Le jésuite Jorge Mario Bergoglio était le chef d’une Église argentine contestée
(…) l’Église d’Argentine, dont Bergoglio était le primat avant de devenir le nouveau pape, est une des plus contestées d’Amérique latine pour sa passivité, voire sa complicité, à l’égard de la dernière dictature militaire (1976-1983). Le national-catholicisme était l’idéologie dominante des forces armées, qui comptaient avec la bénédiction de la hiérarchie de l’Église.
Contrairement aux Églises du Brésil et du Chili, qui ont joué un rôle capital dans la défense des victimes de la répression et dans la lutte pour les libertés, la hiérarchie argentine a montré une indifférence coupable face aux horreurs commises. Elle fermait la porte aux proches des victimes et refusait de s’impliquer dans des démarches humanitaires. Les religieux et religieuses solidaires des Mères de la place de Mai étaient des francs-tireurs, qui n’étaient pas soutenus par leurs supérieurs, et qui ont payé parfois avec leur vie leur compassion et leur fraternité. (…)
Presse à scandales (Paulo A. Paranagua, blog du Monde America latina (VO), 13 mars 2013)
Le pape François Ier succède à Benoît XVI
Quelle était la position du cardinal Bergoglio durant la dictature argentine ?
Des médias internationaux ont fait état de soupçons quant à l’attitude du cardinal Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François, durant les années de la dictature en Argentine (1976-1983).
Le journal britannique The Guardian rapporte qu’un livre, Le silence, écrit en 2005 par le journaliste argentin Horacio Verbitsky, a mis en lumière un rôle qui pourrait être qualifié de trouble joué par le cardinal Bergoglio dans l’emprisonnement de deux prêtres qui œuvraient auprès des démunis dans les bidonvilles.
Le cardinal Bergoglio n’aurait pas protégé les deux hommes après qu’ils eurent refusé d’arrêter de travailler dans les bidonvilles.
L’auteur du livre s’est basé sur le témoignage de l’un des prêtres, Orlando Yoro, qui est décédé en 2000.
Par ailleurs, le livre avance que les autorités cléricales de Buenos Aires ont aidé la dictature à dissimuler les prisonniers politiques aux enquêteurs des droits de l’homme.
Le cardinal Bergoglio a démenti ces accusations et a affirmé qu’il avait aidé plusieurs opposants durant la dictature des militaires.
Les évêques argentins ont toutefois présenté leurs excuses l’année dernière pour avoir échoué à protéger la population contre la dictature.
Dans un jugement du 7 décembre dernier contre trois militaires, le tribunal de La Rioja, dans le nord-ouest de l’Argentine, a souligné « l’indifférence » et aussi « la complicité » de l’Église avec l’appareil répressif des généraux argentins.
Le tribunal a affirmé également que la hiérarchie catholique argentine faisait la sourde oreille aux rapports faisant état de persécution des membres du Mouvement des prêtres pour le tiers-monde, une des bêtes noires du régime.
Par ailleurs, le quotidien français La Croix a rapporté sur son site Internet qu’une juge française souhaiterait entendre le cardinal Bergoglio au sujet de l’assassinat du prêtre français Gabriel Longueville, survenu au début de la dictature.
La juge voudrait savoir s’il existe à l’archevêché de Buenos Aires ou au Vatican des archives sur le dossier.
Presse à scandales (Radio-Canada.ca, 13 mars 2013)
(…) même en Argentine, certains restent persuadé qu’il a joué un rôle trouble. « Bergoglio est un homme de pouvoir et il sait comment se positionner parmi les puissants. J’ai encore beaucoup de doutes sur son rôle concernant les jésuites qui ont disparu sous la dictature », a témoigné mercredi à une radio argentine Eduardo de la Serna, représentant d’un groupe de prêtres de gauche. L’agence de presse Reuters a rappelé des propos de Fortunato Mallimaci, l’ancien doyen des sciences sociales à l’Université de Buenos Aires, selon lequel « l’histoire le [Jorge Mario Bergoglio, ndlr] condamne ». « Il s’est opposé à toute innovation dans l’Église et, surtout, pendant la dictature, il s’est montré proche des militaires », a-t-il ajouté.
