La vague de saccages soulevée dans le pays semblerait être terminée. Interférences dans la politique et les médias qui ne prennent pas en compte le principal problème : la question sociale.
Selon la Confederación Argentina de la Mediana Empresa (CAME = Moyenne entreprise), 292 locaux furent saccagés dans 40 villes d’Argentine. Bariloche, une ville marquée par une brutale inégalité sociale, a été le premier épicentre d’un mouvement qui plus tard s’est étendu jusqu’à la province de Santa Fe et de différentes localités de la conurbation de Buenos Aires, entre autres lieux. D’un autre côté, cette organisation patronale estime à 26,5 millions de pesos les pertes des locaux dévastés.
D’autre part, témoignant de la violence vécue, dans les barrios (quartiers) humbles de Rosario deux décès y ont été constatés : celui de Silvina Barnachea, supposément par hémorragie causée par les bris de vitrine, et celui de Luciano Carrizo, touché par un tir dont pour le moment on ignore s’il a été tiré par les forces répressives ou par un commerçant. De plus, environ 500 personnes sont détenues dans tout le pays par les forces répressives.
Réponses de la politique et des médias
Face à cette situation, le débat sur le terrain politique et médiatique se focalise principalement autour de deux questions.
En premier lieu, sur qui sont les organisateurs des saccages. Il y eut d’abord les accusations du gouvernement national envers Moyano et Micheli, leaders respectivement des syndicats opposants CGT CTA. Bien entendu, la réplique des syndicalistes ne se fit pas attendre, ils en vinrent à accuser, au cours d’une conférence de presse, le gouvernement de ces saccages à seule fin de se poser en victime. Il ne manqua pas d’autres secteurs de l’opposition pour profiter de l’aubaine et apporter de l’eau à leur propre moulin. Ils tentent de comparer la situation sociale actuelle à celle de 2001, ignorant les importants changements qui ont eu lieu, et en dernière analyse, construisent un discours fonctionnel au kirchnérisme pour qui il n’est pas difficile d’argumenter que nous ne sommes pas dans la même situation que dix ans en arrière.
En second lieu, on discute l’action répressive des forces de sécurité puis celui de la Justice. La chef de tous les procureurs de la province de Buenos Aires, María del Carmen Falbo, déclara dans une interview dans Página/12 que “à première vue, les délits sont des larcins qualifiés et vols qualifiés, dans les deux cas, parce que commis en bande”. Elle a ajouté : « le vol qualifié est puni d’au moins six ans de prison, c’est un délit très grave”. […]
Les conditions sociales
Au-delà des possibles organisateurs ou instigateurs des saccages, il est évident qu’un phénomène d’une telle ampleur ne peut arriver sans des conditions sociales qui le rendent possible. En ce sens un débat très important s’ouvre dans le discours kirchnériste, qui omet toute référence à la continuité de la pauvreté comme donnée structurelle de notre pays. Il faudrait ajouter à cela le contexte d’inflation croissante et la détérioration conséquente du salaire réel des travailleurs, plus l’insuffisance des plans Argentina Trabaja (Arg. travaille) et des politiques sociales en général. En tenant compte des grandes marges dans le travail noir ou précaire dont souffre notre peuple, il est évident que ce ne sont plus seulement les gens au chômage qui tombent sous le seuil de pauvreté, mais aussi des secteurs importants qui travaillent tous les jours, parfois lors d’exténuantes journées. Si l’on y ajoute les récentes augmentations d’impôts et des prix des transports, nous nous trouvons dans une situation dans laquelle les fins de mois sont de plus en plus difficiles pour de nombreux Argentins et Argentines. […]
Traduction partielle faite par un cerveau humain à partir de leur presse (Ulises Bosia, Marcha, 27 décembre 2012) via La Haine