[Tergnier, Aisne] « Je l’ai vue en train de brûler, juste devant l’immeuble »

Tergnier. Une personne handicapée s’immole par le feu

Une quinquagénaire handicapée s’est immolée par le feu vendredi, en plein centre de la cité du 19 Mars 1962. Elle est décédée peu après son admission à l’hôpital militaire de la reine Astrid à Bruxelles.

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Les pompiers de Tergnier et le Smur de Chauny ont pris en charge la femme, brûlée à 80 %.

Vendredi, vers midi, en ouvrant sa fenêtre du rez-de-chaussée de la résidence Picasso, dans la rue du 19 Mars 1962 à Tergnier, une femme s’est presque évanouie devant l’horrible spectacle.

Celui d’une voisine en flammes sur son fauteuil roulant hurlant des appels à l’aide.

« J’ai entendu : “Au secours !”, du coup j’ai regardé. Et je l’ai vue en train de brûler, juste devant l’immeuble, explique une riveraine. Aussitôt j’ai écarté de la fenêtre l’enfant de 4 ans que je garde, j’ai appelé les pompiers et mon fils est descendu pour l’aider, avec un autre homme. »

Les deux hommes sont aussitôt rejoints par un troisième et font tout pour éteindre les flammes qui rongent la femme, conseillés à distance par les pompiers.

« On ne savait pas quoi faire et surtout on craignait de faire pire que mieux. De l’arroser d’eau alors que ça aurait pu activer l’incendie par exemple », confie la riveraine. En ligne avec les pompiers, elle leur demande comment faire et transmet leurs instructions aux trois hommes.

« À un moment ils m’ont dit de la mettre en position latérale de sécurité. Mais c’était impossible, elle était comme collée au fauteuil », explique-t-elle.

Héliportée en Belgique

Le sang-froid et les efforts des voisins leur ont permis d’éteindre les flammes, juste avant l’arrivée des pompiers de Tergnier.

Ces derniers ont transféré et installé de façon extrêmement délicate la blessée, une femme de 58 ans, dans leur véhicule de secours. La quinquagénaire, bien que consciente, était dans un état très grave.

Médicalisée sur place, elle a ensuite été transportée au centre hospitalier de Chauny, puis héliportée à l’hôpital militaire de la reine Astrid, à Bruxelles.

« Cette dame a été prise en charge par les anesthésistes et les urgentistes du centre hospitalier de Chauny en vue d’un transfert par hélicoptère pour augmenter ses chances de survie », explique Érik Le Leuxhe, directeur adjoint de l’hôpital chaunois.

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Les policiers ternois ont ramassé la bouteille d’alcool à brûler avec laquelle la femme s’est vraisemblablement aspergée.

Elle voulait rejoindre son époux

Les policiers de Tergnier ont découvert dans l’appartement de la quinquagénaire, dans la résidence Ingres, une lettre expliquant qu’elle souhaitait rejoindre son époux, décédé.

Connue dans la cité comme étant quelqu’un de calme et sans histoire, cette dame était parfois abusée par certains individus peu délicats. Elle avait d’ailleurs déposé plainte pour abus de confiance.

La tentative de suicide ne fait aucun doute pour les enquêteurs qui ont retrouvé à proximité du fauteuil roulant la bouteille d’alcool à brûler dont elle s’est aspergée avant de s’embraser.

LA DAME DÉCÉDÉE PEU APRÈS SON ADMISSION

La quinquagénaire qui s’est immolée par le feu vendredi, est décédée peu après son admission à l’hôpital militaire de la reine Astrid à Bruxelles.

Des voisins avaient réussi à éteindre les flammes, guidés au téléphone par les sapeurs-pompiers. Brûlée à 80 %, la quinquagénaire a ensuite été délicatement installée dans un véhicule de secours par les pompiers de Tergnier et médicalisée par une équipe du Smur de Chauny. Emmenée à l’hôpital de Chauny,  elle a ensuite été héliportée à l’hôpital militaire de la reine Astrid à Bruxelles où elle est décédée dans la nuit de vendredi à samedi à 2 heures du matin.

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La quinquagénaire en fauteuil roulant s’est immolée juste devant la résidence Ingres où elle habite depuis des années.

« ÇA DÉPEND DU CONTEXTE DE VIE »

Comment expliquer le choix de l’immolation par le feu pour mettre fin à ses jours ?

Quand aucune revendication politique ou idéologique ne se cache derrière il semble très difficile d’établir des généralités.

« Il n’y a pas de règle, explique une psychologue axonaise. Il faut vraiment recontextualiser chaque passage à l’acte. ça dépend vraiment du contexte de vie et de l’histoire de la personne. »

Depuis le mois de janvier, au moins cinq personnes se sont immolées par le feu dans le département de l’Aisne (lire par ailleurs). Un choix extrêmement violent.

CINQ IMMOLATIONS DEPUIS JANVIER

Depuis le début de l’année au moins cinq personnes se sont immolées par le feu dans le département.

• Le 21 août, une femme de 67 ans a tenté de mettre fin à ses jours de cette façon à Saint-Quentin, dans son domicile rue Hélène-Boucher (notre édition du 23 août). Elle aurait commis cet acte devant sa fille de 44 ans. Elle a été transportée au service des grands brûlés de l’hôpital de Lille.

Fin mai c’est un homme de 48 ans, vivant à Nouvion-et-Catillon qui s’est immolé chez lui (notre édition du 29 mai). Il a été héliporté vers l’hôpital militaire de la reine Astrid, à Bruxelles.

Le soir du 17 mars c’est un détenu qui a tenté de mettre ainsi fin à ses jours dans sa cellule, au centre pénitentiaire de Laon (notre édition du 19 mars). Incarcéré pour une longue peine, il a enflammé des objets dans sa cellule pour arriver à ses fins. Transporté par les pompiers au centre hospitalier de Laon il a ensuite été héliporté au service des grands brûlés de Clamart, en région parisienne.

Le soir du 28 janvier une mère de famille de Prémont s’est embrasée (notre édition du 30 janvier). Elle s’était aspergée de white-spirit en menaçant ses proches de s’immoler. Accident ou acte délibéré ? Quelques instants plus tard elle allumait une cigarette. Elle a été transférée à Clamart.

Vendredi, une quinquagénaire handicapée s’est immolée par le feu à Tergnier.

Presse inflammable (Florence Deltour, AisneNouvelle.fr, 17 septembre 2012)

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