En France, Christian Terasse, le rédacteur en chef de la revue Golias, hebdomadaire catholique progressiste, est revenu longuement sur France info sur le rôle qu’aurait tenu le nouveau pape durant la dictature de Videla. « Cet homme n’a pas eu les paroles, les attitudes qui convenaient pour protéger certains de ses confrères engagés contre la dictature militaire de Videla. (…) J’ai un document qui montre que l’Église d’Argentine [dont le nouveau pape était l’un des responsables, ndlr] se réunissait avec la dictature pour consigner un certain nombre de dispositions par rapport à des opposants catholiques jugés marxistes parce que subversifs par rapport à l’ordre chrétien qui soutenait le général Videla ». Pour ce spécialiste, cela ne fait aucun doute, « la soutane blanche de Bergoglio est entachée symboliquement : à la fois au niveau de son positionnement personnel qui n’a pas été très courageux parce qu’il n’a pas protégé certains de ses confrères mais aussi de ce qu’il représente du rôle politique qu’a joué l’église d’Argentine dans sa complicité avec la dictature ». (…)
Presse à scandales (20minutes.fr, 14 mars 2013)
En Argentine, un tribunal affirme la complicité de l’Église sous la dictature
Pour la première fois un tribunal argentin a accusé l’Église catholique de complicité avec la dictature militaire argentine de 1976 à 1983. Dans son édition du mercredi 13 février 2013, le quotidien Pagina 12 publie un article intitulé « Une complicité qui se maintient au fil des ans ».
L’auteur cite une partie de l’arrêt du 7 décembre dernier du tribunal federal de La Rioja (nord-ouest de l’Argentine). Celui-ci, long de 417 pages et signé par quatres juges a condamné à la prison à vie trois responsables du 3e corps de l’Armée : son chef Luciano Benjamin Menendez, le lieutenant-colonel Luis Fernando Estrella et l’ancien commissaire Domingo Benito Vera.
« Les juges ont souligné “l’indifférence”, mais aussi la complicité de la hiérarchie avec l’appareil répressif, et même dans l’attaque menée contre des membres du Mouvement des prêtres pour le Tiers-Monde », souligne l’article. « Ils rappellent que les rapports de Mgr Enrique Angelelli, évêque de La Rioja, concernant la persécution de plusieurs membres de son équipe pastorale, aux autorités de l’Église ont été ignorés à l’époque. » Selon les juges, aujourd’hui encore, une certaine « réticence des autorités ecclésiastiques et même du clergé pour résoudre les crimes » perdure.
Une hiérarchie indifférente voire complice
Le tribunal de la Rioja jugeait l’assassinat en 1976 de deux prêtres : l’Argentin Carlos de Dios Murias et le Français Gabriel Longueville. Le P. Longueville et son vicaire le P. Murias avaient été enlevés le 18 juillet 1976 dans la paroisse d’El Salvador d’El Chamical. Leurs corps criblés de balles avaient été retrouvés, les yeux bandés, dans un terrain vague de la ville. Le P. Longueville — l’un des 18 Français assassinés ou disparus durant la dictature — faisait partie du Mouvement des prêtres pour le Tiers monde, une des bêtes noires du régime. Un procès pour la béatification des deux prêtres a été ouvert par le diocèse en 2010.
Quelques jours plus tard, l’évêque de La Rioja, Mgr Enrique Angelelli, fut tué dans un accident de voiture provoqué. Il venait de constituer un dossier sur l’assassinat des deux prêtres. Le procès a permis de démontrer que Mgr Angelelli, ainsi que d’autres prêtres, avaient bien informé la Conférence des évêques sur la situation dans la région.
Selon les organisations des droits de l’homme, un évêque, au moins dix prêtres, deux séminaristes et cinq agents pastoraux ont été tués pendant la dictature. Dix autres prêtres, sept séminaristes et 45 agents pastoraux sont considérés comme disparus. Environ 30’000 personnes ont disparu pendant la dictature argentine entre 1977 et 1983.
