Brèves d’Égypte
Quatre jours sans heurts et sans morts en Égypte. Mais la crise politique s’exacerbe.
• La Haute Cour constitutionnelle vient de rejeter le projet des élections législatives, conçu sur mesure par le parti Liberté et justice des Frères. Le tribunal a adressé à l’encontre de ce projet les mêmes critiques déjà formulées par l’opposition et demandé les mêmes modifications concernant : le découpage électoral très déséquilibré en faveur des Frères ; l’absence de garanties pour le déroulement d’un processus sans fraude (présence des ONG, d’experts internationaux, de magistrats à la tête des bureaux de vote) ; l’interdiction de tous des anciens députés du parlement du régime déchu de se porter candidats même s’ils n’ont pas commis de délits et l’autorisation accordée à ceux qui n’ont pas fait leur service militaire. Il n’est pas évident que le pouvoir exécutif décide de modifier une loi qu’il a lui-même initiée, et accepte les recommandations de la HCC dont il a cherché à casser il y a juste un mois. Ce qui va envenimer davantage les hostilités entre le pouvoir judiciaire et un État, sourd à toutes revendications, à toutes contestations, à tout conseil, à toutes initiatives allant dans le sens de l’apaisement de la situation et de l’ouverture d’un véritable dialogue national dans un pays qui s’enfonce tous les jours de plus en plus dans la pénurie et le chaos.
• Le Front du salut national ; FSN, vient d’annoncer le boycott par l’opposition des élections législatives prévues fin avril. L’une de ses composantes, Tayar Chaabi, formation politique de l’ex-candidat à la présidentielle, Hamdin Sabahi, appelle à la désobéissance civile dans tout le pays.
• La désobéissance civile à Port-Saïd a été très largement suivie, aujourd’hui, les ouvriers du secteur des containers dans le port se joignent à ce mouvement qui commence à faire tache d’huile : dans la ville voisine d’Ismailya, à Mahalla El Kobra, à Mansoura où le docteur Ghoneim, personnalité politique très respectée et membre du parti social démocrate a appelé à la désobéissance civile, et tout récemment à Alexandrie. Si le grand Caire s’y met, cela mettra le pouvoir dans une position très critique.
Ce mouvement va sûrement s’amplifier, lorsque les masques tombent et qu’on en vient à l’évidence que rien ne change depuis deux ans, si ce n’est en pire, que le pouvoir continue à tuer froidement vos enfants, à les torturer et à les humilier (127 activistes torturés selon les ONG des droits de l’homme) et qu’il vous demande de serrer la ceinture en vous contentant de trois galettes de pain par jour alors qu’il ne fait rien pour sortir le pays de son marasme économique ; il n’y a pas d’autre choix que la poursuite de la révolution.
La révolution continue.
Galila El Kadi – mailing, 20 février 2013
Égypte : poursuite d’une grève à Port-Saïd malgré une promesse du pouvoir
Une grève se poursuivait mercredi pour la quatrième journée consécutive à Port-Saïd où les manifestants réclamant justice après la mort de protestataires ont rejeté une promesse du gouvernement d’injecter des fonds dans cette ville du nord-est de l’Égypte.
La plupart des usines et des bureaux gouvernementaux demeuraient fermés dans cette ville qui longe le canal de Suez, ont rapporté des témoins.
Des manifestants ont lâché au-dessus du canal qui relie la mer Méditerranée à la mer Rouge de grands ballons sur lesquels était écrit « SOS ».
Des responsables du canal ont indiqué que la circulation sur cette voie maritime n’avait pas été affectée par le mouvement de grève.
Les protestataires réclament justice pour la mort d’au moins 40 personnes, tuées dans des affrontements avec la police après la condamnation à mort fin janvier de 21 supporteurs de football locaux, accusés d’être impliqués dans des violences meurtrières l’an dernier après un match de foot.
Le président Mohamed Morsi, qui avait fait appel à l’armée pour assurer la sécurité et déclaré l’état d’urgence à Port-Saïd après les violences de janvier, a promis mardi de consacrer à la ville 400 millions de livres égyptiennes (44,4 millions d’euros) puisées dans les recettes du canal de Suez.
Il a également indiqué qu’il présenterait une loi au Sénat — qui fait office de Parlement en attendant les élections législatives — pour rouvrir une zone franche dans cette région, selon un communiqué de son bureau.
Les habitants de Port-Saïd et d’autres villes en bordure du canal se plaignent d’être marginalisés par les autorités.
Les violences de janvier, les plus meurtrières depuis l’élection présidentielle de juin 2012, se sont déroulées sur fond de forte contestation du pouvoir de M. Morsi et de sévère crise économique.
Presse contre-révolutionnaire (Agence Faut Payer via lorientlejour.com, 20 février 2013)