Affaire Merah : vers une commission d’enquête parlementaire
PARIS (Sipa) — Une commission d’enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des services de renseignement français lors de l’affaire Merah devrait être créée en janvier prochain, les députés EELV, à l’origine de cette initiative, ayant décidé d’utiliser leur « droit de tirage », accordé à chaque groupe une fois par session, a annoncé mercredi l’élu écologiste Noël Mamère.
« Nous considérons à l’instar des avocats et de tous ceux qui ont suivi cette affaire qu’il y a des dysfonctionnements graves dans le système de renseignement français », a-t-il expliqué devant la presse à l’Assemblée nationale.
Cette commission, à laquelle le groupe PS s’était un temps opposé, « n’aura pas seulement pour but de chercher la vérité, d’essayer de percer la muraille du secret-défense (…) mais également de revoir le système de fonctionnement des services de renseignement tel qu’il avait été réformé par l’ancien président de la République, M. Sarkozy », a précisé le député de Gironde, instigateur de cette action avec son collègue du Gard Christophe Cavard.
Les députés écologistes, auquel s’est associé le socialiste Gérard Bapt, ont souhaité que, comme pour l’affaire d’Outreau, soit nommée une commission d’enquête de 30 députés représentant les différents groupes politiques qui siègent à l’Assemblée.
La proposition de résolution est aujourd’hui sur le bureau de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. « Comme aucune information judiciaire n’a encore été ouverte (sur les dysfonctionnements, ndlr), nous ne voyons pas la raison qui pourrait conduire la garde des Sceaux à dire qu’il n’y a pas de possibilité d’enquête parlementaire », a indiqué M. Mamère.
Absent de cette conférence de presse, Me Patrick Klugmann, qui représente les familles des victimes de l’école juive de Toulouse, s’est réjoui que « tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a aucune difficulté à créer cette commission d’enquête ». « Nous nous associerons à toutes démarches consensuelles et pluripartisanes et nous dénoncerons toutes tentatives d’instrumentalisation politicienne de l’affaire Merah », a-t-il dit à Sipa.
Dans l’exposé des motifs, les députés EELV notent que « l’émotion créée par les assassinats de Montauban et de Toulouse a été ravivée récemment par des informations selon lesquelles le meurtrier était connu des services du renseignement français, et que des manquements dans le suivi de sa surveillance lui avaient laissé la liberté suffisante pour planifier et perpétrer ses actes criminels ».
« Un lien entre les affaires Merah, de Tarnac et de Karachi »
Au-delà du seul dossier Merah, Noël Mamère a souligné l’existence d' »un lien sur la question des renseignements entre cette affaire, l’affaire de Tarnac (…) et l’affaire de Karachi ».
L’avocat Olivier Morice, défenseur de la famille de Mohamed Legouad, l’un des militaires abattus par Mohamed Merah, a lui aussi insisté sur le fait que d' »autres affaires » sont concernées par les investigations proposées aux parlementaires.
« Dans le cadre des travaux, cette commission ne se résumera pas bien évidemment à examiner le fonctionnement des services secrets dans le cadre de l’affaire Merah », a-t-il dit, rappelant qu’il représente aussi « un nombre important des familles des victimes dans l’attentat de Karachi », qui coûta la vie en 2002 à 11 employés français de la Direction des constructions navales (DCN).
Également présente, Me Samia Maktoub, avocate des familles d’Iman Ibn Ziaten et Abel Chennouf, les autres militaires tués par Merah, a rappelé que ses clients avaient souhaité que « les élus de la République, toutes colorations confondues, toutes orientations politiques confondues, essaient de faire face à leurs responsabilités ».
Presse terroriste (tempsreel.nouvelobs.com, 21 novembre 2012)
EXCLUSIF. Les étonnantes révélations de Souad Merah
(…) Quels liens Mohamed Merah avait-il avec les policiers de la DCRI ? Avait-il accepté de collaborer avec les policiers du renseignement à son retour du Pakistan en 2011 ? C’est l’une des questions auxquelles Souad Merah répond dans l’interview donnée ce vendredi [sic] au cabinet de son avocat, Me Christian Etelin. (…)
Que savez-vous des liens entretenus par votre frère avec les policiers de la DCRI ?
Quelques jours après le retour de son second voyage au Pakistan, j’ai reçu un appel d’un un homme se présentant comme un officier de police et qui cherchait à joindre Mohamed. Je lui ai répondu qu’il était hospitalisé. Plus tard, Mohamed l’a rappelé pour prendre rendez-vous avec lui. Quelques jours après cet appel, j’ai déposé mon frère qui était convoqué rue du Rempart-Saint-Étienne (le siège de la Direction régionale du renseignement intérieur, NDLR). Dans la voiture, il m’a dit : « S’ils me proposent de bosser pour eux, je bosse pour eux. » Je lui ai dit : « Tu vas devenir une balance ? » Il ne m’a pas répondu. Mais à son retour de l’entretien, il m’a dit qu’on lui avait « seulement posé des questions sur ses voyages ». Après la mort de Mohamed, la jeune femme avec laquelle il s’était marié religieusement m’a raconté avoir surpris plusieurs conversations téléphoniques entre cet officier de police et mon frère. Le ton de leurs conversations était amical.
Presse terroriste (Propos recueillis par Jean-Manuel Escarnot, LePoint.fr, 21 & 22 novembre 2012)