Presse à scandales (La-Croix.com avec Apic, 14 février 2013)
L’Église argentine face aux fantômes de la dictature
L’Église argentine se défend dans la tourmente. Elle répond à ceux qui lui reprochent sa prétendue complicité avec les horreurs la dictature, dans les années 70, niant avec fermeté les accusations de collaboration lancées contre des évêques de l’époque. La polémique a ressurgi il y a quelques mois lors de la publication d’une interview de l’ex-dictateur Jorge Videla. Condamné pour crimes contre l’humanité, ce dernier a affirmé que la hiérarchie catholique de l’époque était au courant des assassinats de disparus.
La réponse de l’épiscopat à cette nouvelle affaire embarrassante est contenue dans une lettre publiée au terme de leur récente Assemblée plénière. L’Église revient sur le contexte sociopolitique de l’époque ; elle rappelle ses nombreuses interventions en faveur des disparus, des victimes de la torture, des personnes incarcérées sans jugement, des enfants nés en captivité et arrachés à leurs mères, victimes du terrorisme d’État. Elle évoque son mea culpa à l’occasion du Jubilé de l’An 2000, dans lequel elle regrettait de s’être montrée indulgente à l’égard de certaines dérives totalitaires et de ne pas avoir fait assez pour défendre la démocratie.
Des accusations qui ne correspondent pas à la vérité
Aujourd’hui, elle comprend la douleur et le scepticisme face à une justice incomplète. En revanche, elle rejette catégoriquement les récentes affirmations de l’ex-chef de la junte Videla accusant quelques évêques de l’époque d’avoir été informés de la méthode de disparition des opposants politiques appliquée par son régime. Certes, l’Église connaissait la réalité de la répression et elle a payé son tribut. Des prêtres catholiques qui critiquaient le régime ont été eux aussi victimes des escadrons de la mort. Un évêque auxiliaire a été assassiné en 1976. Un an plus tard, des religieuses françaises ont été enlevées et assassinées par des militaires argentins.
La liste est longue. Mais les évêques reconnaissent que si les années passent, des interrogations demeurent quant à la responsabilité des personnes et des institutions. Une tâche sombre qui pèse sur leur crédibilité. Ils se disent disposés à engager une enquête approfondie : cette recherche de la vérité, longue et douloureuse — écrivent-ils — nous rendra libres. (…)
Presse à scandales (Radio Vatican via News.va, 12 novembre 2012)
EXCLUSIVO DIALOGO SECRETO DE LA IGLESIA CON VIDELA SOBRE EL ASESINATO DE LOS DETENIDOS-DESAPARECIDOS
Preguntas sin respuesta
Videla le confesó a la Iglesia Católica en 1978 lo que recién hizo público 34 años después: que los detenidos-desaparecidos habían sido asesinados. La Comisión Ejecutiva le transmitió el pedido de Massera de informar sobre el tema. Videla respondió que era imposible, por las inevitables preguntas sobre cada asesinato, el responsable y el destino de los restos. Un diálogo sobrecogedor, contenido en una minuta para el Vaticano que se conserva en el archivo secreto del Episcopado.
La política de desaparición forzada de personas que el ex dictador Jorge Videla acaba de admitir en varios reportajes y ante la justicia fue reconocida en 1978 ante la Comisión Ejecutiva de la Iglesia Católica. Videla dijo que le gustaría brindar la información pero que en cuanto se comunicara que los detenidos-de-saparecidos habían sido asesinados comenzarían las preguntas acerca de quién mató a cada uno, cuándo, dónde y en qué circunstancias y qué destino se dio a sus restos. La respuesta a esas preguntas sigue pendiente 34 años después. En el diálogo con el periodista Ceferino Reato, quien anuncia que no importa “tomar partido a favor o en contra del entrevistado”, Videla dice que la desaparición de personas no se debió a excesos o errores sino a una decisión de la pirámide castrense que culminaba en él. Pero también da a entender que la imposibilidad de informar sobre los desaparecidos obedece a que la información nunca estuvo centralizada, que cada jefe de zona sólo sabía lo sucedido en su jurisdicción y que muchos han muerto. “Los listados eran la