L’agresseur du curé est un curé
Jeudi, un homme encagoulé attaque le curé de Dombasle (54) chez lui. Lundi, l’agresseur se rend à la police : il s’agit du curé de Maixe.
La nouvelle a été rendue publique lors d’une réunion des maires du canton nord de Lunéville ce vendredi matin. Et s’est répandue comme une traînée de poudre. Âgé de 71 ans, l’agresseur du curé de Dombasle, a été démasqué : il s’agit du… curé de Maixe ! L’abbé Jean-Marie Perrin s’est lui-même rendu au commissariat lundi dernier pour tout avouer.
Nous avions relaté dans nos colonnes la mystérieuse attaque subie par l’abbé François Geoffroy, 75 ans, jeudi 9 novembre, en fin de soirée. Alors qu’il venait de regagner son domicile à Dombasle, près de Nancy, un homme dont le visage était dissimulé par une cagoule lui a sauté dessus.
Trois jours d’ITT
Bousculé, jeté à terre, frappé au visage l’abbé François Geoffroy s’est défendu comme un beau diable. « J’ai été pris de peur comme on peut l’être quand on est attaqué par quelqu’un de masqué. Je ne pensais à rien, sinon sauver ma peau. » L’homme d’Église avait été conduit à l’hôpital où il a passé la nuit. Souffrant de douleurs costales et d’une estafilade au visage, le médecin lui avait prescrit une ITT de trois jours.
« Je n’avais pas la moindre idée de qui pouvait m’en vouloir à ce point. Je ne me connaissais pas d’ennemi et rien n’a été volé ! Après, en réfléchissant un peu, je me suis fait une petite idée. C’était manifestement quelqu’un qui voulait me donner une correction. C’était quelqu’un qui ne voulait pas être identifié : il n’a pas prononcé un mot et il était doublement masqué. Dans la rixe, j’ai tenté de lui enlever le bas qu’il portait sur la tête, il y en avait un second dessous ! C’était quelqu’un qui savait que j’étais en réunion. Il a fini par se rendre à cause de l’article paru dans la presse où il était précisé que l’agresseur avait perdu sa montre. »
Rumeurs malsaines
Que reprochait l’abbé Jean-Marie Perrin à l’abbé de Geoffroy ? « Il a été curé à Maixe pendant plus de trente ans jusqu’à ce qu’il démissionne et que l’on me confie sa paroisse. Mais il a continué à assurer tous les offices. Il y avait des tensions entre nous, des différends qui portaient sur la manière d’organiser la pastorale. C’était quelqu’un de très rigoureux, très rigide, strict, dogmatique. » En tout cas moins porté sur le débat que l’abbé Geoffroy.
« Je suis aussi soulagé », confie ce dernier. « Des rumeurs malsaines commençaient à circuler. Sur les forums Internet, les musulmans étaient accusés. »
L’évêché a réagi ce vendredi. Monseigneur Jean-Louis Papin, actuellement à Rome, convoquera l’abbé Jean-Marie Perrin à son retour « pour lui faire connaître la suite à donner à ses actes » précise dans un communiqué l’abbé Jean-Michaël Munier, vicaire général. « Nous devons bien reconnaître que tout homme, même prêtre, peut vivre des fragilités et des dérapages. Et il faut bien sûr en assumer les conséquences. »
Les hommes d’Église sont effectivement des hommes avant tout. Et des justiciables comme les autres. Pour ces « violences », « aggravées » parce que l’agresseur était masqué, le parquet de Nancy apportera prochainement « une réponse pénale », indique le procureur de Nancy, Thomas Pison, « avec toute l’attention que nécessite ce dossier… particulier ».
Leur presse (Saïd Labidi, EstRepublicain.fr, 17 novembre 2012)