[4 février 2012]
Partie autopsie d’une tragédie
LE CLOWN TRISTE
J’endosse mon manteau en sanglots alourdi par ces longues années moi le clown devenu triste je porte le deuil d’une vie passée à cent à l’heure j’avance avec un poignard dans le cœur devenu insensible en pleine traversée du désert je m’accroche aux rêves en ruines qu’il me reste en tête je suis un grand rêveur mais fini le temps des rêves on m’a réveillé il y a dix ans pour m’enchaîner pour mes actes de non-obéissance non-acceptation de la tragédie qu’ils nous avaient prédite. Assoiffés de réussite poussés par l’ambition on a pris les armes pour fleurir nos jardins de ciment, la tristesse de ma plume m’a reconstruit dans ce drame j’ai appris à voir dans le noir ceux qui se cachaient derrière un sourire malintentionné endurci par les saisons on était six au départ seul à l’arrivée le système et le temps auront eu raison de certains moi je tiens bon le navire, le capitaine d’un bateau doit être le dernier à être évacué du naufrage parole de scout PTDR.
Élevé par une grande dame j’ai hérité de son caractère respectueux mais franc et direct derrière son voile elle m’a transmis beaucoup plus qu’elle ne peut l’imaginer on dit que les hommes se cachent pour pleurer moi j’me cachais pour apprendre sans compter sur un daron droit autoritaire de lui j’ai hérité les sagesses d’un sage d’un village africain il t’écoute même si il sait que tu as complètement tort le daron aïe.
Ma mère on pouvait rien lire sur son visage ni joie ni trisesse 24/24 sur son tapis de prière tellement que plus jeune je pensais que chez nous les musulmans on avait quinze prières obligatoires mashallah la mama « je l’aime à mourir ».
Je sais que la route est longue jusqu’au bonheur trop pressé pour y arriver j’ai emprunté des chemins que je pensais être des raccourcis mais ce n’était que des mirages un détour des voies sans issue, je n’ai jamais travaillé de toute ma vie qui va miser sur un mec du ghetto qui ne sait même pas ce que c’est une fiche de paye ? Pourtant je n’ai plus le droit à l’erreur ma réussite sociale est pour moi obligatoire « marche ou crève » personne est à l’abri du désespoir on peut tout perdre sur un coup de tête la vie c’est rasoir il suffit d’une décision prise un soir à chaud et ça peut te conditionner le restant de tes jours ou tu assumes ou tu y laisses des plumes ça va trop vite à vive allure j’ai grillé tous les feux rouges j’ai freiné de justesse et évité le drame le K.-O. technique d’une vie vécue dans l’insouciance.
J’ai étouffé mes rêves dans le canon d’un fusil à pompe je croyais les avoir assassinés le jour où le juge m’a condamné à douze ans ferme, mais par miracle ils ont survécu et me hantent encore l’esprit.
L’ESPOIR FAIT VIVRE MAIS J’TE GARANTIS QUE SI TU NE VIS QUE D’ESPOIR TU MEURS DE FAIM.
J’entame un nouveau chapitre dans ma modeste vie riche en émotions dorénavant mon existence je l’écrirai à visage découvert j’ai brûlé ma cagoule et vendu mes fusils contre des cahiers Canson avec des lignes, je remplis ces lignes jour après jour de mes tristesses et joies, si même le clown est devenu triste on est mal barrés qui va [nous] faire rire nous les grands enfants que nous sommes tous ?
L’important c’est pas la hauteur de ta chute c’est comment tu atterris.
Je sais que dix ans de retard ne va pas être évident à combler mais j’ai pas l’choix je suis parti de rien donc j’ai rien à perdre même si au final j’ai rien LOOOL.
JE ME SUIS MIS DANS LA PEAU DE CE CLOWN TRISTE POUR VOUS SERVIR UN TABLEAU PLUS TRISTE QUE LE VÔTRE ET QUE VOUS VOUS RENDIEZ COMPTE À QUEL POINT VOUS AVEZ DE LA CHANCE DE RESPIRER L’AIR LIBRE 😉