[14 février 2012]
Partie lettre à mon fils
Je t’écris alors que tu n’es pas encore de ce monde, mais totalement dans ma tête, tu aurais pu naître avant mon incarcération ou même pendant, tu tardes à venir, on dit que le destin est écrit d’avance donc je patiente jusqu’à [ce] que le stylo de ma vie décrive le jour de ton existence.
Tu naîtras métis multiculturel, tu seras d’ici et là-bas inchallah…
Je ne te cacherai rien sur ma vie de ouf, j’essayerai de t’inculquer les valeurs d’un homme, tu as intérêt d’assurer au niveau de tes études, car sur ce point-là je ne tergiverserai pas, je t’idéalise et te visualise dans ma tête, tu n’existes pas encore mais on se connaît déjà, méfie-toi des sourires trop aiguisés souvent ils coupent mieux qu’une épée, je te boosterai à faire du sport, foot et boxe thaï, on ferait des tête-à-tête sur le ring (Oh frappe doucement oublie pas que je suis ton daron LOL).
On dit que la moitié de la religion, est le mariage, moi j’ajouterais au mariage donner une bonne éducation à ses enfants inchallah tu ne manqueras de rien, des fiches de paye je ne connais pas, mais pour toi je me casserais le dos à la chaîne chez Renault, un homme accompli ne l’est totalement qu’à travers le sourire de ses enfants, je crois que dans chaque mal il y a un bien, car je n’aurais pas voulu te faire vivre nos premières rencontres dans un parloir chronométré, comme pour un speed dating LOL.
Pour toi et la mama j’ai rangé mes armes dans leur étui, je les ressortirais exceptionnellement que si on nuisait à ta vie, tu n’es même pas encore né et je te mets la pression.
Je répondrai à toutes tes questions, mon passé mon présent, tu sauras tout, même mes défaites car c’est souvent elles qui m’ont mené à mes victoires, ta mère sera la prunelle de mes yeux, et d’office la prunelle des tiens.
Si jamais je devais partir d’une balle naturelle tirée par un traître dans mon dos, prends soin de ta maman jusqu’à ton dernier souffle, ne te trompe pas de priorité, si un jour tu doutes de toi-même relis cette lettre que je t’écris du fin fond de ma cellule, le 14 février 2012 même enterré vivant je te donne vie, au travers de ma plume, en prison j’ai su trouver de l’espoir où il n’y en a pas, donc pense à moi dans tes moments de faiblesse, et dis hamdoulilah !
Car chaque épreuve est surmontable, sept tatas et deux oncles veilleront sur toi, c’est ton sang, respecte-les comme tu respectes tes propres parents ; ta grand-mère le jour où on va lui annoncer ton arrivée risque de s’évanouir de bonheur. Méfie-toi des gens trop gentils, c’est souvent suspect, le revers de la médaille est parfois salé, si un jour tu tombes love d’une femme à en perdre la raison, si tu penses que c’est celle qu’il te faut crie-lui haut et fort, range ta fierté, respecte-la, ceux qui te disent que de montrer ses sentiments est une faiblesse, n’écoute pas leur musique, ce n’est que des déçus qui n’assument pas !
J’ai grandi en banlieue dans un F4 alors que nous étions dix, je promets de t’éviter ce genre de vie, même si je n’ai manqué de rien je ferai tout pour que tu évites les lits superposés à partager comme le jeu des chaises musicales, que le dernier qui arrivera sera le moins bien servi, où ton lit n’est jamais celui de la veille LOL.
Mon fils, je ne me plains pas, car tes grands-parents viennent de loin, ils se sont battus pour nous, pour nous offrir ce toit, mon fils je pourrais te parler des heures et des heures, mais je vais en garder pour ton arrivée, sur ce fiston tarde plus trop, car la vie va vite.
Ton père Youv
P.-S. : Même si tu es une fille, je ferais exactement pareil, tu feras du foot et de la boxe thaï LOL.