LE 16/12 : OSONS UNE LUTTE QUI EN SOIT UNE … CAR NOUS EN SOMMES !
Rejoignez le bloc contre l’instrumentalisation de nos identités et de nos combats !
Nous, féministes, gouines, trans, bi-e-s, pédés, antifascistes, psychiatrisé-e-s, séropos, asexuel-le-s, queers, anormaux-ales, masochistes, poly(in)fidèles, hystériques, avortante-s, intersexes, enculé-e-s, putes, travs, pornographes, et autres combattantes dénonçons le regain de respectabilité des discours des droites extrêmes, leur diffusion dans les médias et leur influence sur les prises de décision politiques.
Plusieurs semaines que des groupes réactionnaires manifestent contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples LGBT et déversent leur homo-lesbo-transphobie dans plus de 70 villes en France.
Plusieurs semaines que des personnalités religieuses comme politiques invoquent la sacrosainte « différence des sexes » pour refuser aux couples LGBT, aux familles homoparentales et/ou transparentales la reconnaissance juridique de leur existence.
Plusieurs semaines que le gouvernement dit « socialiste » se mure dans un silence complice quand il ne ménage pas explicitement la susceptibilité des opposant-e-s à l’égalité des droits. Ce n’est que lorsqu’ils émanent d’une organisation musulmane (Union des Organisations Islamiques de France) que ce gouvernement se prononce contre des propos homophobes, dans la droite ligne étatique islamophobe en vigueur depuis des années.
Nous n’oublions pas que si nous nous battons encore aujourd’hui pour l’égalité des droits c’est aussi parce que le P « S » au pouvoir il y a 13 ans, déjà trop couard pour défendre réellement le PaCS en 1999, était surtout trop homophobe pour ouvrir le mariage et la filiation aux couples LGBT. Ces atermoiements du gouvernement ne peuvent que nous rappeler toutes les trahisons d’un parti qui se situe dans la continuité du gouvernement de Nicolas Sarkozy.
Nous n’oublierons pas :
• l’enterrement du droit de vote des étrangers aux élections locales ;
• la limitation du nombre de régularisations alors que le gouvernement se gargarise d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour ;
• l’abandon du récépissé après contrôle d’identité ;
• les expulsions de Rroms plus effrénées encore qu’il y a deux ans.
Nous vomissons également le tout-répressif gouvernemental qui maintient les lois sarkozystes sécuritaires et racistes, de l’interdiction de porter le voile intégral au délit de racolage passif.
Nous dénonçons l’attitude du P « S » face au militantisme radical, qui à Notre-Dame-des-Landes comme face à un groupe d’activistes transpédégouines à Besançon, ne consiste plus qu’en des invectives et des fantasmes sur un supposé « terrorisme ».
Si tant est que nous imaginions échapper au pire avec l’élection de François Hollande, nous n’avons aujourd’hui plus aucune illusion.
À l’heure où, comme à son habitude, le P « S » tâtonne, recule et rame, les principales organisations LGBT font preuve d’une naïveté complaisante et consternante, incapables de s’insurger contre ces méthodes réchauffées.
Permettre aux plus respectables des gays et des lesbiennes de gravir un échelon sur l’escalier de l’hétéronation constitue pour le P « S » un moyen de masquer les effets de ses politiques racistes, islamophobes, sécuritaires et libérales, y compris au sein de nos communautés.
Ne soyons pas dupes : les discours intégrationnistes portés par ces associations, et inlassablement répétés par une InterLGBT rêvant de nous endormir, promeuvent un modèle de « citoyenneté » vichyste et un idéal de vie ultranormé. Leur combat pour le mariage et l’adoption s’adresse en réalité aux homocitoyen-ne-s français-e-s, en couple, fidèles, porteur-euse-s d’un projet de parentalité à deux, et payant des impôts.
En faire l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’homophobie et contre toutes les inégalités dans le monde, c’est se désolidariser complètement des autres minorisé-e-s, sans-droits, précarisé-e-s et criminalisé-e-s.
Nous constatons que les associations LGBT mainstream se targuent aujourd’hui d’avoir toujours lutté contre les « discriminations », alors même que :
• elles puisent dans l’imagerie nationaliste la plus vomitive, cherchant à draper la « fierté LGBT » dans les plus beaux atours du patriotisme franco-citoyen ;
• elles gardent un silence complice depuis toutes ces années sur les dégâts des politiques de répression des travailleur-euse-s du sexe ;
• elles cautionnent le racisme et l’islamophobie d’État, comme a pu le démontrer le refus de l’interLGBT d’intégrer HM2F (Homosexuel-le-s musulman-es de France) sous des prétextes fallacieux ;
• elles font preuve d’une transphobie et d’un cis-sexisme brutaux et ordinaires, en refusant systématiquement d’inclure des questions trans et bi dans leur agenda exclusivement centré sur les doléances gays et lesbiennes ;
• elles refusent d’inclure la lutte contre le sida dans leurs revendications, arguant que se montrer solidaires des trans, gouines, bi-e-s et pédés séropositif-ve-s serait trop « stigmatisant ».
Nous ne débattrons plus pour obtenir des droits qui nous reviennent. Nous ne cautionnerons pas un discours homonationaliste et autocentré. Nous ne laisserons plus le P « S » nous faire miroiter une loi a minima. Nous refusons de voir ces droits se négocier sur fond de politiques droitières et de discours faisant la part belle à la « citoyenneté » au nationalisme.
REJOIGNEZ-NOUS POUR FORMER UN BLOC INCLUSIF DANS LA MARCHE POUR L’ÉGALITÉ, le samedi 15 décembre, à 14h, à la fontaine des réformés [Marseille].
Marseille Infos Autonomes, 12 décembre 2012