puerta a un debate que conducía a la pregunta final: ¿Dónde están los restos de cada uno?, y no teníamos respuestas para ese interrogante, con lo que el problema, al dilatarse, se agravaba día a día y aún persiste.” Pero en su reunión con la Iglesia Católica Videla habló con mayor franqueza, como se hace ente amigos: dijo que “el gobierno no puede responder sinceramente, por las consecuencias sobre personas”, un eufemismo para referirse a quienes realizaron la tarea sucia de matar a quienes habían sido secuestrados y torturados y se encargaron de que de-saparecieran sus restos. Al elegir esa política que Videla calificó de cómoda, porque eludía las explicaciones, la Junta Militar puso bajo sospecha a la totalidad de los cuadros de las Fuerzas Armadas y de Seguridad, algo que recién comenzó a disiparse con la reapertura de los juicios, donde con las garantías del debido proceso se establecen las responsabilidades que la Junta ocultó. Hasta hoy se han pronunciado 253 condenas y veinte absoluciones, lo cual muestra que en democracia nadie está condenado de antemano y que puede ejercer su derecho a defensa. En el documento secreto sobre este diálogo, que el Episcopado conserva en su archivo, la afirmación de Videla sobre la protección a quienes cumplieron sus órdenes criminales está agregada a mano por el cardenal Raúl Primatesta, que presidía la Conferencia Episcopal y que fue acompañado en la reunión por sus dos vicepresidentes, Vicente Zazpe y Juan Aramburu. En abril de este año la jueza Martina Forns, titular del juzgado federal Nº 2 en lo Civil y Comercial y Contencioso Administrativo de San Martín interrogó a Videla en forma exhaustiva, a solicitud del abogado Pablo Llonto, quien representa a Blanca Santucho, hermana del jefe del ERP abatido en julio de 1976 por un pelotón del Ejército, y cuyos restos nunca fueron entregados a la familia. Un paso previsible en la investigación es solicitar a la Iglesia Católica acceso a los documentos que atesora sobre el tema. El que contiene las explicaciones de Videla lleva el número 10.949, lo que da una idea del volumen de la información que el Episcopado sigue manteniendo en secreto. Está guardado en la carpeta 24-II del Archivo de la Conferencia Episcopal. La Iglesia Católica eligió silenciar el contenido de la conversación en la que Videla les reveló que todos los desaparecidos habían sido asesinados. A continuación, la historia de ese encuentro público pero de contenido secreto.
Carta al cardenal
El 10 de abril de 1978, el diario Clarín tituló su página 3 “El presidente de la Nación almorzará hoy con la cúpula del Episcopado”. Emilio Fermín Mignone, cuya hija Mónica Candelaria había sido secuestrada en mayo de 1976, redactó sin pausa tres densas carillas a un solo espacio y las envió con un mensajero a la sede de la Conferencia Episcopal. También esa carta se conserva en el archivo secreto que el Episcopado guarda en su sede de la calle Suipacha, en la carpeta titulada “Personas detenidas y de-saparecidas, 1976-1983”. Mignone escribió que a dos años y medio del golpe, era indudable que la desaparición forzada de personas constituía “un sistema y no excesos aislados”. El fundador del CELS describió ese sistema: el secuestro, el robo, la tortura y el asesinato, “agravado con la negativa a entregar los cadáveres a los deudos, su eliminación por medio de la cremación o arrojándolos al mar o a los ríos o su sepultura anónima en fosas comunes”. Y se realizaba en nombre de “la salvación de la ‘civilización cristiana’, la salvaguardia de la Iglesia Católica”, colocando “como valor supremo la denominada ‘seguridad colectiva’ sobre cualquier otro principio o valor, incluso los más sagrados”. Añadió que “sobre la mentira nada perdurable puede fundarse”. Mignone insistió en la necesidad de que el gobierno informara “cuál ha sido la suerte de cada ‘desaparecido’, la inmensa mayoría de los cuales, todos lo sabemos y también los obispos, han sido arrestados por organismos de las Fuerzas Armadas o de Seguridad. Y esto, monseñor, es lo que le pedimos que ruegue, exija, obtenga del Presidente de la República esta mañana”.
