Albi. Lancer de colis : la prison dit stop
Le phénomène des remises illicites d’objets en milieu carcéral n’est pas nouveau mais hier matin, il a pris une ampleur sans précédent à la maison d’arrêt d’Albi. Il est 10 heures, dans le bâtiment B de la prison, réservé aux condamnés. L’heure de la promenade, moment propice forcément pour les « livreurs-lanceurs ». Depuis leur poste d’observation, des surveillants assistent, éberlués, à une véritable pluie d’objets. Dans la cour du bâtiment B, ils vont intercepter 16 colis (!) contenant de la nourriture, de l’alcool, des téléphones portables ou encore des clés USB. S’il souligne « la vigilance du personnel », Yankel Gély, le délégué local FO confie aussi une crainte, partagée par nombre de ses collègues : « Qu’un jour, ce soit une arme qui rentre dans l’établissement ».
Parmi les objets les plus couramment lancés, on trouve bien sûr des cigarettes et des stupéfiants. « Tout cela est source de trafics et de racket, donc cela nuit forcément au climat carcéral », reconnaît un surveillant.
Régulièrement, la brigade anticriminalité et la BSU (l’unité judiciaire de la police) effectuent des patrouilles aux abords de la maison d’arrêt, en particulier sur le parking du Crédit agricole où des lanceurs de drogue ont souvent été repérés. « Dans la mesure du possible, on essaie de prendre en compte les préoccupations exprimées par l’administration pénitentiaire mais aussi par les riverains, mais notre priorité n’est quand même pas de surveiller 24 heures sur 24 les abords d’une prison qui est un endroit par définition sécurisé », rappelle-t-on au commissariat d’Albi.
De leur côté, les syndicats pénitentiaires sont dans leur rôle en renouvelant leur demande d’installation d’un filin de sécurité. Ils s’inquiètent aussi du nouveau profil des détenus d’Albi. « Ces jeunes qui rentrent, ils sont capables de tout. Ils n’ont peur de rien. Quand on voit qu’à Lavaur des mineurs font le pari de s’évader et y parviennent sans difficulté… » Pour Yankel Gély, ce n’est pas un hasard si ces lancers d’objets se produisent au pied du bâtiment B, réservé aux condamnés. « C’est un bâtiment étroit, très confiné. Certains sont là depuis 18 mois et commencent à craquer. Ici, on monte très vite en étouffement. »
Que risquent les lanceurs ?
La remise illicite de correspondance ou d’objet à un détenu est un délit puni d’1 an d’emprisonnement et de 15’000€ d’amende.
Presse pénitentiaire (LaDepeche.fr, 28 novembre 2012)