À qui et à quoi peuvent bien servir les « identitaires », et au sujet de leur prétendue « implantation » à Boulogne-sur-Mer…

Le scénario est invariablement le même. À partir d’une simple information pêchée sur le net, un non-événement monté en épingle déborde sur l’espace public jusqu’à produire l’effet contraire de celui escompté. Ainsi, la réunion à Boulogne-sur-Mer de quelques jeunes fascistes, pour la plupart membres de la petite bourgeoisie locale occasionne depuis quelques jours une agitation stupide prêtant à une officine sans ancrage une importance qu’elle n’a pas mais qu’elle réclame. À tel point que l’on est en droit de se demander qui, à ce petit jeu, sert les intérêts de qui ?

Misère de l’anti-fascisme

Il nʼest pas dans notre intention de nier la résurgence d’une extrême-droite dans de nombreux pays européens ni de sous-estimer le danger et le piège qu’elle représente pour les exploités à mesure que la crise s’aggrave. Il nous importe plutôt de comprendre dans le jeu politicien actuel en rapport à l’activité du capital, quels intérêts parfois divergents elle peut être conduite à servir.

Dans le cas présent, nous assistons tout bonnement à l’instrumentalisation par la gauche locale et ses satellites d’un soit disant danger, pire semble-t-il à leurs yeux, que ce qu’endurent au quotidien les travailleurs et les chômeurs soumis à la politique de leurs amis du gouvernement. Là est la manœuvre de la social-démocratie, usée jusqu’à la trame depuis Mitterrand.

Rappelons une fois encore que, jamais, la social-démocratie n’a constituée un rempart devant la montée du fascisme, bien au contraire ! C’est sur le cadavre de la révolution allemande, écrasée avec la collaboration des sociaux-démocrates de l’époque, que les nazis accéderont à la tête de l’État. Un État aujourd’hui prétendument démocratique qui n’a cessé au fil de ces dernières décennies d’accroître son contrôle et sa domination sur les populations les plus fragilisées au gré de politiques toujours plus anti-sociales et répressives. La gauche qui, d’un côté, hurle aux loups poursuit de l’autre la politique de ses prédécesseurs, eux-mêmes transfuges pour certains d’organisations fascistes dénoncées par les premiers. Et la ronde de continuer…

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Pour les prolétaires, l’urgente nécessité du combat contre le capitalisme !

S’il nous faut garder un œil sur les groupes fascistes comme celui des « identitaires », c’est d’abord pour ce qu’ils peuvent nous instruire du basculement des classes moyennes dans les affrontements sociaux des temps à venir. Les classes moyennes, en ascension dans l’entre deux guerre, constituèrent à l’époque l’essentiel de la base sociale du fascisme en Allemagne. Aujourd’hui, à leur tour frappées par le ralentissement de l’activité du capital et en proie au déclassement, elles pourraient être tentées par une nouvelle aventure qui leur offrirait le « salut » en échange de leur soumission politique. Ce groupe est d’autant plus convoité qu’il constitue une frange non négligeable de l’électorat du Parti Socialiste en France. Voyez comme on se retrouve…

Mais pendant ce temps, ce même Parti Socialiste, ne recule devant aucune des exigences des patrons. Il s’apprête à présenter au parlement un projet de loi salué par le Medef qui dépouillera davantage les travailleurs et les chômeurs à l’heure où les licenciements fauchent des milliers d’entre nous. Fort heureusement, dans de nombreux secteurs et en particulier dans l’automobile, les travailleurs résistent et ne comptent que sur leurs propres forces pour s’organiser et combattre. Pour eux, comme à PSA Aulnay par exemple, le « fascisme », a déjà un visage, celui de ces petits chefs, de ces flics des sociétés privées que la famille Peugeot engage pour casser la lutte et harceler les grévistes.

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Que les choses soient claires, il n’y a pas de “sortie de crise” à attendre. Le capitalisme, actuellement confronté aux limites de sa propre reproduction tentera par tous les moyens, notamment les plus violents, de nous imposer sa logique destructrice. L’urgence pour nous les prolétaires : travailleurs, chômeurs, jeunes, retraités, immigrés, n’est pas de se laisser abuser par l’agitation de misérables groupuscules nazillons mais d’œuvrer à renforcer les luttes actuelles, de les populariser, de les soutenir, et à notre tour de nous y plonger.

Groupe Communiste Anarchiste de Boulogne-sur-Mer
La Mouette Enragée, le 23 février 2013

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