La desesperación y el odio
Mignone decía que la desesperación y el odio iban ganando muchos corazones y que las exigencias de justicia impedirían cualquier intento de evolución democrática pese a que muchos dirigentes políticos, ansiosos por subirse al barco oficial, querrían echar un manto de olvido sobre lo ocurrido. También le informó a Primatesta que en marzo Emilio Massera le había dicho que la Armada exigía que se diera a conocer la suerte de cada desaparecido y preso no declarados, pero que el Ejército se oponía. “Nos pidió que solicitáramos a usted, al señor nuncio, a monseñor Tortolo, que insistieran ante el Presidente y comandante en Jefe del Ejército en el mismo sentido.” Mignone no ignoraba las tensiones internas en la Junta Militar y no experimentaba la menor simpatía por ninguno de sus integrantes. Pero trataba de explotar esas contradicciones para abrir una brecha en el muro de silencio sobre el destino de su hija y de miles como ella. También advirtió a Primatesta que la táctica del silencio, de la que el Episcopado participaba por sus propias razones, no era admisible. “El Pueblo de Dios necesita participar y ser informado. Necesitamos conocer lo que el Episcopado expresa al gobierno en sus comunicaciones. De lo contrario de nada sirven.”
Un diálogo franco
Al día siguiente, Zazpe le informó a Mignone que la Comisión Ejecutiva le había transmitido a Videla “todo lo que dice su carta”. Dijo que habían sido “tremendamente sinceros y no recurrimos a un lenguaje aproximativo” pero le advirtió, como si se tratara de una accesoria cuestión técnica, que había una “divergencia con su carta” acerca de la publicidad o reserva de esta entrevista. “En esta ocasión volvió a recurrirse a la reserva.” Primatesta informó luego a la Asamblea Plenaria que los obispos le plantearon a Videla los casos señalados en su carta por Mignone, de presos que en apariencia recuperaban su libertad pero en realidad eran asesinados; que se interesaron por sacerdotes desaparecidos, como Pablo Gazzarri, Carlos Bustos y Mauricio Silva, y por otros detenidos de los que pidieron la libertad y/o el envío al exterior. Pero el desarrollo completo de la reunión sólo está contenido en una minuta preparada por la propia conducción episcopal para informar al Vaticano y que nunca fue publicada. Primatesta, Zazpe y Aramburu la redactaron en la sede de la Conferencia Episcopal al terminar el almuerzo antes de que los detalles se desvanecieran en su memoria. El gobierno negaba que hubiera presos políticos porque todos los detenidos eran “delincuentes subversivos y económicos”, incluso los sacerdotes arrestados. Las desapariciones de personas eran obra del terrorismo para desprestigiar al gobierno, que compartía las inquietudes de los obispos. Los tres agradecieron a Videla por haber reconocido la existencia de excesos en la represión pero dijeron que no conocían que se hubiera castigado a los responsables, que era otra de las reflexiones de Mignone. En un clima que Aramburu describió como cordial, Primatesta lamentó que Videla no pudiera tomar “todas las medidas que quisiera”, con lo cual lo exculpaba de los hechos por los que le reclamaban. En un tono lastimero, Videla dijo que no era fácil admitir que los de-saparecidos estaban muertos, porque eso daría lugar a preguntas sobre dónde estaban y quién los había matado. Primatesta hizo referencia a las últimas desapariciones producidas durante la Pascua, en San Justo, “en un procedimiento muy similar al utilizado cuando secuestraron a las dos religiosas francesas”. La minuta redactada al concluir el almuerzo reconstruye la réplica textual de Videla ante la solicitud: “El presidente respondió que aparentemente parecía que sería lo más obvio decir que éstos ya están muertos, se trataría de pasar una línea divisoria y éstos han desaparecido y no están. Pero aunque eso parezca lo más claro sin embargo da pie a una serie de preguntas sobre dónde están sepultados: ¿en una fosa común? En ese caso, ¿quién los puso en esa fosa? Una serie de preguntas que la autoridad del gobierno no puede responder sinceramente por las consecuencias sobre personas”, es decir los secuestradores y asesinos. Primatesta insistió en la necesidad de encontrar alguna solución, porque preveía que el método de la desaparición de personas