Lavaur. La multiplication des évasions de mineurs devient inquiétante
« Par ici la sortie » : cette signalisation ne sera jamais posée dans la cour intérieure de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur, mais les jeunes détenus qui ont envie de se dégourdir les jambes à l’extérieur de la prison connaissent parfaitement le chemin pour prendre la poudre d’escampette.
Les deux nouveaux évadés (voir notre édition de vendredi) n’ont fait que suivre le chemin emprunté pour la première fois à Lavaur le lundi de Pâques 2010 par un jeune et par deux autres prisonniers le lundi 15 octobre dernier. De toute évidence il existe une malfaçon dans la conception de ces prisons.
Grâce aux fenêtres et à la gouttière, il y a une possibilité d’accéder d’abord sur le toit, puis sur le mur d’enceinte. Pour des adolescents en bonne condition physique l’exercice est aisé : on grimpe puis on saute de 7 m avant de déguerpir. Et ça marche !
Déjà en 2008
Ce moyen d’évasion a été inauguré en février 2008 par 2 mineurs détenus à l’EPM de Marseille. La technique a fait école chez les prisonniers. Après la première évasion de ce type à Lavaur, les personnels avaient fait remonter le problème : rien n’a été fait. Des travaux de sécurisation sont prévus et programmés. Hier dans la ville, les réactions des habitants oscillaient entre scandale et dérision.
« C’est une passoire. Avec tout cet argent investi », marmonnait une vieille dame. « Je ne leur confierai pas mes enfants. Ils sont mieux encadrés au centre de loisirs », plaisantait, goguenard, André, à la terrasse du café des Américains. Ceux qui ne sont pas d’humeur à rire ce sont les syndicats de surveillants : « Nous attendons toujours que l’on prenne en compte au niveau national nos interrogations sur la sécurité dans les EPM mais également de leur utilité», indique Christian Colla, pour FO Pénitentiaire. « Depuis l’ouverture en juin 2007, les personnels demandent la pose de barbelés sur les murs de cette enceinte, mais même avec 2 évadés en octobre, toujours rien, malgré les promesses », s’indigne dans un communiqué Laurens Maffre, secrétaire régional UFAP/UNSa Justice.
Lavaur. Toujours en cavale
Les deux évadés sont âgés de 16 et 17 ans. Ils ont intégré l’EPM depuis peu de temps, avec le statut de prévenus. Ils étaient dans l’unité des arrivants. Une unité qui porte désormais bien mal son nom. Comme pour les précédentes évasions, ils ont profité du moment de détente vers 19 heures pour fausser compagnie à tout le monde en empruntant les fenêtres et la gouttière situées dans un des angles de la cour intérieure. Ils devaient être jugés prochainement : l’un dans le cadre d’une procédure criminelle pour vol aggravé et l’autre dans le cadre d’une procédure correctionnelle. Selon nos informations, un des deux adolescents habite Toulouse et l’autre est domicilié dans le département de l’Aude. Hier, à l’intérieur de la prison le climat était tendu : le personnel accuse le coup. Du côté des mineurs détenus, pas de chambrage comme lors de la dernière double évasion. Très certainement que ces actes ne sont plus un événement. « Il ne faudrait pas trouver des lampistes pour porter le chapeau », expliquait, sous couvert de l’anonymat, un surveillant, hier après-midi. Du côté de l’enquête, malgré l’important dispositif de gendarmerie mis en place dès l’annonce des évasions, les deux jeunes sont toujours en cavale.
Presse carcérale (Richard Bornia, LaDepeche.fr, 24 novembre 2012)
courage les jeunes!!!