La BAF n’existe pas sans toi ?
Il y a environ 4 ans, quelques énergumènes de notre folklorique agglomération se sont lancé-e-s dans l’étrange aventure de créer un lieu pérenne autogéré à Grenoble. Ils envoyèrent un mail à leurs ami-e-s pour voir si la masse grenobloise suivait ce pari un peu fou, ou pas. Devant l’affluence énorme de réponses positives, le voyage pouvait commencer. La gestation fut très très longue. Entre le choix du mode de fonctionnement, la recherche de lieu, les différences d’envies sur ce qui pourrait être fait dans le lieu, le choix de financement … les réunions passèrent d’une soixantaine de personnes (dans le salon d’un appartement, c’était la première…) à deux … pendant trois ans. Il n’était vraiment pas évident de trouver un local et le découragement gagnait. Personne n’était habitué à un projet sur un aussi long terme et les défections se multipliaient. Au pied du mur, un lieu piège fut trouvé, le projet remodelé à ce qui nous a alors semblé être les réalités fonctionnelles et un deuxième lieu fut loué.
Nous abandonnâmes bien vite quelques plumes et le premier lieu qui se trouvait être une arnaque et nous sommes aujourd’hui depuis un an dans le deuxième qui s’appelle la BAF.
Oui, la BAF a un an, mais le projet, pour certaines et certains, en a quatre. Beaucoup de camarades nous ont quitté, le projet est devenu réalité et il ne serait pas facile aujourd’hui de faire le bilan d’un lieu qui vit, mute continuellement et tente de courir dans toutes les directions possibles en même temps.
La volonté d’être un centre social autogéré semble atteinte sur plusieurs niveaux… Il suffit de regarder le programme actuel et l’ensemble de tout ce qui s’est fait cette année… Entre la bibliothèque féministe, l’atelier de sérigraphie, l’infokiosque, les cours hebdomadaires (autodéfense, yoga, aïkido), les groupes non mixtes, les ciné clubs, les événements ponctuels comme les concerts, les soirées théâtre, marionnettes, piano bar, discussions, projections et bien plus encore, la BAF fourmille toujours de nouveaux projets et a été fréquentée cette année par moultes personnes, pour beaucoup que nous connaissions, mais aussi plein que nous ne connaissions pas. Le rapport avec le voisinage est bon. L’ambiance du lieu nous convient, beaucoup s’y sentent bien et à chaque soirée, bon nombre de nouvelles personnes arrivent et reviennent, apparemment en confiance et à l’aise. Nous avons l’impression d’avoir réussi à créer un point de convergence entre des camarades, des voisin-e-s et des nouvelles personnes. Cet équilibre doit se maintenir, et il est forcément fragile.
Mais aussi, nous déplorons quelques lacunes qui remettent en cause l’aspect « Centre Social Autogéré » :
• Nous espérions avoir plus de projets « extérieurs », le lieu n’est pas énorme et ne permet pas tout, mais plus que ce que nous faisons aujourd’hui.
• Nous avons encore à œuvrer à la rencontre de notre voisinage proche.
• Nous ne sommes qu’une poignée à porter le fonctionnement du lieu, nous souhaiterions être plus. Le projet est lourd, exigeant, nous avons besoin de mains, de cerveaux, de pieds et de rires.
• Nous n’avons jamais, depuis le début, re-sollicité le peuple afin de financer ce lieu. Nous cotisons à prix libre, pour certaines et certains depuis 4 ans, par virement permanent mensuel afin de payer le loyer, qui est de 600 euros. Beaucoup de mouvements ont eu lieu, certain-e-s ont choisi de quitter le projet, d’autres ont déménagé, certain-e-s ne peuvent plus payer, d’autres payent encore. Enfin, bon, nous arrivons tout juste à financer le loyer et avons besoin d’aide à long terme.
Nous ne souhaitions pas être une utopie, juste mettre en pratique quelques us et coutumes qui nous paraissent sensés, avec nos maigres moyens et notre bonne volonté. Pour cela, nous ne voulons pas devenir une institution, juste être un lieu vivant, multiple, imprévisible et peut-être magique. Nous avons besoin de celles et ceux qui se reconnaissent dans notre démarche et ont envie de donner du temps, de l’énergie, des neurones, leur équilibre nerveux et de l’argent afin de perpétuer cet édifice, sans aucune autre compensation que quelques bons moments. Nous vous demandons beaucoup mais vous offrons du rêve…
Indymedia Grenoble, 13 octobre 2012