L’ISLANDE SE RÉJOUIT D’AVOIR ABANDONNÉ SES BANQUES
Au lendemain des accords conclus à Bruxelles dans la nuit de mercredi à jeudi autour de la création d’une supervision bancaire opérée par la Banque Centrale Européenne, Olafur Ragnar Grimsson, le président Islandais, s’est permis de narguer l’Union Européenne en se félicitant d’avoir laissé tomber les banques. Une décision « difficile mais décisive » pour la relance économique de son pays. Et contraire à la démarche européenne.
(…). Tandis que l’Europe est empêtrée dans la hausse du chômage et le retard de croissance, l’Islande a survécu à l’effondrement de son système bancaire non sans avoir été à deux doigts de devenir « le premier cas de faillite nationale de la crise financière mondiale ».
« La plus dure, mais la plus judicieuse »
Quatre ans après la cruciale décision de ne pas sauver les banques, criblées de dettes, la croissance du pays dépasse désormais celle de la zone euro. « Accepter de laisser les banques tomber en faillite fut l’acte le plus difficile qu’il m’ait été donné de prendre. Mais sans doute le meilleur. Il est l’une des raisons fondamentales de la forte reprise économique de notre pays au regard des autres pays européens. Il valait mieux laisser l’Islande s’autogérer que de laisser l’Union Européenne parler en son nom. Le pays en recueille les fruits aujourd’hui ». En empruntant un chemin inverse à l’Europe, les politiques islandais ont contribué à améliorer la santé économique du pays.
La pêche et le tourisme
La réhabilitation s’est opérée en trois temps : par une nationalisation et un refus de recapitaliser les trois géants bancaires (Kaupthing, Glitnir et Landsbanki), par un abandon des créanciers étrangers à leur triste sort et, surtout, par une dévaluation volontaire de la couronne. Comme l’analysait La Tribune le mois dernier, cette dévalorisation de la couronne islandaise a provoqué une inflation (jusqu’à 18%) au cours de l’année 2009, un ralentissement de la hausse des salaires en 2009 et 2010, mais elle a permis aux secteurs épargnés, comme la pêche et le tourisme (en hausse de 16% sur l’année 2012), de profiter de la relance économique mondiale pour engranger des bénéfices et relancer des investissements.
Loin de l’Europe
Avec un certain succès, puisque 2012 marque un accroissement du PIB — qui avait reculé de 6,6% en 2009 — de 2,1%, là où la plupart des pays européens affichent une croissance en berne. Avec un déficit à l’équilibre prévu pour l’an prochain, un taux de chômage proche de 5% et le remboursement total des 2,1 milliards prêtés par le FMI, Reykjavik respire. (…)
Presse surendettée (Loïc Struys, 7sur7.be, 14 décembre 2012)
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