produciría a la larga “malos efectos”, dada “la amargura que deja en muchas familias”. Videla asintió. También él lo advertía, pero no encontraba la solución. Este diálogo de extraordinaria franqueza muestra el conocimiento compartido sobre los hechos y la confianza con que se analizaban tácticas de respuesta a las denuncias que ambas partes sentían como una amenaza. Primatesta también habló “sobre la actitud de alguna Fuerza Armada que urgía la publicación de las listas de presos, v.g. el almirante Massera”. En realidad, Mignone le había escrito que la lista de presos no tenía valor alguno, porque los familiares la conocían, y lo que Massera reclamó fue una lista de detenidos-desaparecidos. Videla se alzó de hombros. Aunque presidía la Junta y el gobierno, no tenía todo el poder y había fuerzas que no controlaba, dijo. Las actitudes de los eclesiásticos tenían sutiles matices. Zazpe preguntó: “¿Qué le contestamos a la gente, porque en el fondo hay una verdad?”. Según el entonces arzobispo de Santa Fe, Videla “lo admitió”. Aramburu explicó que “el problema es qué contestar para que la gente no siga arguyendo”, lo cual parece una fiel interpretación del propósito de Massera. Los jefes del Ejército y de la Armada descargaban su responsabilidad, cada uno en el otro, y la Iglesia les seguía el juego. Según Aramburu, cuando Videla repitió que “no encontraba solución, una respuesta satisfactoria, le sugerí que, por lo menos, dijeran que no estaban en condiciones de informar, que dijeran que estaban de-saparecidos, fuera de los nombres que han dado a publicidad”. Primatesta explicó que “la Iglesia quiere comprender, cooperar, que es consciente del estado caótico en que estaba el país” y que medía cada palabra porque conocía muy bien “el daño que se le puede hacer al gobierno con referencia al bien común si no se guarda la debida altura”. Tal como le dijo Videla al primer periodista que lo entrevistó, el español Ricardo Angoso, “mi relación con la Iglesia Católica fue excelente, muy cordial, sincera y abierta”, porque “fue prudente”, no creó problemas ni siguió la “tendencia izquierdista y tercermundista”. Condenaba “algunos excesos”, pero “sin romper relaciones”. Con Primatesta, hasta “llegamos a ser amigos”. Sobre el conflicto interno, que Videla llama guerra, “también tuvimos grandes coincidencias”. Zazpe murió en 1984, Aramburu en 2004 y Primatesta en 2006. Pero los documentos sobre ese diálogo entre amigos siguen hasta hoy en el archivo secreto del Episcopado.
Presse à scandales (Horacio Verbitsky, Pagina12.com.ar, 6 mai 2012)
Bébés enlevés sous la dictature argentine : des victimes demandent l’audition du cardinal Bergoglio
L’avocat argentin Martin Niklison et l’association des Grands-mères de la Place de Mai ont demandé à ce que le cardinal Jorge Maria Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, soit entendu comme témoin dans le procès pour vol de bébés durant la dictature argentine.
Deux anciens dictateurs, Jorge Videla, 85 ans et Reynaldo Bignone, 83 ans, ainsi que six officiers, comparaissent depuis le 28 février pour le vol de plus de 500 bébés enlevés à leurs mères détenues dans plusieurs prisons clandestines de la dictature militaire.
Au cours des débats, Estela de la Cuadra, fille d’Alicia de la Cuadra, une des fondatrices des Grands-mères de la Place de Mai, morte en 2008 à 93 ans, a raconté comment elle avait demandé l’aide du P. Bergoglio, alors provincial des jésuites, pour l’aider à retrouver la trace du bébé de sa sœur Elena, emprisonnée alors qu’elle était enceinte.
Il revient aux juges de déterminer les suites à donner à cette demande d’audition.
Entendu dans une autre affaire en 2010
Le cardinal Bergoglio avait déjà été entendu en novembre 2010 dans le procès de la sinistre École de mécanique navale (Esma). Le tribunal s’était alors rendu à l’archevêché de Buenos Aires pour entendre ses explications sur la disparition en 1976 de deux jésuites internés à l’Esma une semaine après qu’il leur a retiré la permission de prêcher.
Aucune charge n’avait été retenue contre lui.
Le 21 avril dernier, une juge d’instruction du tribunal de grande instance de Paris a annoncé qu’elle souhaitait entendre le cardinal Bergoglio sur le meurtre du prêtre français Gabriel Longueville survenu au début de la dictature.
