[Turin] Révolte au CIE : Flambé (14 décembre 2012)
Deux semaines après la révolte du 30 novembre, une nouvelle mutinerie a réchauffé les cœurs des prisonniers du centre de rétention de Turin.
Encore une fois, il a suffit d’un petit salut pour allumer la mèche : quand, dans l’après-midi, une trentaine de solidaires se sont rassemblés à l’extérieur du centre, certains détenus des sections rouge, bleue et violette sont montés sur les toits et ont incendié plusieurs matelas. Des ballons de foot et des balles de tennis ont été lancées par dessus des murs, un petit brasier a été allumé sur le trottoir. La police est intervenue avec des canons à eau pour éteindre les incendies sur les toits et, à ce qu’il paraît, un mur à l’intérieur de la section rouge a été abattu, de quoi faire des pierres à jeter sur les flics. L’émeute terminée, la police a perquisitionné la section rouge à la recherche de morceaux de verre (ou de bananes renforcées ?) et, peu après, dans la section bleue, des retenus ont lancé des bouteilles sur les matons.
Traduit de l’italien (Macerie) par Sans papiers ni frontières, 15 décembre 2012
Banane – 11 décembre 2012
Une belle corbeille de bananes. Des bananes de Porta Palazzo, on se comprend, des bananes remplies de limes. Pas une lime dans le sens du fruit tropical, mais en réalité cinq scies en fer, celles qui sont bonnes à scier les barreaux. Les bananes en question étaient dans un paquet qu’un anarchiste de Turin a porté mercredi après midi à l’entrée du CIE de Corso Brunelleschi, mais malheureusement les limes ont été découvertes.
“Quelle insolence ! – s’exclame le flic après la découverte – imaginer pouvoir livrer dans les mains d’un prisonnier les instruments pour regagner la liberté c’est nous prendre pour des ignorants !”
“Celui-là a lu trop de bandes dessinées” pouffent de concert la préfecture et les rédactions des journaux.
“Quel naïf ! – dit le sage – ne sait-il pas qu’il existe des détecteurs de métaux ?”
“Quel imbécile – fait le prudent – ne pouvait-il pas le faire apporter par quelqu’un moins en vue, qui serait passé inaperçu ?”
Si aux flics et aux journalistes, c’est de bon usage de ne pas leur répondre, à tous les autres cela vaut la peine de dire quelque chose. Aux sages, il suffit de rappeler toutes les fois dans le passé récent où les prisonniers du CIE de Turin (et pas seulement) ont scié les barreaux, et que donc, de quelque manière, des scies sont entrées, en réussissant à passer les contrôles ; on ne pourra pas savoir de quelle manière. Aux prudents, nous disons simplement que l’on ne peut attendre qu’une autre personne y aille, qu’on ne peut déléguer aux autres ce à quoi te guide ta conscience.
Peut-être que les bananes ne sont pas le meilleur endroit pour les cacher mais l’unique question que l’on peut se poser vis à vis des limes de fer, n’est pas tant si il est possible d’en faire entrer ou qui peut le faire, mais comment réussir. Pour le découvrir, il faudra simplement essayer et réessayer encore, et toujours, ou jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de barreaux à scier.
Traduit de l’italien (Macerie) par Sans papiers ni frontières, 11 décembre 2012