Le Caire, le 20 novembre 2012
Chers amis, chers camarades
Mon arrivée en Égypte a correspondu à une série d’événements catastrophiques, bien évidemment les bombardements de Gaza constitue un événement prioritaires ; mais d’autres événements plus locaux et qui n’en sont pas liés méritent aussi notre attention.
Il y ‘a d’abord, avant le bombardement de Gaza par Israël l’infiltration des groupes terroristes au Sinaï, venus de toute part, d’Afghanistan, du Pakistan, de la Bosnie, et de toutes les contrées de cette planète qui ont encadré militairement et idéologiquement ces terroristes arrivés dans la péninsule sans passer par aucun poste frontalier ce qui pose de nombreuses interrogations quant au laxisme des autorités égyptiennes et de leur logique. Le quotidien Al Ahram daté du 16 novembre ; parlait de la perte du Sinaï et de l’incapacité de l’État à contrôler la situation.
Pour la première fois, les bombardements de Gaza ne suscite pas une solidarité unanime parmi la population égyptienne ; qui craint un complot international parrainé par les États-Unis et la complicité de l’Europe pour le renvoi des Palestiniens au Sinaï en tant que terre d’accueil et un État de substitution.
Mais au moment où les raids israéliens ont fait quelques dizaines de morts, une collision entre un bus transportant des écoliers et un train, le second en quinze jours, a fait près de 50 morts et une vingtaine de blessés tous des enfants, certaines familles ayant perdu toute leur progéniture. Les deux poids et deux mesures manifestés par le gouvernement égyptien vis-a-vis de ces carnages, volontaires ou liés à la négligence, ont provoqué une large protestation qui affecta le soutien aux Gazawi, voire une critique acerbe à l’intérêt accordé au malheur des Palestiniens au détriment des familles égyptiennes touchées par le drame de l’accident meurtrier. À l’aube, d’Alexandrie à Assiout, la population a bloqué les chemins de fer en guise de protestation contre le laxisme de l’État et la détérioration de l’état de cet équipement.
L’annonce de la construction de camps de réfugiés palestiniens au Sinaï vient confirmer la thèse d’un plan international, perçu comme un complot, pour transférer les Palestiniens dans un État de substitution, ce qui attise les haines et risque de générer de nouveaux conflits communautaires et frontaliers incommensurables.
Au niveau local, les représentants des trois Églises ainsi que 25 membres représentant les soi disant, forces civiles et démocratiques, ont annoncé leur retrait de l’assemblée constituante. On s’est toujours demandé ce qu’ils faisaient là dedans alors que tout était joué d’avance. La nouvelle constitution de l’Égypte de l’an 2012, est loin de satisfaire les aspirations du peuple égyptien suite à la révolution du 25 janvier, c’est tout simplement un ramassis d’articles mal écrits, qui répriment les libertés, renient la diversité de l’identité culturelle, font du président de la république un despote avec des pouvoirs absolus et jettent les bases d’un État religieux moyenâgeux.
Ce qui donne un peu d’espoir, ce sont les mouvements de contestation qui se comptent par dizaines, la grève du métro, celle des médecins qui dure depuis trois semaines, et sur tous les sites industriels, non seulement pour des revendications corporatistes, mais aussi pour dénoncer l’absence de budgets pour assurer un service adéquat, la corruption et divers abus de pouvoir ainsi que la répression des syndicalistes meneurs des grèves.
Galila El Kadi – Mailing
Et aussi, du côté de Gizeh ces derniers jours:
http://fr.squat.net/2012/11/20/egypte-gizeh-quatre-morts/