Presse à scandales (La-Croix.com, 3 mai 2011)
Retour sur la dictature : l’Église catholique, responsable ou coupable ?
Entre 1976 et 1983, la dictature militaire menée par le général Videla a entraîné 30’000 disparus et 1,5 millions d’exilés. Encore aujourd’hui, l’Église catholique est montrée du doigt pour ses agissements. Soutien délibéré aux militaires ou silence coupable, en tout cas, elle n’a jamais fait son mea culpa.
La prison à perpétuité. C’est la peine qu’a reçu en octobre 2007 Christian Von Wernich, l’ex-aumônier de la police de Buenos Aires, pour sa participation aux enlèvements et aux meurtres commis pendant les « années de plomb ». Ce verdict a relancé les débats sur le rôle de l’Église, et les demandes d’excuses officielles sont de plus en plus pressantes. La Confédération épiscopale argentine, dans un communiqué suivant le procès, a affirmé que le curé a agi « selon sa volonté personnelle ». Elle se dédouane ainsi de toute responsabilité.
Les prêtres bénissaient les tortionnaires
Pourtant, l’Église argentine aurait bien été complice de la répression. Selon Horacio Verbitsky, du Centre d’études légales et sociales de l’Argentine, l’Église et l’armée, avec des discours d’ordre et de hiérarchie, étaient les deux piliers de la dictature. D’après les témoignages des Mères de la Place de Mai, les prêtres bénissaient les tortionnaires des camps de détention pour les décharger de toute culpabilité.
Adolfo Scilingo, un officier de marine repenti jugé coupable de crimes contre l’humanité en 2005, a rappelé lors de son procès les « vols de la mort » : des prisonniers étaient jetés encore vivants dans l’océan. Les pilotes, à leur retour, recevaient la bénédiction des chapelains. Ils leur assuraient que leur mission était de lutter contre le communisme, et qu’ils avaient donné « une mort chrétienne pour le bien de la Patrie ».
« L’Église ne se mêle pas de politique »
Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980, est partagé. Lors d’une conférence au Sénat français en mars 2008, il déclare qu’il n’est « pas possible de parler de l’épiscopat argentin comme si tous les évêques avaient eu alors une seule façon de penser. » Parmi les coupables de soutien réel, il cite des noms précis. Il dénonce ensuite la masse innombrable de religieux qui a fermé les yeux sous prétexte que « l’Église ne se mêle pas de politique ».
Son entretien avec le Nonce apostolique en Argentine, auquel il demande à l’époque de réagir, le laisse perplexe. « Que voulez-vous que je fasse ?, aurait-il répondu. Je ne peux pas faire ce que les évêques argentins ne veulent pas faire. » Au plus haut niveau, c’est avec le Pape qu’Adolfo Perez Esquivel s’entretient en 1981. Il lui remet un dossier avec 84 photos d’enfants disparus. « Vous devriez aussi vous préoccuper des enfants des pays communistes », aurait rétorqué Jean-Paul II. Mais la semaine suivante, le Pape évoquait dans un discours au Vatican le sort de ces enfants.
Certains religieux ont résisté
Le Prix Nobel nuance son accusation, en citant des religieux qui ont résisté, et parfois payé de leur vie leur engagement pour une Église « engagée auprès du peuple ». Des prêtres comme Enrique Angelelli ou Horacio Ponce de Leon sont morts dans de mystérieux accidents de voiture en 1976 et 1977. Les membres du Mouvement des Prêtres pour le Tiers-Monde ont été systématiquement torturés ou contraints à l’exil. Le théologien Ruben Dri a dû se défroquer en 1974 pour échapper à l’armée.
À l’issue du procès Von Wernich, l’Église argentine a appelé le pays à « s’éloigner autant de l’impunité que de la haine ou de la rancœur » et a demandé « la réconciliation ». Elle a manqué, encore une fois, une occasion d’améliorer son image, selon les associations de victimes qui ne comptent pas abandonner leur combat.
Leur presse (Yona Helaoua, L’Argentine sans messie, La 32e promo de l’IPJ va à rebours de l’actualité, 17 novembre 2010)
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