Depuis le 15 octobre, les quelques hectares de bocage au sud de Notre-Dame-des-Landes sont le théâtre d’une guerre bien singulière. La préfecture a déclenché les procédures d’expulsion des lieux occupés sur cette zone en lutte depuis 40 ans contre la construction du nouvel aéroport de Nantes. La démesure des forces engagées (500’000 euros, 1500 policiers, sans compter les pelleteuses, camions-bennes, etc. et les ouvriers attachés) n’a pourtant pas suffi à expédier une opération censée durer 48 heures. En effet, sur place, la réaction a été immédiate et organisée : de nouvelles barricades surgissent quand d’autres sont renforcées, toutes sont défendues et les habitants voient affluer les renforts des villes alentours par dizaines. Le conflit prend des allures de guerre irrégulière, où l’invincibilité et le surnombre apparent des forces de l’ordre est mis à mal par le terrain en faveur des opposants. Là où les cars ne connaissent que routes et barrières, nous nous frayons des chemins à travers le maïs et les haies, apparaissons et disparaissons à notre aise dans un espace qu’ils ne peuvent pas comprendre à partir de leurs outils. Les haies sont les murs derrière lesquels nous nous cachons, les bois deviennent les foules dans lesquelles on se disperse, les chemins de terre se transforment en ruelles jonchées d’arbres tronçonnés. Quand certains tiennent les barricades stratégiques, d’autres groupes mobiles peuvent perturber les déplacements et les interventions policières. La communication entre les groupes est bien rodée : une radio (107.7 fm) et des talkies relais diffusent les informations relatives à l’ennemi, les besoins de chaque lieu et les nécessités de renforts.
Les présences là-bas peuvent véritablement varier selon les envies de chacun. Se prêter à ce jeu tactique dans la boue ou préparer des vivres pour tenir la durée du combat sont le plus évident. Il serait aussi possible d’empêcher les flics de dormir à coups de casseroles devant leurs hôtels, ou simplement se déplacer dans la zone pour faire masse et les empêcher de nous isoler. Qu’on ne s’y trompe pas, si toutes les hypothèses ont pu prévaloir par le passé sur les méthodes à utiliser pour combattre le projet, il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul front, et c’est celui, concret, qui s’est ouvert il y a deux semaines.
Cet appel s’adresse à tous ceux qui ne peuvent pas se faire à la destruction de cet espace par la construction d’un aéroport, à tous ceux qui ont passé des heures à fantasmer devant des films sur la possibilité du maquis, à tous ceux qui ont envie de se lancer dans un jeu de pistes où les enjeux (et les risques) sont bien réels. Pour venir, le mieux est d’arriver bien équipé : bottes, k-way, sac de couchage, un peu de nourriture, lampes de poche, carte IGN, des chaussettes de rechange, des tronçonneuses et des pioches, de quoi se masquer le visage (la police filme beaucoup), des masques à gaz, des lunettes de plongée et du Maalox contre les lacrymogènes etc. Venir se battre à la ZAD c’est aussi avoir en tête que la temporalité est souvent incertaine : entre les batailles et les mauvais coups, le temps s’effile, on cherche quoi faire. Y venir implique d’être déterminé à jouer sa propre partie tout en se tenant attentif à tout ce qui participe de la situation.
Les dernières nouvelles venant de là-bas sont bonnes. Trois des lieux expulsables à partir de demain (samedi 27 octobre) ont eu des délais supplémentaires. Jusqu’au 15 novembre pour les Rosiers et jusqu’au 27 décembre pour la Sécherie. Quant à la Saulce une grande Street-Party est organisée à partir de ce soir et pendant tout le week-end. Un campement légal sera monté à proximité avec de quoi dormir, manger et se retrouver. Cependant tous ceux qui disposent de barnums, chapiteaux, cantines, sonos puissantes ou tout autre aide logistique sont invités à nous rejoindre.
Qu’à partir de maintenant un maximum de personnes affluent à la ZAD
Tous les rendez-vous précis, les cartes, et les infos minute par minute ici
De la Maison de la Grève, vendredi 26 octobre 2012