La police birmane disperse une manif’
La police birmane est intervenue à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser une manifestation contre un vaste projet minier piloté par l’armée et la filiale d’un fabricant d’armes chinois, rapportent des témoins. Plusieurs fourgons de police antiémeute sont arrivés dans les camps installés près de la mine de Monywa, dans le nord-ouest du pays, où des milliers d’habitants contestent depuis trois mois le projet d’extension de cette mine de cuivre pour un montant d’un milliard de dollars.
Les protestataires dénoncent la confiscation illégale de plus de 3.000 hectares de terres. Shin Oattama, un moine bouddhiste qui aide les villageois, a déclaré que dix moines avaient été blessés, dont deux sont dans un état critique. « Ils ont tiré certaines cartouches qui ont mis le feu au camp. Nous cherchons refuge dans un village avoisinant. Il n’y a pas d’ambulance, pas de médecin pour prendre en charge les blessés », a-t-il ajouté.
Les querelles foncières constituent un problème croissant en Birmanie, où les manifestations, autrefois rapidement réprimées par la junte au pouvoir, sont devenues plus fréquentes depuis les réformes d’ouverture engagées par le président Thein Sein il y a dix-huit mois.
L’opposante Aung San Suu Kyi a maintenu une visite prévue jeudi sur le site, où elle entend parler aux manifestants, a déclaré son parti, la Ligue nationale pour la démocratie. La mine, la plus grande du pays, est exploitée par une filiale de China North Industries Corp, un fabricant d’armes chinois, aux termes d’un contrat signé en juin 2010. Il est soutenu par la holding économique de l’Union du Myanmar (UMEHL), propriété de l’armée birmane.
Presse militaro-industrielle (LeFigaro.fr avec Reuters, 29 novembre 2012)
Birmanie : des dizaines de manifestants blessés par la police
Des dizaines de manifestants qui occupaient une mine de cuivre dans le nord-ouest de la Birmanie ont été blessés jeudi lors d’une opération de police. Les forces de l’ordre ont utilisé des canons à eau, entre autres, pour disperser les moines bouddhistes et les villageois protestataires, à quelques heures de l’arrivée de l’opposante Aung San Suu Kyi, venue entendre leurs doléances.
Selon une infirmière de l’hôpital de Monywa, 27 moines et une autre personne ont été hospitalisés pour des brûlures causées par des projectiles. Deux des moines plus gravement blessés ont été envoyés à l’hôpital à Mandalay, la deuxième ville du pays, à 2h30 de route.
Les autres manifestants évacués se sont rassemblés dans un temple bouddhiste à environ 5 km de l’entrée de la mine.
Les protestataires, qui ont installé six campements autour de la mine de Letpadaung près de Monywa, estiment que l’exploitation de la mine provoque des problèmes d’environnement, de santé et des problèmes sociaux. La répression qui s’est abattue sur eux, et en particulier sur les moines, pourrait transformer l’opération en fiasco pour le président Thein Sein, prompt à se féliciter de la transition démocratique en Birmanie.
« C’est inacceptable », déclare Ottama Thara, un moine de 25 ans qui participe au mouvement. « Ce type de violences ne devraient pas arriver sous un gouvernement qui dit être engagé dans des réformes démocratiques. »
Entreprise chinoise et armée birmane
La mine de Letpadaung est exploitée par une entreprise chinoise et un groupe contrôlé par l’armée birmane. Le mouvement, qui a débuté en août dernier, a entraîné l’arrêt de l’exploitation de la mine le 18 novembre dernier, date de l’occupation de la zone, avait déclaré le ministère de l’Intérieur birman dans un communiqué.
Le gouvernement birman avait donné l’ordre aux manifestants de quitter les campements mardi soir à minuit. Certains ont obéi mais d’autres, dont une centaine de moines, sont restés sur les lieux mercredi.
« Vers 2h30 (jeudi), la police a annoncé qu’elle nous laissait cinq minutes pour partir », raconte Aung Myint Htway, un agriculteur dont la peau est recouverte de brûlures. Ce producteur de cacahuètes ajoute que la police a utilisé des canons à eau avant de tirer avec des pistolets lance-fusées. « Ils ont tiré des balles noires qui explosaient en flamèches. Ils ont tiré environ six fois. Les gens se sont mis à courir et ils nous ont suivis », relate l’homme, se tordant de douleur à cause de sa peau brûlée.
L’opposante Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, avait prévu de se rendre dans cette région reculée du pays pour entendre les manifestants. Ces derniers réclament que le projet de mine « soit totalement arrêté » et demandent que toute concession soit rendue publique, devant les médias.
Presse militaro-industrielle (Sipa-AP via tempsreel.nouvelobs.com, 29 novembre 2012)