temps. Nous avons tous une part de responsabilité et une obligation à partir du moment où l’on sait. Ne rien dire, ne rien faire, c’est cautionner.
J’ai besoin de vous, de votre intelligence et de votre courage.
« Ce petit frère qu’on assassine ». En effet Amine a été assassiné à l’âge de 13 ans, par 6 mois de prison ferme : le processus d’extermination mentale, sociale, intellectuelle était en route, jusqu’à ce qu’on le tue physiquement, le 21 AVRIL 2012.
Amine c’est l’histoire de beaucoup de jeunes de banlieues, qui ont été parqués dans des ghettos et à qui on demande de s’en sortir. Pendant qu’on continue à travers les médias, les prises de position politiques à stigmatiser cette même population du fait de sa couleur, de ses
origines, de sa religion et de son lieu d’habitation.
La cour européenne des droits de l’homme a condamné la France, à plusieurs reprises pour ces violences policières. L’État reste sourd et ne prend aucune mesure face a ces policiers qui commettent des meurtres en toute impunité.
Comment peut-on expliquer qu’un policier qui est mis en examen pour « homicide volontaire » a été muté et continue à percevoir son salaire en attendant son procès ? L’actualité nous démontre qu’on n’est pas tous égaux face à la justice, il y a en effet une justice pour les citoyens qui est ferme et sans pitié et une justice complice avec des policiers, qui amène à ce genre de dérive (meurtres, racismes, violences, rackets etc…).
Est-ce que ces policiers sont-ils vraiment au-dessus des lois ?
Stop à l’impunité !
Place à l’organisation pour réagir et dénoncer cette injustice !
Collectif UNPA, 9 avril 2013